Formation premiers secours en santé mentale : tous concernés !

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En 2021, dans le contexte de la crise sanitaire, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont amplifié le déploiement de la formation au secourisme en santé mentale pour les étudiants pour ainsi la décliner à tous les milieux et tous les publics. L’ARS IDF a ainsi été chargée de déployer ces formations sur le territoire francilien.

Un contexte qui met la santé mentale à rude épreuve

Une actualité nationale et internationale souvent anxiogène, la crise sanitaire du Covid et les confinements et restrictions qu’elle a entrainés ont fragilisés la santé mentale des Français. Si celle-ci reste globalement stable (cf. dernière vague de l'enquête CoviPrev de Santé publique France, menée du 11 au 18 septembre 2023), 30% des personnes interrogées déclarent présenter un état anxieux ou dépressif, 2/3 des personnes des problèmes de sommeil, et 1 personne sur 10 avoir déjà pensé à se suicider.

Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie de 2021 ont permis de dresser un état des lieux national de la prise en charge de la santé mentale des français, de l’offre de soins en psychiatrie et de l’accompagnement qui leur est proposé. Dans ce cadre, le déploiement à large échelle du secourisme en santé mentale est décidé pour atteindre 60000 secouristes formés en 2023 et 150000 en 2025.  Cette formation s’adresse aux professionnels non-soignants (par exemple, dans les 3 fonctions publiques) mais aussi au grand public. Parmi les objectifs principaux de la formation : lutter contre la stigmatisation envers les personnes vivant avec des troubles psychiques et le développement d’interventions basées sur le contact social. En effet, les secouristes sont formés à repérer des signes de mal-être ou de crise dans leur entourage, et peuvent intervenir s’ils s’en sentent capables. La cible donnée par les Assises pour 2023 a été largement atteinte puisque, au 21 décembre 2023, l’on comptait 91 371 secouristes formés sur le territoire national.

"La santé mentale est l’affaire de tous, le lien social est l’un des plus importants facteurs de protection en santé mentale.

Cette formation permet avant tout de lutter contre les stigmatisations qui proviennent souvent d’ignorances, en prenant conscience de ce qu’est une maladie, un trouble, et à quoi ils sont dûs. Elle permet aussi d’apprendre sur la façon dont on se rétabli. Se former au secourisme est une démarche altruiste, d’aller vers l’autre pour lui venir en aide.

L’idée reçue la plus fréquente est de trouver que les secouristes peuvent être « interventionnistes ». En réalité, s’abstenir d’intervenir face à une situation de détresse est déjà une façon de réagir. Par exemple lorsqu’une personne se met à pleurer et que la personne en face fait semblant de ne pas voir ses larmes… Parfois, cette non réaction n’est pas de l’indifférence mais juste que la personne ne sait pas comment aider l’autre.  Mais cela peut s’apprendre ! Par exemple, de la même manière que, face à quelqu’un qui est en risque de s’étouffer, l’on apprend à réagir, grâce à la formation aux gestes qui sauvent. 

Pilar Arcella – Giraux,           
Conseillère médicale santé mentale des adultes, Direction générale de la santé, Ministère du travail, de la santé et des solidarités. Secouriste en santé mentale

Découvrez des témoignages de secouristes en santé mentale : https://www.youtube.com/playlist?list=PLeLq2s9-zYTW6bwJVRNQltEDA_9joBRAd

Former le plus de monde possible

L’ARS Île-de-France a été chargée de déployer ces formations sur l’Île-de-France. Elles s’adressent aux professionnels soignants et non-soignants (par exemple, dans les 3 fonctions publiques) mais aussi au grand public, grâce à des conventions de partenariat avec les associations Santé Mentale France et IRIS MESSIDOR, les délégations départementales du 77, 92, 75, 78, 95, 94 et plus récemment du 93 ont pu identifier dans un premier temps les acteurs prioritaires pour la formation, en collaboration avec les Conseils locaux de santé mentale (CLSM). Espaces de démocratie sanitaire dans chaque département, les CLSM sont des plateformes locales de concertation, de coordination, et de co-décision qui permettent une discussion entre les élus locaux, la psychiatrie publique, les représentants des usagers, les aidants et l’ensemble des professionnels du territoire concernés par la santé mentale. Formés en priorité, les coordonnateurs de CLSM ont pu largement sensibiliser et encourager leurs réseaux sur la nécessité de cette formation en premiers secours en santé mentale.

L’exemple du Val-d’Oise : une formation qui monte en puissance

« Nous déployons cette formation de premiers secours en santé mentale depuis 2021. La méthode retenue a consisté à s’appuyer sur les cinq Conseils locaux de santé mentale (CLSM) de notre département, car, une des forces du Val-d’Oise, est la capacité des CLSM à travailler ensemble en bonne intelligence. Ainsi, les CLSM n’ont ménagé ni leur temps, ni leur énergie pour permettre un déploiement harmonieux de cette formation. Leur connaissance fine des caractéristiques et des besoins du territoire a été un atout précieux pour cibler les bénéficiaires de cette formation au plus près des besoins exprimés.

Les personnes formées sont avant tout les professionnels de première ligne, comme par exemple, les travailleurs sociaux, mais aussi les professionnels de l’hébergement d’urgence ou bien les gardiens d’immeubles.

Au regard de la dynamique locale, nous avons augmenté le nombre de sessions annuelles afin de répondre à la forte demande. Par ailleurs, nous avons pris l’habitude de faire un retour d’expérience après chaque session. Ce dialogue particulièrement constructif avec les CLSM a permis d’identifier, à l’échelle de chaque territoire, les publics particulièrement concernés. Par exemple, sur certaines parties du département, l’accent a été mis sur les jeunes. Un besoin de formation aux premiers secours en santé mentale des professionnels travaillant dans le champ de la périnatalité a été également identifié.

Enfin, l’idée est de pouvoir former aussi des formateurs pour qu’ils puissent former à leur tour. Il s’agit d’essaimer pour que cette formation soit largement accessible. Former le plus grand nombre de personnes permettra de mieux répondre aux besoins de la population et participera également à l’œuvre de déstigmatisation en matière de santé mentale ».

Franck Lavigne, Directeur de projet Délégation Départementale du 95