Professionnels de santé : les bonnes pratiques face aux arboviroses transmises par le moustique tigre

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Les arboviroses sont des pathologies avec des symptomatologies peu spécifiques. La survenue d’un syndrome pseudo-grippal au retour d’un voyage à l’étranger, notamment de la zone intertropicale, doit poser la question de ce diagnostic.

Tout patient doit être considéré comme un cas suspect de dengue, chikungunya ou zika s’il présente une fièvre d’apparition brutale, en l’absence de tout point d’appel infectieux :

  • Si le patient revient d'une zone intertropicale depuis moins de 14 jours, un cas importé sera suspecté.
  • En l'absence de diagnostic différentiel et sans voyage récent, un cas autochtone sera suspecté.

Pour connaitre précisément les zones de circulation des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika, consultez le site de l'Institut Pasteur de Lille en indiquant les pays fréquentés. Vous pouvez également consulter le site du centre européen de contrôle des maladies (ECDC).

Que faire face à un cas suspect ?

Devant tout cas suspect (autochtone ou importé) :

  • Toujours rechercher simultanément les trois infections (sauf pour les urines) selon le tableau ci-dessous ;
  • Demander au patient d’appliquer les mesures de protection individuelles (ex : usage de répulsifs anti moustiques, port de vêtements longs et amples) jusqu’à 7 jours après le début des symptômes afin d’éviter la survenue de cas secondaires autochtones.

Quelques informations pour vous aider dans votre pratique

  1. Vous êtes médecins

Vous recevez en consultation des patients présentant une fièvre d’apparition brutale au retour d’un voyage en zone intertropicale : pensez à la dengue, au chikungunya et au Zika !

  • Si vous suspectez une infection par l’un de ces 3 virus, prescrivez les analyses biologiques (RT-PCR et/ou sérologie) en fonction de la date de début des signes du patient.
  • Si le délai entre les dates de début des signes et de consultation le permet, privilégiez la prescription d’une RT-PCR et incitez votre patient à réaliser le prélèvement dans les suites immédiates de la consultation.
  • Recherchez simultanément les trois infections (sauf pour les urines) en raison de symptômes et de zones de circulation souvent similaires.
  1. Vous travaillez dans un laboratoire d’analyses biologiques

Vous recevez des demandes d’analyses biologiques pour les arboviroses, pensez à vérifier les prescriptions !

  • Assurez-vous de l’adéquation entre les types d’analyses biologiques prescrites (RT-PCR et/ou sérologie) et la date de début des signes du patient et modifiez la prescription si nécessaire (Art. L. 6211-8 du CSP).
  • Les tests biologiques à réaliser dépendent de la cinétique de la virémie et des anticorps. Recherchez l’ARN viral par RT-PCR pendant la période de virémie, soit jusqu’à 7 jours après les premiers signes. Recherchez des IgM et IgG par sérologie à partir du 5° jour. Effectuez ces deux types de tests sur la période de 5 à 7 jours après les premiers signes.
  • Pour la dengue, un test NS1 peut être réalisé jusqu’au 7° jour après le début de la maladie. Pour le Zika, une RT-PCR peut être réalisée sur les urines jusqu’à 10 jours après le début de la maladie.
  • Recherchez simultanément les trois infections en raison de symptômes et de zones de circulation (régions intertropicales) souvent similaires.

Vous trouverez ci-dessous le lien vers les repères pour vos pratiques et les recommandations de prises en charge : Dengue, chikungunya, Zika : de la prévention au signalement. France hexagonale - Corse (santepubliquefrance.fr)

Surveillance et lutte

Le chikungunya, la dengue et le Zika sont des maladies à déclaration obligatoire en France et doivent être signalées toute l’année. En effet, il existe un risque de transmission vectorielle de ces maladies par le moustique tigre, notamment pendant la période d’activité du moustique qui s’étend en métropole du 1er mai au 30 novembre.

La bonne déclaration permet d’orienter les mesures de luttes pour éviter l’apparition de cas autochtones.

L’importance des mesures de gestion par les autorités sanitaires varie en fonction du caractère importé ou autochtone du cas. Il est important d’avoir cette information lors de la déclaration.

La déclaration déclenche une enquête épidémiologique ainsi qu’une enquête entomologique et le cas échéant, interventions de démoustication sont réalisées autour des lieux fréquentés par les cas pour limiter le risque de transmission. Elles vont permettre de tuer les moustiques avant qu’ils ne se contaminent en piquant une personne infectée, ou qu’ils n’infectent d’autres personnes.

En Île-de-France, 176 communes sont colonisées par le moustique tigre. Pour savoir si votre commune est colonisée, rendez-vous sur Communes colonisées (anses.fr).

Devant tout cas confirmé, signalez sans délai à l’ARS et envoyez la fiche Cerfa par mail : ARS75-ALERTE@ars.sante.fr ou fax : 01.44.02.06.76 (tél : 0 800 811 411 disponible 24h/24 7j/7).

D’autres pathologies transmises par les moustiques sont soumise au régime de déclaration obligatoire : il s’agit des cas de paludisme autochtone et de fièvre du Nil Occidental.

Recommandations liées au voyage

Il est important d’insister sur la protection individuelle des voyageurs pendant leur déplacement mais aussi à leur retour pour éviter l’apparition de cas autochtones. Retrouvez les recommandations pour les voyageurs dans l’avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) : Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2023 (HCSP)

Des informations complémentaires sont disponibles sur le site de Santé publique France : Maladies transmises par les moustiques (Santé publique France).