L’Île-de-France à l’heure du sport-santé

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Bouger, c’est bon pour la santé ! Face à la montée de la sédentarité et du manque d’activité, l’ARS Île-de-France engage de nombreuses actions pour promouvoir et développer l’activité physique et sportive pour tous.

Le constat est alarmant : en France, 95% des adultes (1) sont exposés à un risque de détérioration de leur santé par manque d’activité physique ou par sédentarité et 73% des 11-17 ans sont en dessous des seuils d’activité physique recommandés par l’OMS (2). Face à cette situation, le gouvernement a décidé de passer à l’action à travers la promotion du sport santé, en déclarant Grande cause nationale 2024 le programme "30 minutes bouge".

« Le sport-santé recouvre la pratique d'activités physiques ou sportives qui contribue à la santé et au bien-être du pratiquant, conformément à la définition de la santé selon l'organisation mondiale de la santé, en agissant aux plans physique, psychologique et social», résume Roberta Zanchi, Médecin Référent Sport Santé et Prévention Maladies Chroniques à la direction de la santé publique de l’ARS Île-de-France. En effet, ses bénéfices sont multiples avec la réduction des risques de dépression, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, d’AVC, de cancer du sein ou du côlon, sans parler de la prévention de l’ostéoporose… 

Mettre les Franciliens en mouvement

Ces dernières années, les pouvoirs publics se sont emparés du sujet avec un volontarisme sans précédent : Stratégie nationale sport-santé en 2019, loi de démocratisation du sport en 2022, l’activité physique et sportive grande cause nationale en 2024… L’ARS Île-de-France s’inscrit dans la même dynamique, avec d’autant plus d’engagement que les Franciliens, surtout les adultes, sont encore moins actifs que les autres Français. 
« Dès 2016, au lendemain de la loi de modernisation de notre système de santé qui a donné la possibilité aux médecins de prescrire de l’activité physique adaptée aux patients en ALD nous avons mis en place le programme Prescri’forme pour développer le sport sur ordonnance, la loi de 2022 a ouvert à un nombre de bénéficiaires plus large (toutes les maladies chroniques, les pertes d’autonomie et facteurs de risques)», poursuit Roberta Zanchi.

Unique en France, ce dispositif s’appuie sur un réseau de quinze centres de ressources qui disposent tous d’un médecin du sport dont les missions reposent sur la réalisation d’une évaluation médicale pour les patients présentant une complexité médicale. A cela s’ajoute une plateforme téléphonique régionale qui conseille aussi bien les médecins que les patients, puis un site internet dédié et des programmes passerelles qui proposent jusqu’à 12 séances d’activité physique adaptée aux besoins spécifiques de personnes.

Des maisons pour tous

Depuis 2019, l’ARS Île-de-France contribue également au déploiement des Maisons Sport Santé (MSS), qui constituent un outil national d’égalité des chances et d’accès au droit de la santé par le sport.

Actuellement, la région compte 81 MSS aux profils très variés (associations, collectivités territoriales, établissements de santé) qui se positionnent comme des guichets uniques à l’intention de tous ceux qui veulent pratiquer une activité physique et sportive à des fins de santé quelle que soit leur âge ou leur état médical. Les équipes des MSS ont une mission d’information et d’orientation auprès du public et proposent également des parcours personnalisés intégrant l’évaluation de la condition des  capacités physiques, des séances APA et un  suivi régulier. « Par ailleurs, en 2022, l’ARS, avec ses partenaires tels que l’Agence Nationale du Sport a lancé à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques un appel à manifestation d’intérêt qui nous a amenés à soutenir près de 30 programmes relatifs à la promotion de l’activité physique en Contrats Locaux de Santé (CLS), à destination des publics en Quartiers Prioritaires des Villes (QPV) », poursuit Roberta Zanchi. Nous suivons également plusieurs expérimentations « Article 51 », relatif à l’inscription dans le droit commun de l’activité physique comme thérapeutique non médicamenteuse ».

Sport et handicap, une nouvelle équation

La perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 a aussi amené les pouvoirs publics à renforcer leur engagement pour faciliter l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap. Dans ce cadre-là, l’ARS Île-de-France s’est engagée au travers de trois partenariats socles. « Avec le Comité Paralympique et Sportif Français, nous avons lancé trois appels à manifestation d’intérêt afin de mettre en relation les clubs sportifs et les ESMS (établissements et services médico-sociaux), explique Marion Métois, chargée de mission Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à la direction de l’Autonomie. Nous nous sommes également rapprochés des rectorats franciliens pour permettre aux ESMS qui le souhaitent de bénéficier du Label Générations 2024 qui encourage la pratique physique et sportive des enfants. Enfin, avec la Ligue de sport adapté d’Île-de-France, nous cherchons à mieux accompagner les ESMS qui veulent mettre en place des activités physiques et sportives. Pour ce faire, plusieurs travaux ont été engagés, nous avons réalisé une enquête en fin d’année dernière pour mieux connaître leurs besoins et nous allons diffuser des livrets de communication à l’intention des établissements, mais aussi des personnes concernées et des familles pour les accompagner dans une démarche sportive ». L’ensemble de ces actions s’inscrivent dans le cadre du Plan Héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. 

Sur le plan législatif, cette volonté d’accès au sport pour toutes et tous s’est traduite par l’introduction dans la loi visant à démocratiser le sport en France de 2022 d’un volet concernant les établissements sociaux et médicosociaux (ESMS). Accompagnées par les ARS et les DRAJES - Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l'engagement et aux sports -, ces structures doivent ainsi désormais se doter d’un référent en activité physique et sportive (APS). La mission de ce dernier ? « Informer les personnes concernées sur les possibilités de pratique sportive au sein des établissements ou à proximité et les orienter vers l’offre sportive disponible dans un cadre inclusif, adapté et sécurisé », poursuit Marion Métois. 
L’ARS Île-de-France travaille aux côtés de ses partenaires pour assurer le développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap avec pour ligne de conduite l’accès au sport pour toutes et tous comme un droit fondamental.  

A Fontainebleau, le sport-santé a le vent en poupe

En créant la première Maison Sport Santé de Seine-et-Marne, la ville de Fontainebleau a placé l’activité physique et le bien-être de ses habitants au cœur de ses priorités. 

Mesure « phare » de la Stratégie Nationale Sport Santé 2019-2024, le programme « Maisons Sport-Santé » (MSS) vise à amener le plus grand nombre de personnes à intégrer la pratique d’une activité physique et sportive à leur quotidien, pour améliorer l’état de santé de la population. La Maison Sport Santé de Fontainebleau fait partie des pionniers de ce dispositif. « Nous étions déjà Centre Prescri’Forme et nous avons été la première structure labellisée de la Seine-et-Marne qui compte désormais 9 MSS », indique Guillaume Gauthier, Responsable des sports et chargé de mission Sport-Santé à Fontainebleau. 

Accueillir, orienter… et faire transpirer !

Comme les 425 autres MSS de France, cet établissement porté par la ville de Fontainebleau a pour mission première d’accueillir et d’orienter les personnes souhaitant pratiquer, développer ou reprendre une activité physique et sportive à des fins de santé, de bien-être, quel que soit leur âge, leur état de santé ou de fragilité. Mais du fait de son antériorité et forte d’une équipe de sept collaborateurs, la Maison Sport Santé couvre aujourd’hui un champ d’actions particulièrement large. « Nous proposons de nombreuses séances d’activité physique ou sportive dans nos locaux pour le sport sur ordonnance, pour les seniors, pour les enfants et ados en situation de handicap mais aussi pour les agents de la ville qui sont 150 à venir régulièrement se dépenser chez nous à l’heure de midi. » Chaque mois, la MSS organise en outre un grand rendez-vous de la forme pour les habitants de la ville avec un programme de quatre ou cinq activités sport et bien être et de 150 participants réguliers. « Nous faisons aussi la promotion du sport auprès des enfants des écoles et des centres de loisir de la ville », ajoute Guillaume Gauthier. 

Une plateforme pour le sport sur ordonnance 

Enfin, l’établissement porte aussi la plateforme téléphonique Prescri’Forme pour l’ensemble de la région Île-de-France. Financé par l’ARS et la DRAJES, cet outil avait pour vocation initiale d’informer les médecins sur la prescription de séances de sport et progressivement il a été élargi aux patients qui disposent d’une ordonnance mais qui ne savent pas à qui s’adresser ensuite. L’an dernier, la plateforme a répondu à près de 900 appels, dont 70% provenant de patients qui ont été mis en relation avec les MSS ou des associations proches de chez eux. « Pour les médecins, la prescription de l’activité physique n’est pas encore un réflexe. Cela nous a d’ailleurs conduit à aller à la rencontre des généralistes de Fontainebleau et des alentours pour leur présenter la MSS et les convaincre de l’intérêt thérapeutique du sport. »

Des structures à pérenniser

L’avenir des Maisons Sport Santé ? « A l’heure actuelle, nous devons reconnaître que la plupart d’entre elles ne subsistent que grâce aux appels à projets, au financement des collectivités et aux subventions non pérennes. Pour les sécuriser, il faudrait que le sport sur ordonnance soit pris en charge par la sécurité sociale. J’espère que des mesures en ce sens seront votées dans le cadre de la prochaine PLFSS… Et en attendant, l’ARS nous a mandatés, aux côtés de la MSS de Meaux, pour accompagner les villes qui souhaitent ouvrir une maison sport santé à destination de leurs habitants. » 

Sport dans les établissements sociaux et médico-sociaux : quelles perspectives ?

Avec Christelle Rufin, directrice du SESSAD Autrepar (Paris) et Florian Galli, enseignant en APA au Foyer de Villemer (Seine-et-Marne)

Quelle est la stratégie relative au sport dans votre établissement ?

Christelle Rufin : Notre SESSAD (Service d'éducation spéciale et de soins à domicile) renforcé accueille 31 enfants et ados déficients intellectuels et autistes sévères et nous avons mis en place une dynamique sportive dès nos débuts en 2010. Aujourd’hui notre équipe compte un éducateur spécialisé licencié STAPS et une enseignante en APA qui encadrent de nombreuses activités, dans nos locaux ou dans des structures partenaires : parcours moteur, roller, tennis, escalade, piscine…

Florian Galli : Le foyer de Villemer accueille 56 jeunes adultes qui veulent entrer dans le monde du travail via un ESAT ou une entreprise adaptée. Chez nous, le sport est devenu depuis plusieurs années un axe central du projet d’établissement. Tous nos résidents pratiquent au moins un sport, qu’il s’agisse de musculation, de football ou de futsal, de natation, de tennis, de l’aviron ou encore du golf. Et ce, grâce aux nombreux partenariats noués avec des structures sportives locales.

Quels bénéfices observez-vous ?

F.G. : L’activité physique, c’est bon pour la santé, évidemment, mais aussi pour l’image de soi, pour la concentration et pour l’inclusion dans la société « ordinaire ». Bon nombre de nos résidents sont vraiment fans de sport et certains se sont découvert de vrais talents. Un de nos anciens est même devenu meilleur buteur de la coupe du monde de foot adapté ! 

C.R. : Nous constatons tous les jours les bienfaits de l’activité physique chez les enfants, avec une amélioration du sommeil, de la posture et de la régulation hormonale. Le sport a aussi un grand intérêt sur le plan social et pour les apprentissages du quotidien, ne serait-ce que pour l’habillage ou les transports. Nous notons aussi des bénéfices sur le plan cognitif et émotionnel.

Quel regard portez-vous sur le décret amenant tous les établissements sociaux et médico-sociaux à nommer un référent pour l’activité physique et sportive ?

C.R. : Pour notre établissement, cette obligation nouvelle n’a pas eu d’impact majeur, car nous avions déjà deux référents sport, mais cela a tout de même été l’occasion de davantage structurer leurs interventions en cohésion avec toute l’équipe éducative. En ce qui concerne les ESMS qui se lancent sur cette thématique, il est possible que certains se heurtent à un manque de connaissances et de moyens. C’est d’ailleurs ce qui a amené AFG Autisme, l’association dont nous dépendons, à se doter d’un référent central qui va mettre en lien les 70 établissements du groupe. Dans ce cadre nous serons sans doute amenés à partager notre expertise.

F.G. : Pour ma part je pense que ce décret est une première marche vers la généralisation du sport dans les ESMS. Mais, pour l’heure, n’importe quel salarié peut jouer ce rôle et la question des compétences se pose, car l’encadrement des pratiques sportives ne s’improvise pas. Il serait souhaitable que les enseignants en APA et les éducateurs sportifs BPJEPS soient davantage valorisés dans le dispositif, pour garantir la qualité et la sécurité des activités proposées à nos publics.

(1) : source ANSES  |  (2) : source ONAPS