Les enseignements de ce baromètre confirment notamment la pertinence des priorités de l’Agence et de ses partenaires de lutter contre les inégalités de santé, qu’elles soient sociales, environnementales ou territoriales.
Initié en 2022 dans le cadre de la démarche de co-construction du projet régional de santé 2023-2028 (PRS3) entre l’ARS et l’ensemble de ses partenaires, ce baromètre a vocation à suivre les progrès réalisés, notamment en matière d’accès aux soins et de lutte contre les inégalités de santé.
L’enquête a été réalisée du 30 octobre au 13 novembre 2024 par internet auprès d’un échantillon de 3 000 habitants d’Île-de-France représentatif de la population francilienne âgée de 18 ans et plus et auprès d’un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Les principaux enseignements :
- 74 % des Franciliens sont satisfaits de la prise en charge de leur santé dans leur région (et 90 % se déclarent en bonne santé) en dépit de disparités territoriales toujours très marquées
Ce taux de satisfaction est très supérieur à la moyenne nationale (65 %) mais avec de fortes inégalités territoriales. En effet, Paris (84 %), les Hauts-de-Seine (81%) et le Val-de-Marne (77 %) dépassent la moyenne régionale alors qu’à l’inverse, la satisfaction est moindre en Seine-Saint-Denis (70 %) et surtout en Grande couronne, dans les Yvelines (72 %), le Val d’Oise (69 %) et l’Essonne (68 %), et plus fortement encore en Seine-et-Marne (63 %).
À noter également que seuls 60 % des Franciliens en situation de handicap jugent qu’en Île-de-France, les personnes handicapées bénéficient d’un bon accès aux soins. En revanche, 57 % des Franciliens et même 66 % des retraités estiment qu’en Île-de-France, les personnes âgées bénéficient d’un bon accès aux soins.
Contrairement aux idées reçues, 7 Franciliens sur 10 considèrent qu’ils accèdent facilement aux services d’urgences. Il existe néanmoins de fortes différences entre les différents départements : 79 % des habitants des Hauts-de-Seine disent accéder facilement aux urgences, comme 75 % des Parisiens, mais uniquement 60 % des habitants de la Seine-et-Marne.
Le jugement est plus nuancé s’agissant de l’accès à la médecine de ville, puisque 54 % des Franciliennes et Franciliens déclarent rencontrer des difficultés pour consulter un médecin généraliste soit 11 points de plus que la moyenne nationale. 68 % des Franciliens déclarent avoir des difficultés pour consulter un médecin spécialiste, un chiffre en revanche très proche de la moyenne nationale (67 %). L’accès aux médecins généralistes est également marqué par des inégalités territoriales : 67 % des habitants de la Seine-et-Marne rencontrent des difficultés, tout comme 66 % de ceux de l’Essonne, contre 48 % des habitants du Val-de-Marne, 46 % de ceux des Hauts-de-Seine et 43 % des Parisiens.
En revanche, l’Île-de-France est mieux équipée en termes de centres et de professionnels de l’imagerie médicale et seuls 39 % des Franciliens rencontrent des difficultés à réaliser un examen d’imagerie médicale (contre 48 % des Français).
Indépendamment de la disponibilité de l’offre, la question de l’accessibilité financière demeure un enjeu important dans la région comme partout en France : 34 % des Franciliennes et Franciliens indiquent avoir renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des dernières années, dont 30 % pour un acte de médecine spécialisée, 19 % pour un examen d’imagerie médicale et 15% pour la consultation d’un spécialiste.
- Des attentes d’actions de prévention tournées en priorité vers la santé environnementale et la santé mentale
Dans une région où 60% des habitants jugent que l’environnement et les pollutions ont des effets négatifs sur leur santé (contre 52 % des Français dans leur ensemble), 59 % des Franciliens demandent des actions de prévention sur la santé environnementale. Grande cause nationale 2025, la santé mentale se place en 2ème position des attentes (42 %) et s’impose nettement dans les souhaits exprimés (+5 points) par rapport au baromètre 2022. Les 25-34 ans la citent à 54 %. La lutte contre les addictions vient en 3ème position avec 37 % (53 % chez les plus de 65 ans).
Si la santé mentale est aujourd’hui encore plus une préoccupation majeure dans la région, il faut noter que 39 % des Franciliens ont été concernés, directement ou pour un proche, par un trouble lié à la santé mentale au cours des 24 derniers mois.
Parmi ceux-ci 25 % des Franciliens ont ressenti le besoin de consulter pour eux-mêmes un professionnel au sujet de leur santé mentale (+3 points par rapport à la moyenne nationale). Ce recours s’est porté à 44 % vers un psychologue, 38 % vers un médecin généraliste, et 25 % vers un psychiatre. À noter le besoin toujours pressant de renforcer les actions d’information, de sensibilisation et de prévention des troubles liés à la santé mentale afin notamment de casser les préjugés puisque 34 % des Franciliens concernés n’ont pas osé consulter pour ce type de trouble.
- Prise en charge de la grossesse : un regard positif sur l’accompagnement à la parentalité
74 % des femmes enceintes ou ayant récemment accouché sont satisfaites de leur prise en charge. Elles sont notamment 71 % à déclarer une bonne prise en compte de leur sécurité médicale physique et psychique et 68 % à considérer disposer d’un accès facilité aux droits sociaux. Des réserves sont toutefois exprimées concernant la prise en compte des vulnérabilités sociales, ou physiques des femmes (62 %) ou encore des contraintes pesant spécifiquement sur elles, comme la conciliation entre vie personnelle et professionnelles, les transports ou les difficultés financières (52 %).
A noter que les Franciliennes rencontrent plus de difficultés que la moyenne nationale pour accéder à un professionnel pour leur suivi gynécologique (58 %, soit 9 points de plus que la moyenne nationale).
- Les priorités et attentes des Franciliens restent stables pour les années à venir
Les habitants d’Île-de-France indiquent qu’il faut en priorité faciliter l'accès aux soins aux médecins généralistes (51 %, en progression de 2 points par rapport au baromètre 2022), aux médecins spécialistes (52 %, stable), et améliorer l’accès à l’hôpital (51 %, en recul de 2 points). Alors que Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis priorisent l’amélioration de la prise en charge à l’hôpital, les autres départements franciliens placent eux en priorité l’amélioration de l’accès aux médecins généralistes ou spécialistes.
Ce baromètre a été présenté à l’occasion du 1er forum « Territoires et Santé » réunissant les collectivités territoriales, les associations partenaires ainsi que l’ensemble des conseils territoriaux de santé d’Île-de-France aux côtés de représentants d’usagers et des représentants des professionnels de santé et des établissements. Ces résultats viennent confirmer les priorités inscrites dans le Projet régional de santé 2023-2028, notamment sur la santé mentale et la périnatalité, les orientations pour les ressources humaines en santé et les objectifs de réduction des inégalités de santé, qu’elles soient sociales, environnementales ou territoriales.