PRSE4 : un nouveau souffle pour la santé environnementale en Île-de-France

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Pollution de l'air, bruit, îlots de chaleur, mal logement… Autant de risques qui pèsent sur la santé des Franciliens. Avec le 4e Plan Régional Santé-Environnement (PRSE4), l'Île-de-France franchit un cap. Porté par l'ARS, la DRIEAT et le Conseil régional, ce plan ambitieux entend mieux anticiper les risques et réduire les inégalités environnementales grâce à une approche globale "Une seule santé".

Pollution de l'air, bruit, îlots de chaleur, mal logement… Autant de risques qui pèsent sur la santé des Franciliens. Avec le 4e Plan Régional Santé-Environnement (PRSE4), l'Île-de-France franchit un cap. Porté par l'ARS, la DRIEAT et le Conseil régional, ce plan ambitieux entend mieux anticiper les risques et réduire les inégalités environnementales grâce à une approche globale "Une seule santé".

Depuis 2005, l’Île-de-France inscrit la santé environnementale au cœur de ses priorités à travers ses Plans Régionaux Santé Environnement (PRSE), qui déclinent les grandes orientations des Plans Nationaux Santé Environnement (PNSE). Renouvelés tous les cinq ans, ces programmes traduisent la volonté d'adapter continuellement les réponses publiques face aux nouveaux enjeux sanitaires et environnementaux. « Les PRSE n’ont pas vocation à agir directement sur les sources d'exposition aux risques sanitaires environnementaux, précise Nicolas Herbreteau, responsable du pilotage du PRSE à l’ARS. A travers eux nous cherchons avant tout à mieux comprendre ces risques et les phénomènes de cumul d’expositions, à mobiliser tous les acteurs locaux – services de l’Etat, collectivités locales, entreprises, associations… - pour lutter contre ces risques, à former les professionnels de santé et à sensibiliser la population aux comportements à adopter face aux expositions environnementales. »

Près de 10 millions de Franciliens…

En Île-de-France, les enjeux de santé environnementale sont nombreux. Parmi eux, la pollution de l'air et les nuisances sonores ont un impact particulièrement significatif sur la santé des Franciliens. Selon un rapport conjoint d'Airparif et de Bruitparif publié en mai dernier, près de 9,7 millions de Franciliens, soit 80 % de la population régionale, sont exposés à des niveaux de pollution atmosphérique et sonore dépassant les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les conséquences sanitaires associées à ces expositions sont loin d’être négligeables :  augmentation des maladies cardiovasculaires et respiratoires, du diabète, des cancers du poumon, ainsi que des troubles du sommeil.

D'autres facteurs liés au cadre de vie influent également sur la santé des habitants, en particulier les difficultés d’accès aux espaces verts, la mauvaise qualité des sols, les îlots de chaleur urbains ou la présence de perturbateurs endocriniens dans l’environnement quotidien. « Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, poursuit Nicolas Herbreteau. On observe en effet de profondes inégalités territoriales. Certaines zones concentrent des populations vulnérables qui sont confrontées à une forme de "double peine", cumulant une forte exposition aux nuisances (axes routiers, logements insalubres) et une capacité d’action limitée. »

Une seule santé

Avec le PRSE4, qui fixe les priorités jusqu’en 2028, l’Île-de-France veut franchir un nouveau cap. Élaborée et portée conjointement par l’ARS, la Direction Régionale et Interdépartementale de l'Environnement, de l'Aménagement et des Transports (DRIEAT) et le Conseil régional, cette nouvelle édition du plan régional adopte pleinement l'approche "Une seule santé" (One Health), reconnaissant l'interdépendance entre la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes. Cette vision globale vise à mieux prévenir les risques sanitaires émergents, à renforcer la résilience des territoires face aux crises environnementales et à réduire l'impact des activités humaines sur les écosystèmes.

« Depuis le premier plan de 2005, le contexte a sensiblement évolué, ajoute Nicolas Herbreteau. La qualité de l’air, première cause de mortalité environnementale, s’est améliorée, alors que la problématique des îlots de chaleur s’est accrue. Le bruit aérien, atténué pendant le Covid-19, a repris avec la hausse du trafic. Enfin, la réhabilitation des sols pollués progresse, mais ces opérations restent coûteuses et complexes à mener. »  Pour prendre en compte ces mutations, le PRSE4 prévoit 53 mesures concrètes qui s’articulent autour de quatre axes principaux : la réduction de l’exposition aux facteurs environnementaux préoccupants (polluants chimiques, moisissures, pollutions…), l’anticipation des effets du changement climatique, l’intégration des enjeux de santé environnementale dans les politiques d’aménagement et du logement et enfin l’accompagnement des différents publics, du citoyen aux collectivités territoriales, afin d’encourager l’adaptation des comportements. « Pour stimuler les initiatives locales, un premier appel à projets (AAP) a été lancé, qui permettra aux collectivités de bénéficier d'un soutien technique et financier pour développer les premiers projets concrets du PRSE 4 », annonce Nicolas Herbreteau en conclusion.

14 projets territoriaux au service de la santé environnementale

Réduire les îlots de chaleur, réviser un Plan Local d'Urbanisme ou encore promouvoir la santé alimentaire auprès des futures mères… Telles sont quelques-unes des 14 initiatives locales qui seront accompagnées dans le cadre du PRSE4.

En juillet dernier, l’ARS a lancé un premier appel à projets du PRSE4 avec quatre axes majeurs : réduire les inégalités environnementales, améliorer les conditions d’habitat, prendre en compte les effets du changement climatique et mobiliser les acteurs autour de l’approche Une seule santé. 14 initiatives portées par 12 collectivités ont finalement été retenues pour leur approche intégrant la santé environnementale de manière opérationnelle au cœur des politiques publiques. 

De l’action de terrain à l’approche stratégique

Les projets présentent une grande variété de thématiques et d’approches. A Sartrouville, la municipalité prévoit ainsi d’aménager une cour oasis dans une école primaire afin d’agir sur plusieurs facteurs de santé environnementale simultanément : lutte contre les îlots de chaleur, plantation d’espèces végétales non allergisantes, suppression des gîtes larvaires du moustique tigre et création d’espaces de jeux favorisant l’égalité filles-garçons.  Pour sa part, Est Ensemble se concentre sur l’action contre le bruit et la pollution de l’air à travers un programme d’expérimentations qui mobilisera l’expertise des habitants du quartier fragile du Pont de Bondy. 

La ville de Trappes, de son côté, mise sur la prévention en santé alimentaire à l’aide d’un parcours éducatif destiné aux femmes enceintes. L’originalité du projet réside dans l'accompagnement personnalisé pour favoriser l’adoption de nouveaux comportements : distribution de paniers de fruits et légumes de saison, ateliers de cuisine inspirés des cultures alimentaires des futures mères et sensibilisation à l’alimentation saine et durable. À une échelle plus macro, Corbeil-Essonnes vise une révision de son Plan Local d’Urbanisme (PLU) dans une optique de santé publique. Partant d’un diagnostic initial, la collectivité adopte une démarche itérative visant à intégrer la santé dans toutes les politiques publiques. 

Pour soutenir ces initiatives, l'ARS Île-de-France et ses partenaires mobilisent un budget total de 350 000 euros, avec des subventions allant de 8 000 à 50 000 euros par projet. Au-delà du financement, les lauréats bénéficieront d’une formation sur la participation citoyenne, en collaboration avec la DRIEAT via son dispositif Particip’Action.

 

 

Multi-expositions environnementales : une cartographie au service de l’action

Identifier les inégalités territoriales pour mieux les réduire : tel est l’objectif de cette cartographie développée par l’Observatoire régional de santé d’Île-de-France. Les explications de Sabine Host, chargée d’études environnement et santé au sein de l’Observatoire.

Quelle est la vocation principale de la cartographie développée par l’ORS d'Île-de-France ?

Nous savons depuis longtemps que tous les territoires franciliens ne sont pas égaux face aux expositions environnementales mais nous manquions d’outils pour objectiver ces inégalités. C’est tout l’enjeu de l’outil cartographique que l’ORS a construit avec l’institut Paris Région et l’Ineris dans le cadre du PRSE2 puis du PRSE3 en s’appuyant sur les différents dispositifs d’observation existants, en particulier Airparif et Bruiparif. 

Concrètement, comment se présente cet outil ?

Le territoire francilien a été découpé en mailles de 500 m de côté. Pour chacune de ces mailles nous calculons un score s’échelonnant de 0 à 100 à partir de six composantes environnementales essentielles : qualité de l’air, bruit des transports, pollution des sols d’origine industrielle, présence d’installations industrielles, eau de consommation, qualité du cadre de vie. Cette dernière variable prend en compte différents éléments comme la carence en espaces verts, la marchabilité ou le potentiel d’îlots de chaleur. Plus le score est élevé, plus la maille est impactée par des problèmes environnementaux. Dans une seconde phase, ce score environnemental est combiné avec la vulnérabilité des populations (du fait de ses caractéristiques d’âge, d’état de santé et de sa difficulté à faire face) pour révéler les mailles où les problèmes se conjuguent.  

Quel constat dressez-vous ?

Schématiquement, les scores les plus élevés sont plus souvent observés dans les communes dont le revenu moyen est inférieur à la moyenne régionale que dans les communes les plus favorisées. Si cette différence est particulièrement visible au cœur de la métropole de Paris, elle est également décelable en milieu rural ou péri-urbain, même si elle est moins marquée.

Comment cet outil va-t-il être exploité dans le cadre du PRSE4 ?

Notre objectif est de faire de cet outil un véritable support d’aide à la décision. La cartographie permettra de cibler les actions locales en faveur de la santé environnementale mais aussi de mieux tenir compte des situations de cumul d’expositions dans la programmation urbaine. Nous allons d’ailleurs accompagner les acteurs locaux dans la prise en main de la cartographie pour qu’ils puissent l’exploiter dans leurs propres démarches de diagnostic territorial. Parallèlement nous avons prévu de mettre à jour les bases de données de manière régulière afin de coller au plus près des réalités locales. Ce suivi dans le temps est crucial pour ajuster les priorités d'action, notamment dans un contexte de changement climatique.