« Pollen et pollution, ça ne fait pas bon ménage ! » : témoignage de Samuel Monnier, ingénieur responsable de la communication au Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA)

Actualité

L’Agence régionale de santé Île-de-France soutient les dispositifs de surveillance des pollens et contribue à la diffusion des bonnes pratiques « bons gestes » pour limiter les symptômes et s’en protéger.

Face aux enjeux sanitaires, diverses actions sont menées au niveau local, dans le cadre du Plan régional santé environnement (PRSE3). Aussi, Airparif, la FREDON Île-de-France et le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) développent des dispositifs de surveillance pour améliorer la prévention des pollinoses.

La mise en place d’une surveillance permet en effet d’informer les personnes allergiques et les professionnels de santé des dates d’émission et des concentrations de pollens et de moisissures dans l’air ce qui permet d’adapter les traitements et les comportements, et ainsi de réduire les effets sur la santé.

Le RNSA est une association loi 1901 essentiellement subventionnée par le Ministère de la santé, le ministère de l’environnement et les Agences régionales de santé. 


"Notre mission première est d’aider les allergiques, pour qu’ils puissent adapter leurs traitements et le prendre au bon moment", Samuel Monnier

Analyse des capteurs de pollens

Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) détient six centres d’analyse des pollens dans toute la France. Sa mission est d’y analyser les 80 capteurs de pollens. Ces capteurs, qui reproduisent la respiration humaine, sont équipés de pompes aspirantes qui prélèvent 10 litres d'air par minute. Les pollens sont ainsi capturés par une pompe à l'intérieur du capteur. Chaque semaine, un processus est mis en place pour récupérer cette pompe et l'analyser en laboratoire. La RNSA peut identifier près de 200 types de pollens différents au microscope optique. Tous les résultats arrivent au centre de coordination et servent ensuite à produire des bulletins, cartes, et alertes pour informer sur les allergies.

Faire le lien avec la réalité du terrain

Nous travaillons régulièrement avec des médecins et des allergologues (partenariat avec près de 80 médecins allergologues dans toute la France) qui nous informent sur les symptômes observés chez leurs patients. Cela nous permet d’adapter les niveaux de risque.

Observer le terrain

A la RNSA, il y a des « observateurs sur le terrain », appelés botanistes, leur mission est d’observer la floraison des espèces dans les parcs et jardins. Ainsi, ils nous font remonter l’état de floraison des espèces pour prévenir les populations des futures allergies. Par exemple, actuellement le bouleau est en floraison, le chêne aussi, le platane termine sa floraison, cela nous permet d’adapter les recommandations et les risques que la RNSA fournit sur le site Pollen.fr.

Ces trois réseaux – de capteurs, de médecins, de botanistes, représentent le socle et nous permettent d’avoir des informations fiables à fournir.

La météo : un facteur de risque potentiel pour les allergies

La météo est un facteur réel et essentiel dans la dispersion du pollen. Ainsi, nous travaillons avec Météo France afin d’adapter les prévisions météorologiques. Par exemple, Si la météo n’est pas favorable avec de la pluie pendant plusieurs jours, la RNSA sera amenée à baisser le niveau de risque temporairement. En revanche, si Météo France prévoit du soleil, du vent et des températures en hausse, le réseau remontera le niveau de risque, car les conditions météorologiques créeront une plus grande dispersion des pollens dans l’air.

 

Focus sur l’action du Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) avec le témoignage de Samuel Monnier, ingénieur responsable de la communication

 

Les grandes tendances du changement climatique sont-elles de nature à alerter les allergologues et toutes les personnes qui travaillent sur ces sujets ?

Tout à fait, c’est ce qu’on observe sur des données de plus de 30 ans sur les pollens.

Le premier capteur de pollens a été installé en 1985 à Paris, ainsi, depuis nous pouvons observer les tendances des pollens, l’impact de la pollution année après année, et appréhender le changement climatique sur des longues séries.

Si on trace la courbe de tendance, on observe une augmentation de la quantité de pollens, notamment les pollens de bouleau – l’espèce la plus allergisante en Europe du nord, avec les graminées qui viennent ensuite.

La hausse des températures et la concentration de CO2augmenté de près de 20% des quantités de pollens sur 40 ans. Ces hausses sont les éléments clés du changement climatique qui malheureusement dopent les plantes, qui émettent plus de pollen. Cela est vraiment le principal facteur que l’on observe en lien avec le changement climatique.

 

Est-ce que les professionnels de santé sont suffisamment formés, à la fréquence des allergies, à la sévérité de ces épisodes ? Et quel est l’intérêt de rapprocher les scientifiques qui travaillent sur ces sujets des professionnels de santé ?

Les professionnels de santé qui font partie de notre réseau sont informés des risques liés aux pollens. Ils ont accès à nos alertes et chaque semaine ils reçoivent un petit bulletin personnalisé localement avec les principaux pollens et leurs niveaux de risque. Ils relaient l’information à leurs patients.

Néanmoins, tous les médecins allergologues ne connaissent pas la RNSA. Malgré nos 1,5 million de visites sur notre site par an, nous sommes conscients que cela est insuffisant quand on sait qu’il y a 25% de la population française allergique aux pollens.

 

Où retrouve-t-on les principaux polluants favorisant les pollens ? Est-ce possible de les réduire ?

Les principaux polluants sont présents dans l’air : l’ozone – particulièrement l’été - le NO2 et les particules fines liées au trafic et aux industries. Les polluants sont présents tout le temps. On sait que la pollution est un facteur aggravant pour les allergiques aux pollens, lors de pics de pollution ils seront beaucoup plus gênés par ces pollens.

A la RNSA, nous sensibilisons particulièrement les personnes allergiques aux pollens en leur demandant d’être attentives aux niveaux de pollution et aux consignes lors des pics de pollution dans les grandes villes essentiellement. En effet, leurs symptômes peuvent être exacerbés à cause des pics de pollution, et des polluants qui viennent fragiliser les voies respiratoires même si les niveaux de pollens ne sont pas forcément élevés.


"Ces polluants attaquent le grain de pollen, le déforment et le grain de pollen libère plus de protéines allergisantes", Samuel Monnier

 

Comment sensibiliser et communiquer auprès des personnes qui s’intéressent à la culture botanique ?

Communiquer sur le sujet est essentiel : le grand public doit être informé des dangers de certains arbres et espèces qui donnent des allergies, comme l’ambroisie par exemple.

Concernant l’ambroisie - espèce exotique envahissante - il faut que tout le monde puisse participer à sa lutte. Pour ce faire, il faut régulièrement les arracher, les signaler sur la plateforme signalement de l’ambroisie au niveau national, même lors des ballades. Egalement, il existe de plus en plus d’outils citoyens permettant à chacun de participer, de se sentir acteur de la lutte et d’aider les allergiques.

Il y a des bons gestes qui existent, et certaines espèces régressent en lien avec le changement climatique, car on parle beaucoup des espèces qui progressent comme l’ambroisie, mais d’autres souffrent des chaleurs, même le bouleau et le hêtre (deux arbres allergisants) perdent du terrain avec le changement climatique.