Santé mentale : une priorité d’action pour l’ARS Île-de-France

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La santé mentale est un pilier essentiel du bien-être individuel et collectif. Pourtant, en IDF, comme ailleurs à des degrés différents, les indicateurs se dégradent : l’augmentation des épisodes dépressifs, notamment chez les jeunes, souligne l’urgence d’une action renforcée. Face à ces enjeux, l’ARS IDF fait de la santé mentale une priorité de son Projet Régional de Santé 2023-2028.

L’OMS définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel une personne peut réaliser son potentiel, faire face aux tensions normales de la vie, travailler de manière productive et contribuer à la vie de sa communauté ». Cette définition met en avant le fait que la santé mentale ne suppose pas uniquement l'absence de troubles mentaux, mais implique une dimension positive de bien-être et d'épanouissement personnel et social. Ainsi, des personnes peuvent vivre avec un trouble psychiatrique (anxiété, dépression, bipolarité …) et atteindre un bon niveau de santé mentale grâce à un suivi et des traitements adaptés, un soutien social approprié et des stratégies personnelles efficaces pour gérer le quotidien. Mais inversement, une dégradation prolongée de la santé mentale peut fragiliser les personnes et augmenter le risque de développer ou d'aggraver un trouble psychiatrique. 

La santé mentale est donc un enjeu collectif majeur : elle nous concerne tous, à chaque étape de notre vie, et contribue directement au bien-être de notre société dans son ensemble. Elle dépend étroitement de nombreux déterminants tels que les conditions socio-économiques, l’environnement familial, professionnel et social, les compétences psychosociales des individus, ainsi que l’accès aux soins et aux ressources nécessaires pour faire face aux difficultés du quotidien. Agir sur ces déterminants permet ainsi de préserver et renforcer durablement notre santé mentale individuelle et collective.

Une situation dégradée en Île-de-France

En Île-de-France, la santé mentale constitue plus que jamais une préoccupation centrale. Car la situation se dégrade, avec une augmentation de 60 % des épisodes dépressifs caractérisés (EDC) depuis 2017, soit deux fois plus vite qu’à l’échelle nationale (+30 %). Ces épisodes touchent surtout les jeunes, les personnes seules et les plus de 55 ans. Chez les adolescents et les jeunes adultes, le constat est particulièrement préoccupant : 17,8 % souffrent d’insomnie, 40 % sont en restriction chronique de sommeil. Cette fragilité mentale chez les jeunes Franciliens, aggravée par les habitudes de vie liées au sommeil, connaît une progression inquiétante ces dernières années.

Pour en savoir plus : Questions de santé mentale en Île-de-France - ORS

Une des deux priorités d’intervention du PRS

La France s’est dotée en 2018 d’une feuille de route détaillée en santé mentale et psychiatrie. Cette dernière s’articule autour de trois axes : prévention, amélioration des parcours de soins, et inclusion sociale. En 2021, les Assises nationales ont renforcé cet engagement avec une enveloppe financière pérenne de plus d'un milliard d’euros consacrée à la psychiatrie. L’ARS Île-de-France décline ces orientations dans son Projet Régional de Santé (PRS) 2023-2028 en faisant de la santé mentale l’une de ses deux priorités d’intervention, avec la santé périnatale. Une attention toute particulière est portée aux jeunes Franciliens vulnérables face aux enjeux actuels de santé mentale. 

Actions et stratégies prioritaires

Promotion de la santé mentale et prévention précoce : 

  • Soutenir les programmes de développement des compétences psycho-sociales des enfants de moins de 12 ans en renforçant l’ancrage des programmes dans le quotidien des enfants et en améliorant la coordination entre l’Éducation Nationale, les conseils départementaux et l’ARS.
  • Généraliser les premiers secours en santé mentale en déployant à grande échelle les formations de secourisme en santé mentale auprès des professionnels non soignants comme du grand public.
  • Renforcer les actions de prévention du suicide : dispositif d’aide à distance, accompagnement des personnes à risque de réitération suicidaire, formations en prévention du suicide, accompagnement des personnes exposées à un suicide (postvention)… 
  • L’ARS soutient l’ingénierie des collectivités locales via les Conseils Locaux de Santé Mentale (CLSM), des centres de ressources dédiés, de nombreux acteurs associatifs et les 13 Maisons des Adolescents
  • Elle met en place une action renforcée auprès des populations présentant des besoins importants : personnes en grande précarité (dans le cadre du PRAPS), enfants et jeunes, habitants des quartiers prioritaires.

Renforcement de l'offre de soins en santé mentale : 

  • Renforcer l’accès à l’offre de premiers recours en santé mentale et l’intégration de la santé mentale aux soins primaires
  • Renforcer les ressources allouées à la psychiatrie périnatale, de l’enfant et de l’adolescent
  • Favoriser la coordination des parcours de santé et la prise en charge globale des patients vivant avec des troubles psychiatriques, notamment par l’implication croissante des dispositifs d’appui à la coordination (DAC) et la généralisation des dispositifs territoriaux.
  • Favoriser le maintien dans le lieu de vie
  • L’ARS s’efforce de corriger les inégalités d’accès et de recours aux soins, en renforçant prioritairement les capacités de prise en charge et les moyens associés dans certains départements (Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, Val-d’Oise)
  • Elle améliore la réponse aux situations de crise et aux urgences psychiatriques, notamment via la mise en place d’une cellule régionale d’appui à la recherche de lits d’hospitalisation en psychiatrie, ou le soutien au développement de dispositifs de prise en charge de la crise et d’intervention rapide en post-urgence.
  • Elle accompagne les acteurs dans le meilleur repérage et la structuration de filières de soins spécialisées (troubles du spectre de l’autisme, troubles du neurodéveloppement, psychotraumatisme, troubles des conduites alimentaires)

Promotion du rétablissement, de l'autodétermination et des droits des personnes concernées par les troubles psychiatriques ou le handicap : 

  • Diffuser les soins de réhabilitation psychosociale dans tous les territoires, en assurant la couverture intégrale de la région par des plateformes territoriales
  • Poursuivre la promotion de la médiation pair-aidance en santé mentale, en soutenant le recrutement, dans les structures aussi bien sanitaires que sociales et médico-sociales, de médiateurs pairs aidants
  • Étoffer les outils et services à l’attention des familles et des proches, en renforçant et en diversifiant l’offre de psycho-éducation 
  • L’ARS soutien l’entraide mutuelle pour favoriser l’inclusion sociale, la citoyenneté et le respect des droits des personnes
  • Elle s’attache aussi à réduire le recours aux soins sans consentement, notamment par la mise en place d’un plan régional d’accompagnement des professionnels et services engagés dans cette démarche.