Octobre rose : zoom sur les actions et le rôle du Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) d’Île-de-France

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En Île-de-France, le Centre régional de coordination des dépistages des cancers se mobilise aux côtés de nombreux partenaires pour aller au plus près des habitantes, lever les freins à la prévention et encourager la participation au dépistage organisé. Entre actions de terrain, sensibilisation et innovations locales, focus sur le rôle essentiel du CRCDC dans la lutte contre le cancer du sein.

En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, il représente 33 % des cancers féminins. 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans et l’âge médian du diagnostic est 64 ans. 

Plus il est détecté tôt, plus le cancer du sein peut être soigné facilement. Au stade le plus précoce, il est guéri dans 87% des cas. D'où l'importance du dépistage tous les deux ans à partir de 50 ans.

L’ARS Île-de-France pilote, avec l’Assurance maladie, l’organisation du dépistage organisé en région mis en œuvre par les Centres Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC). Ce dépistage organisé permet de bénéficier d’une mammographie de qualité et gratuite, tous les 2 ans. Entre actions de terrain, sensibilisation et innovations locales, focus sur le rôle essentiel du CRCDC dans la lutte contre le cancer du sein.

Témoignage d’Hélène Pellissier, coordinatrice des actions d’ « aller-vers » pour le CRCDC Île-de-France 

Que fait le CRCDC lors d’Octobre Rose et plus généralement sur les enjeux du dépistage organisé ?

« L’ « aller-vers » consiste à organiser des actions de sensibilisation et de promotion du dépistage organisé auprès des Franciliens, des habitants de la région, mais aussi des professionnels de santé et des services de santé au travail, afin de toucher un maximum de publics.

Globalement, l’« aller-vers » comprend plusieurs types d’actions, allant de l’information grand public via des stands lors de forums santé ou d’événements spécifiques comme Octobre Rose ou Mars Bleu, qui mettent en lumière les actions de dépistage.

Ensuite, il y a des actions plus ciblées, destinées à des publics vulnérables de différentes natures, notamment dans les quartiers prioritaires de la ville, où la vulnérabilité est souvent socio-économique. Mais on développe aussi des initiatives pour d’autres types de vulnérabilités, comme l’éloignement ou le manque de proximité des soins, en organisant par exemple des journées de dépistage dans des zones éloignées du département.

Nous participons également à des actions d’information auprès d’autres publics en grande précarité ou vulnérabilité, ce qui rend le champ d’intervention assez large.

Ces actions se déroulent bien sûr tout au long de l’année, et pas seulement pendant les mois de mise en lumière du dépistage. Elles sont souvent menées en partenariat avec des acteurs locaux comme les CPTS, dont l’arrivée a fortement influencé la mise en place des actions de dépistage.

Les villes et les communautés territoriales jouent également un rôle indispensable, en particulier lorsqu’elles disposent de CLS, d’ateliers santé ville ou d’autres acteurs de santé présents sur les territoires. Cela facilite grandement le travail et permet d’appuyer les actions.

Sur ces territoires, nous travaillons en véritable partenariat avec les CLS et tous les autres dispositifs. Pour chaque action de dépistage, qu’elle soit intégrée dans les CLS, le travail en amont — notamment à travers l’élaboration de fiches actions — permet de créer une dynamique, de renforcer les partenariats et d’aller au plus près des publics.

Nous formons un trio, voire un quatuor, avec la CPAM des départements, afin de cibler au mieux les personnes à inviter, notamment celles bénéficiant de la C2S ou n’ayant pas de médecin traitant. »

Y a-t-il des nouveautés dans la campagne Octobre Rose cette année ?

« Ce mois est extrêmement mobilisateur, avec des actions très variées : solidarité, courses, marches, événements où les sportifs portent le ruban rose, mobilisation générale qui soutient notamment les associations, comme la Ligue contre le cancer ou des associations locales, dans leurs levées de fonds pour aider les patientes.

Un point intéressant cette année est la mise en place de débats, de conférences, d’interventions visant à expliquer le parcours du dépistage, la prise en charge, le traitement et la vie après. Cela permet de lever certains freins, en apportant des leviers grand public pour aborder plus sereinement la question du dépistage.

Il y a aussi la volonté d’être présents sur des terrains très variés : marchés, sorties de métro, afin de toucher les personnes qui n’ont pas forcément le temps où l’idée de participer aux événements classiques.

Début octobre, à Villeneuve-Saint-Georges, le Centre municipal de santé et plusieurs acteurs ont organisé un village Octobre Rose sur le parvis, combinant information et proposition d’entretiens médicaux pour les femmes, avec palpation et orientation vers les centres d’imagerie les plus proches pour la prise de rendez-vous. Cette initiative a permis à des femmes qui ne pensaient pas à se faire dépister de saisir cette opportunité et de s’engager dans un parcours de soins.

Cette tranche d’âge, souvent des jeunes quinquagénaires, est souvent prise entre leurs enfants encore jeunes, leurs parents vieillissants et le travail, ce qui fait qu’elles ne prennent pas assez soin d’elles. Ces initiatives créent donc de vraies opportunités de le faire !

Nous avons aussi été beaucoup sollicités par les services de médecine du travail, de plus en plus, avec l’implication de l’ARS, en proposant par exemple des webinaires accessibles pendant le temps de travail. Pour permettre aux femmes qu’elles puissent aller faire une mammographie sur leur temps de travail par exemple. De nombreux services de santé au travail intègrent désormais la question du dépistage dans leurs priorités.

Pour le mois d’octobre, le CRCDC Île-de-France a participé à plus de 180 actions ont été organisées en Île-de-France.

Les hôpitaux jouent aussi un rôle important, en valorisant le travail des soignants et des filières oncologiques. Par exemple, j’ai vu dans une clinique à Melun des patientes pratiquer le flamenco, une initiative originale. »

D’après vous, quels sont les freins et leviers de cette campagne de sensibilisation ?

« Un frein important est la représentation du dépistage organisé : certains estiment qu’il ne les concerne pas, se disant « je n’en ai pas besoin », ce qui les prive d’un parcours de soins complet, notamment de la seconde lecture, ce qui est dommage.

D’autres freins identifiés concernent l’accès au médecin traitant ou au gynécologue, ainsi que la connaissance du dépistage.

Parmi les leviers, la notoriété et la reconnaissance de la campagne sont un atout majeur. Cela facilite la discussion avec des personnes parfois peu concernées, comme les jeunes hommes qui accompagnent leurs mères, ou l’entourage en général.

Plus on en parle, plus on incite à participer.

Au CRCDC, l’objectif est de développer de plus en plus les propositions de dépistage « hors les murs », ainsi que les prises de rendez-vous ou journées dédiées dans les centres d’imagerie médicale, pour permettre aux personnes d’accéder réellement à cette opportunité.

L’accompagnement est très personnalisé : lorsqu’une personne reçoit une invitation avec un jour et une heure précise, cela crée un lien fort, particulièrement apprécié par celles qui sont éloignées du dépistage. »