Les actions de prévention du risque auditif : un enjeu de santé publique chez les jeunes

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L’exposition à des niveaux sonores élevés, qu’elle soit ponctuelle, fréquente ou habituelle, est susceptible d’entrainer des dommages auditifs bien connus : perte d’audition, acouphènes, hyperacousie, et ce même chez les jeunes.

Risques auditifs, de quoi parle-t-on ?

Bourdonnements et sifflements, même temporaires et discrets, sont des signaux d’alerte traduisant une souffrance de l’appareil auditif. Les activités récréatives peuvent représenter un risque majeur. La fréquentation des lieux de diffusion de sons amplifiés (concerts, festivals, discothèques…), ainsi que l’écoute au casque ou aux écouteurs, dont l’usage s’est considérablement répandu ces dernières années parmi le jeune public, doivent s’accompagner d’un minimum de précautions pour préserver son capital auditif, en termes de volume et de durée d’écoute cumulée. D’autant qu’elles s’ajoutent aux expositions au bruit d’origine environnementale ou professionnelle, qui contribuent elles aussi à la dose globale de bruit.

Notons enfin que les nuisances sonores chroniques, à des niveaux moindres, ont-elles aussi des conséquences sanitaires. Elles peuvent être à l'origine des effets que l'on nomme extra-auditifs : troubles du sommeil, baisse de vigilance, ou encore développement de pathologies cardio-vasculaires.

L’impact de l’écoute musicale 

Les pratiques d’écoute musicale comprennent la fréquentation de salles de spectacle et de festivals diffusant de la musique amplifiée mais également l’écoute de musique sur les appareils mobiles, à l’aide d’un casque, d’écouteurs intra-auriculaires ou encore d’enceintes portatives, qui est particulièrement développée chez les adolescents. 

L’usage quotidien, durant plusieurs heures, à des niveaux sonores souvent élevés, expose ainsi la population des jeunes à un risque pour leur appareil auditif. La démocratisation des smartphones et tablettes numériques conduit aussi les plus jeunes, dès l’école primaire, à développer des comportements de consommation intensive de la musique, de la lecture de séries ou la pratique de jeux vidéo avec un casque sur les oreilles, renforçant la durée d’exposition directe à des niveaux sonores élevés. Jeux vidéo et gaming sont d’ailleurs les pratiques qui seront particulièrement mises en avant lors de la Journée Nationale de l’Audition (JNA) organisée par l’Association Nationale de l’Audition (anciennement Fondation pour l’audition) le 13 mars 2025.

Dans le même temps, la population des adolescents et des jeunes adultes fréquente plus assidument les salles de concert et les festivals, les établissements récréatifs diffusant de la musique amplifiée (bars musicaux, discothèques) et cumule ainsi les expositions aux niveaux sonores élevés. On peut également ajouter, pour une fraction de la jeunesse, la pratique d’instruments de musique, qu’ils soient acoustiques ou qu’ils disposent d’un son amplifié, pouvant également générer une exposition à des niveaux sonores élevés voire excessifs, régulièrement répétée. 

C’est donc tout naturellement que l’ARS Île-de-France a identifié cette tranche d’âge comme prioritaire et a développé des actions de prévention à destination des collégiens et lycéens, mais ciblant également les élèves dès l’école primaire, pour les sensibiliser aux risques auditifs et leur donner les clés pour une écoute responsable, et pour les mettre en capacité d’identifier les signes d’alerte et de réagir à temps si ces symptômes apparaissent. Ces actions de prévention sont menées en lien avec trois opérateurs principaux: le centre dinformation sur le bruit (CidB), le réseau des musiques actuelles dIle-de-France (Le RIF) et l’observatoire du bruit francilien (Bruitparif). Plusieurs dispositifs ont été mis en œuvre, alliant des interventions en classe, des expositions sur l'environnement sonore, ou encore les spectacles pédagogiques proposés par le RIF. 

Ces interventions ont été l’occasion de mieux connaitre les pratiques d’écoute musicale des collégiens et lycéens franciliens, à travers un questionnaire détaillé qui leur a été proposé systématiquement entre 2018 et 2021. L’analyse détaillée des réponses de 5817 collégiens, a été réalisée et publiée par le CIdB en novembre 2023.

Cette enquête montre que les comportements à risque (durée et niveaux d’écoute élevés, endormissement avec les écouteurs sur les oreilles) s’accroissent sensiblement avec l’âge. Ainsi, les élèves de 15 ans écoutent quotidiennement plus longtemps et plus fort la musique que les élèves de 11 ans. Ils sont également plus nombreux à s’endormir plusieurs soirs de la semaine avec les écouteurs sur leurs oreilles. Mais globalement, l’usage du casque augmente pour tous les âges en raison des nouvelles pratiques de visionnage de vidéos sur les smartphones ou la pratique des jeux vidéo sur les différents écrans, avec le casque. 

Cette tendance a conduit l’ARS et ses partenaires à développer des actions de prévention à l’attention des élèves d’écoles primaires, l’usage des smartphones et des tablettes numériques, souvent accompagnés de l’usage d’un casque ou d’écouteurs, débutant dès cet âge. Il est capital de toucher ces tranches d’âges, avec un discours adapté, avant que des pratiques potentiellement délétères ne s’installent, et de les impliquer autant que possible dans le relais de ces messages à destination de l’ensemble de la cellule familiale, dans une démarche de consommation responsable.

Une population particulièrement à risque : les élèves en filière professionnelle

Les élèves en lycée professionnel apparaissent doublement exposés : plongés sur leurs postes de travail dans un environnement sonore pouvant être particulièrement agressif, notamment pour certaines filières (métallurgie, BTP, secteur aérien…), leurs pratiques d’écoute musicale apparaissent aussi potentiellement plus à risques, tant en termes de durée d’écoute à niveau élevé que de fréquentation de discothèques et de concerts. Ils s’exposent ainsi à un risque de voir se déclarer précocement des pathologies auditives propres à limiter leur accès à certains emplois.

Le quatrième plan régional santé environnement (PRSE4) prévoit donc de développer des programmes de prévention à destination des élèves en filières professionnelles (centres d’apprentissage, lycées professionnels), portant sur leurs expositions individuelles et professionnelles, incluant  notamment les risques liés à l’exposition au bruit, aussi bien dans le cadre de leur futur métier que dans leurs pratiques de loisir.  

Rappelons que le Code du Travail prévoit l’obligation pour les employeurs de mettre en place des mesures pour protéger leurs salariés, portant sur trois volets 

  • prévenir l’exposition en agissant à la source, 
  • évaluer les risques d’exposition au bruit, 
  • protéger les salariés, notamment en limitant les durées d’exposition et en mettant à leur disposition des protections auditives adaptées. 

L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) propose sur son site internet une rubrique sur les risques et les mesures de protection à mettre en œuvre : Bruit. Ce qu’il faut retenir - Risques - INRS