Saturnisme : conseils pour se protéger des expositions au plomb (logement ancien, activités, …)

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Le saturnisme est une maladie provoquée par l’ingestion importante de plomb et peut être particulièrement problématique chez l’enfant et la femme enceinte. Elle doit faire l’objet d’une déclaration obligatoire chez l’enfant auprès de l’ARS. Zoom sur les conseils pour prévenir et réduire les risques d’exposition dans son logement, ses activités, loisirs, son quotidien etc.

Sommaire

Qu’est-ce que le saturnisme et quels sont les impacts du plomb sur la santé ?

Le saturnisme désigne l’intoxication aiguë ou chronique causée par le plomb. Les études scientifiques internationales montrent que cette intoxication peut avoir un impact sur la santé.

Les effets du plomb ne se traduisent en général pas par des symptômes spécifiques visibles. Le meilleur moyen pour savoir si l’on est intoxiqué par le plomb est de réaliser un test grâce à une prise de sang appelée plombémie. 

Plus la plombémie est élevée, plus ces effets sont importants, en particulier chez :

  • les jeunes enfants : comportement et humeur, développement intellectuel, retards de croissance, retard pubertaire ou sur l’audition.
  • les femmes enceintes : développement fœtal et déroulement de la grossesse.

Le risque sanitaire étant moins important pour les adultes (risque de maladie rénale chronique, d’hypertension artérielle, ou encore l’altération et la diminution de la fertilité masculine), la surveillance médicale est privilégiée pour les enfants et les femmes enceintes ou désireuses d’avoir une grossesse dans les 6 mois.

Le plomb est catégorisé dans la famille des substances reprotoxiques avérées (R1A). Il peut être nocif pour les bébés allaités, nuire à la fertilité et au développement.

À ce jour, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe le plomb dans le groupe 2B des substances « peut-être cancérogènes »  pour l’espèce humaine. Les données épidémiologiques internationales ne permettent pas d’établir le lien entre la survenue de cancers chez l’Homme et l’exposition au plomb, sans pour autant pouvoir exclure la possibilité d’un tel lien.

Pourquoi les enfants sont-ils particulièrement touchés ?

Les jeunes enfants (en particulier ceux âgés de moins de 7 ans) ont tendance à porter souvent leur main à leur bouche et à jouer par terre. Or leur métabolisme favorise une plus grande absorption digestive du plomb que chez un adulte. 

Le développement en cours de leur système nerveux et osseux les rend d’autant plus sensibles aux effets néfastes du plomb que les publics plus âgés.

Les femmes enceintes et l’enfant qu’elles portent sont également plus fragiles face au plomb. Cela s’explique par une plus grande sensibilité du fœtus en lien avec le développement en cours de son système nerveux.

Comment savoir si on est intoxiqué au plomb ?

La plombémie, réalisée dans un laboratoire de biologie médicale classique, permet de mesurer une potentielle intoxication au plomb et de suivre son évolution.

  • Une concentration supérieure ou égale à 50 µg/L (microgrammes de plomb par litre de sang) est le signe d’une exposition significative et fait l’objet pour le mineur d’une déclaration de saturnisme infantile auprès de l’ARS. Dans cette situation, une plombémie de contrôle sera réalisée à 3 mois, puis tous les 3 à 6 mois selon l’évolution de la plombémie et des risques d’exposition au plomb.
    En complément, le médecin sera amené à réaliser un repérage des autres enfants et femmes enceintes du foyer familial et leur prescrira une plombémie. Si la plombémie reste inférieure à 250 µg/L, aucun traitement médical n’est généralement mis en place. Afin de baisser le taux de plomb dans l’organisme de l’enfant, il s’agira de supprimer l’accès aux sources d’exposition au plomb.
  • Pour des concentrations de plomb sanguin comprises entre 25 et 49 µg/L, un suivi des enfants est organisé par le médecin traitant et des conseils hygiéno-diététiques sont donnés aux parents pour réduire l’exposition de leur enfant et ainsi réduire le risque de contamination.
  • Une plombémie inférieure à 25 µg/L correspond à une valeur normale chez l’enfant. Elle ne nécessite pas de mettre en place un suivi systématique. Néanmoins, par précaution, pour les enfants de moins de 7 ans susceptibles d’être ou d’avoir été exposés à une pollution au plomb (à leur domicile ou dans les lieux qu’ils fréquentent régulièrement), et seulement dans ce cas, le médecin traitant pourra proposer de réaliser un suivi de la plombémie tous les 6 à 12 mois jusqu’à l’âge de 6 ans.

Pour les mineurs et les femmes enceintes, ces examens sont pris en charge à 100 % par les organismes de Sécurité sociale.

Pour les femmes enceintes, le repérage du risque d’exposition au plomb pendant la grossesse est recommandé, en lien avec le médecin traitant. Il peut se faire à tout moment, en particulier lors de la 1re consultation du suivi de grossesse ou au cours de l’entretien prénatal précoce.

Quelles sont les principales sources d’exposition au plomb ?

Il existe de nombreuses sources d’exposition au plomb liées à nos modes de vie, notre lieu de vie (logement ou parties communes de son logement), nos loisirs (tir sportif par exemple) ou nos activités professionnelles (y compris les stages ou formations).

On peut le retrouver dans :

  • les poussières et écailles de peinture des bâtiments principalement construits avant 1949 (sur les surfaces murales, les plafonds, les éléments de menuiserie mais ont aussi été utilisées pour les revêtements des volets et garde-corps). Il convient de rester vigilant pour les habitations dont les peintures ont été réalisées par des particuliers jusqu'en 1995, date d'interdiction totale de la vente de peinture au plomb pour les particuliers (l'interdiction d'utilisation professionnelle est entrée en vigueur en 1949)
  • les poussières à proximité d’un site industriel rejetant ou ayant rejeté du plomb dans les sols et dans l’air
  • l’eau du robinet contaminée par des anciennes canalisations. L’Ile-de-France est cependant peu concernée par cette problématique du fait d’une faible érosion des canalisations en plomb
  • l’alimentation, via la contamination des sols et de l’air par le plomb
  • les vaisselles artisanales ou les cosmétiques traditionnels (notamment le khôl) contenant du plomb
  • les remèdes traditionnels (tisanes,  onguents, soins pour plaies, pilules/gélules,  médecine ayurvédique, etc....) 
  • les objets en plomb, contenant du plomb, couvert d’un émail ou d’une peinture contenant du plomb  (jouets, bijoux, objets domestiques)
  • dans les soudures en alliages
  • certaines plaques métalliques notamment sur les balcons
  • dans les éléments d’étanchéité ; chenaux, faîtage ou sur les toitures.

À noter que la fumée de tabac contient également des substances toxiques et notamment du plomb.

Certaines sources d’exposition sont spécifiques aux enfants.
A la naissance, un enfant peut avoir un taux élevé de plomb dans le corps, hérité de la mère durant la grossesse. Il est également plus sujet à l’ingestion d’écailles de peinture et de poussières contaminées via le portage mains-bouche.

Les personnes atteintes par la maladie de Pica sont aussi plus sensibles et sujettes à des risques d’ingestion de plomb. Ce trouble du comportement alimentaire se définit par l’ingestion de produits non nutritifs et non comestibles capables de nuire au développement d’un individu. On ne parle pas de maladie de Pica pour les ingestions liées à certaines pratiques culturelles auxquelles des convictions spirituelles, sociales ou médicales sont associées.

Comment réduire les risques de contamination ?

De manière générale, il est conseillé de mettre en pratique ces conseils au quotidien. 

  • lavez vos mains et celles de votre enfant de façon régulière à l’eau et au savon , surtout avant de manger (les gels hydro alcooliques ne sont pas efficaces dans cette situation) ; 
  • lavez ou épluchez les fruits et les légumes avant de les consommer ;
  • diversifiez votre alimentation, notamment celle des enfants en proposant des aliments riches en fer et en calcium (afin d’éviter que le plomb ne se fixe dans l'organisme) ;
  • nettoyez votre logement avec une serpillère mouillée (il est déconseillé d'utiliser des aspirateurs s'ils ne sont pas équipés de filtres spécifiques)  ; 
  • aérez votre logement régulièrement
  • évitez l’utilisation de cosmétiques traditionnels (khôl, surma, kajal, tiro,...) contenant du plomb ;
  • évitez l’utilisation de remèdes traditionnels (tisanes,  onguents, soins pour plaies, pilules/gélules,  médecine ayurvédique,...) contenant du plomb ;
  • évitez l’utilisation d’ustensiles de cuisine, de vaisselle et récipients alimentaires en céramique artisanale ou en alliage métallique contenant du plomb ;
  • évitez l’utilisation de tout objets en plomb, contenant du plomb, couvert d’un émail ou d’une peinture contenant du plomb  (jouets, bijoux, objets domestiques) ; 
  • évitez de fumer en intérieur, surtout en présence d’enfant.

Les conseils selon votre situation

  • recouvrez les zones où les peintures s’écaillent pour empêcher l’accès aux enfants.
  • consultez le constat de risque d’exposition au plomb (CREP) remis par l’ancien propriétaire ou le propriétaire actuel si vous êtes en location. Si vous ne l’avez pas en votre possession demandez lui ; 
  • confiez les travaux de réfection/suppression de l’exposition au plomb à des  entreprises qui utilisent les méthodes adaptées pour protéger les occupants et les ouvriers. 

Si vous réalisez vous-même les travaux, veillez à éloigner les enfants,  recouvrir les peintures écaillées, changer de vêtements et éliminer les poussières après travaux
Les annuaires des artisans en capacité d’intervenir figurent sur les sites des fédérations du bâtiment.
Si vous souhaitez réaliser ces travaux par vos propres moyens, retrouvez les principales précautions à prendre pour la réalisation de travaux dans des logements exposés au plomb dans ce document du ministère en charge de la santé.

  • nettoyez les sols avec une serpillère humide notamment lors de travaux sur des peintures. Cela permet d’éviter les poussières en suspensions dans l’air ;
  • aérez régulièrement le logement (pour chasser l’humidité afin d’éviter la dégradation des peintures sur les murs) ;
  • lavez souvent les mains des enfants, surtout avant les repas, coupez les ongles courts ;
  • sortez le plus souvent possible les enfants du logement.

Si vous rencontrez des problèmes d’hygiène ou de salubrité dans votre logement mettant en en danger imminent ou important votre santé et celles des occupants, l’autorité compétente pour intervenir est le Maire ou le Préfet. Les premiers intervenants seront généralement les services de la mairie, qui pourront saisir la Délégation départementale de l’ARS le cas échéant.

En savoir + sur les actions menées contre l'habitat indigne (logements insalubres) en Ile-de-France

  • laissez couler l’eau du robinet pendant environ une minute avant son utilisation notamment le matin et au retour de week-end et de vacances (quand l'eau a stagné dans les canalisations) ; 
  • n’utilisez pas l’eau chaude du robinet pour le lavage des aliments ou leur préparation ou cuisson, ni pour la préparation de boissons tels le thé ou le café.

À Paris, 13% des cas de saturnisme infantile seraient dus à la présence de plomb sur les balcons. Retrouvez des conseils spécifiques pour détecter les situations à risque et mettre en place les mesures adaptées.

Conseils et précautions à appliquer pour les balcons couverts de plomb

  • nettoyez les sols avec une serpillère humide (permet d’éviter les poussières en suspensions dans l’air) ;
  • évitez de laisser les enfants jouer en extérieur sur des sols nus ;
  • lavez ou épluchez systématiquement les fruits et légumes autoproduits (potagers ou vergers), et veillez à diversifier la consommation en choisissant d’autres productions ; 
  • lavez souvent les mains des enfants, surtout avant les repas, coupez les ongles courts ;
  • diversifiez votre alimentation, notamment celle des enfants en proposant des aliments riches en fer et en calcium afin d’éviter que le plomb ne se fixe dans l'organisme.

  • remplacez les produits contenant du plomb si possible ;
  • prenez une douche sur le lieu de l’activité avant de rentrer à votre domicile ; 
  • ne remettez pas les mêmes vêtements (chaussures comprises) à votre domicile que ceux utilisés pour l’activité concernée.

En savoir + sur la prévention des expositions professionnelles au plomb

Qui contacter en cas de questions sur l’exposition au plomb ? 

Au moindre doute sur l’exposition au plomb, n’hésitez surtout pas à demander conseil auprès de votre médecin.

Il pourra évaluer le risque et vous prescrire une plombémie (prise de sang) s’il le juge nécessaire

Centre Antipoison et de Toxicovigilance de PARIS

Association des Familles Victimes du Saturnisme - AFVS

  • Téléphone : 09 53 27 25 45 / 06 99 89 19 39
  • Mail
  • Adresse postale : 20 Villa Compoint ; 75017 PARIS

Vous pouvez également contacter le service d’hygiène de votre commune de résidence ou la délégation départementale de l’ARS.