En quoi consiste le dispositif ?
Depuis 2024, les aides-soignants (AS) qui souhaitent se reconvertir au métier d’infirmier peuvent faire valoir leur expérience professionnelle et bénéficier de la dispense totale de la 1ère année de formation en soins infirmiers en suivant une formation de 3 mois à temps plein. Celle-ci comporte 4 séquences théoriques et 1 stage et leur permet d’acquérir les compétences requises en fin de 1ère année de formation. L'ARS anime le déploiement de ce dispositif dont l'objectif est double : augmenter les effectifs infirmiers, mais aussi valoriser l’expérience des AS et faciliter leur progression de carrière.
Quels aides-soignants sont concernés ?
Les AS sélectionnés par la formation professionnelle continue (FPC) [Année N ou N-1] pour entrer en formation en soins infirmiers peuvent accéder à ce parcours sous certaines conditions d’éligibilité. Ils doivent avoir acquis 3 ans d'expérience à temps plein au cours des 5 dernières années et être volontaires pour intégrer le dispositif. L'employeur doit par ailleurs prendre en charge les 3 mois de formation du parcours spécifique, ainsi que la 2ème et 3ème année en IFSI. Les AS candidats doivent par ailleurs détenir l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence (AFGSU) niveau 2 en cours de validité, si besoin l’actualisation pourra être réalisée avant l’entrée en 2ème année.
Comment candidater ?
• Les AS volontaires doivent s’adresser à l’IFSI et à leur employeur.
• Les employeurs sélectionnent les candidats éligibles et communiquent les informations à l’IFSI.
• Les AS soumettent une demande écrite (lettre d’engagement) co-signée par leur employeur à l’IFSI
• Un entretien de positionnement (phase 1) est réalisé pour valider l’adéquation entre le potentiel de l’AS avec les exigences du parcours.
• Si validée, la formation débute avec le soutien de l’IFSI et de l’employeur.
Statut et prise en charge de l’AS pendant le parcours
Les AS restent salariés de l'employeur pendant la durée du parcours et deviennent stagiaires de la formation continue. La formation est prise en charge par l’employeur et/ou les opérateurs de compétence (OPCO) sur 27 mois (3 mois + 24 mois).
Comment se déroule la formation ?
Les AS suivent une formation à temps plein pendant 3 mois (12 semaines ou 420 heures), en présentiel et distanciel (maximum 10% de distanciel). Elle est découpée en 5 séquences pédagogiques : 4 théoriques et 1 clinique (stage de 5 semaines soit 75 heures).
Pendant ces 3 mois de formation accélérée, les étudiants auront l'occasion de :
• Consolider et compléter les compétences en soins infirmiers pour intégrer la 2ème année.
• Assimiler les enseignements essentiels de la 1ère année.
• Développer une méthode de travail adaptée à une formation de niveau licence.
• Bénéficier d’un suivi et d’un accompagnement régulier par un formateur de l’IFSI et un infirmier tuteur (compagnon) dans l’établissement employeur. Un parrainage est également possible par des étudiants en 3èmeannée d’IFSI.
Les étudiants qui auront validé le parcours spécifique peuvent ensuite intégrer la 2ème année de formation en soins infirmiers, en vue de l'obtention du Diplôme d’Etat infirmier (DEI).
Témoignages
Nadia est aide-soignante depuis 1997. Elle exerçait au sein de l'hôpital Louis Mourier, à Colombes (92) lorsqu'elle a intégré le parcours spécifique pour devenir infirmière en 2024.
Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce parcours spécifique pour devenir infirmière ?
C’est la direction qui nous a proposé de participer au processus. Nous avons ensuite passé un entretien avec le directeur, qui a validé notre motivation et notre entrée dans le parcours spécifique.
Comment décririez-vous votre expérience dans ce parcours spécifique, du processus de sélection jusqu’à votre intégration en deuxième année ?
Étant donné que nous faisions partie de la première promotion, il y avait une part d’inconnu et d’incertitude. Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre pour la deuxième année ni comment la transition allait se dérouler. Cependant, après ces trois premiers mois, nous avons reçu une formation de qualité. Ce qui a fait toute la différence, c’est surtout le soutien de nos accompagnants et de nos tuteurs, qui ont joué un rôle clé dans notre progression.
En quoi ce soutien apporté par le tuteur IDE et le formateur IFSI a-t-il été utile ?
Il a été essentiel. Avoir un bon lien avec son tuteur est primordial. J'ai eu la chance d’avoir une tutrice très impliquée. Encore aujourd’hui, elle continue de me soutenir, de relire mes cours et de me corriger lorsque j’ai des doutes. Son accompagnement a été une aide précieuse dès le premier jour et a réellement contribué à ma réussite.
Quels sont, selon vous, les principaux avantages de ce parcours spécifique pour faciliter la transition d’aide-soignante à infirmière ?
Le principal avantage est bien sûr le gain d’une année. Cependant, pour valider la deuxième année, nous avons dû rattraper tous les cours que les autres étudiants avaient suivis en première année. Ce parcours demande donc un investissement total. Par ailleurs, l’accompagnement joue un rôle clé. J’ai pu constater que les étudiants ayant bénéficié d’un bon accompagnement réussissaient mieux que ceux qui étaient plus livrés à eux-mêmes. Un bon tuteur apporte une vraie motivation et un soutien essentiel, mais cela ne fait pas tout. Il faut être prêt à s’engager pleinement.
Alyssa a exercé pendant 3 ans et demi comme aide-soignante en réanimation chirurgicale neurologique et traumatologique à l’hôpital Henri Mondor de Créteil (94) avant d’intégrer en 2024 le parcours spécifique pour devenir infirmière.
Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce parcours spécifique pour devenir infirmière ?
Quand on me l’a proposé, je ne connaissais pas ce parcours. C’est la directrice des soins qui m’en a parlé. Au début, j’étais un peu perplexe. Finalement, je me suis dit que si j’en avais les capacités, il n’y avait aucune raison que je ne réussisse pas.
Comment décririez-vous votre expérience dans ce parcours spécifique, du processus de sélection jusqu’à votre intégration en deuxième année ?
Je le vois comme une chance, car contrairement à d’autres élèves, nous avons pu intégrer la deuxième année après seulement trois de formation (cours et stage). On nous a plongés directement dans le bain, sans nous laisser le temps de souffler. Contrairement aux premières années, qui prennent d’abord le temps de découvrir le métier, nous avons dû adopter immédiatement le rôle d’étudiant infirmier, sans passer par l’apprentissage des soins d’aide-soignant.
Certains disaient que c’était intense, mais pour ma part, je n’ai pas trouvé cela difficile, surtout grâce au petit groupe de sept élèves avec qui nous étions. Tout se passait bien jusqu’à mon intégration en deuxième année, où cela a été plus compliqué. Il a fallu s’adapter à une promotion déjà formée, reprendre l’organisation et la méthodologie des cours. Trois mois de formation, ce n’est pas la même chose qu’une année entière. Mais petit à petit, j’ai trouvé ma place et mon organisation. Avec le temps, tout s’est mis en place, et je n’ai finalement pas rencontré de réelles difficultés.
En quoi le soutien apporté par le tuteur IDE et le formateur IFSI a-t-il été utile dans votre progression ?
J’ai eu la chance d’être accompagnée par une tutrice IDE que j’avais choisie moi-même. C’est une personne très pédagogue et bienveillante, qui prenait le temps de m’aider. Elle m’envoyait des messages, me proposait de se voir en dehors du cadre de la formation si j’avais des questions, et surtout, elle me rassurait énormément, car je suis quelqu’un de très stressé. Elle me disait souvent : « Tu vas réussir, il n’y a pas de raison que tu n’y arrives pas. »
Quant au formateur IFSI, il était également très présent. Il cherchait constamment à améliorer l’accompagnement pour nous et les promotions suivantes. Pour moi, cet encadrement a été un vrai plus, car les premières, deuxièmes et troisièmes années classiques n’ont pas forcément ce type de suivi personnalisé. Aujourd’hui encore, je peux contacter ma tutrice à tout moment si j’ai besoin d’aide, et je sais qu’elle répondra sans problème.
Quels sont, selon vous, les principaux avantages de ce parcours spécifique pour faciliter la transition d’aide-soignante à infirmière ?
En tant qu’aide-soignante, nous avons déjà des bases solides comparé à des personnes qui découvrent totalement le milieu de la santé. Nous avons l’habitude de collaborer avec les infirmiers, les médecins et les autres professionnels de santé. C’est un vrai avantage, notamment sur la connaissance des pathologies, de la pharmacologie et du matériel médical.
De plus, ce parcours accéléré permet d’obtenir le diplôme en deux ans au lieu de trois, ce qui est un atout sur le plan personnel. Trois ans d’études, c’est un long engagement qui demande des sacrifices, notamment dans la vie familiale.
Le seul inconvénient, c’est que nous avons été prévenus tardivement, après avoir réussi le concours et obtenu le financement. Certains ont dû s’organiser en urgence, ce qui a pu être compliqué, notamment pour ceux qui ont des enfants.
Mais globalement, ce parcours prouve que nous avons autant de potentiel qu’un étudiant infirmier classique. Ce n’est pas parce que nous avons fait deux ans au lieu de trois que nous serons moins compétents. Notre expérience d’aide-soignante nous donne une vraie légitimité dans ce métier.