Nuisances sonores et prévention des risques auditifs

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Le bruit est très présent en Île-de-France du fait de la forte densité des habitations, de son activité économique et de la densité des infrastructures de transport. L’exposition à ces nuisances sonores peut générer une perte de la qualité de vie des citoyens et avoir un impact sur la santé des personnes exposées.

L’enquête réalisée par le Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC) en 2021 place le bruit comme deuxième source de nuisance environnementale en Île-de-France (4ème inconvénient majeur à vivre dans la région). Les perceptions et la situation rencontrée par les Franciliens restent très variables selon les personnes interrogées ; les réponses apportées peuvent dépendre du département concerné, de la tranche d’âge ou de la catégorie sociale des personnes sondées.

Parmi les sources de bruits citées, on trouve le bruit des transports (routier, ferroviaire et aérien), les bruits de voisinage tels que les cris, les activités de bricolage ou le bruit des activités festives.

Comprendre la notion de bruit et connaître les différentes sources d’exposition 

Le son est un phénomène physique scientifiquement étudié, qui, pour autant, comprend une part de subjectivité dès que l’on aborde son ressenti. Un son ou un ensemble de sons devient bruit lorsqu’il est perçu comme dérangeant voire agressif. 

Plusieurs éléments le caractérisent : 

  • Sa fréquence (aigue ou grave), exprimée en Hertz (Hz) : l'oreille humaine perçoit les sons dont la fréquence est comprise entre 20 Hz et 20 000 Hz, 
  • Son intensité sonore, qui se mesure en décibel (dB). Si les sons audibles se situent pour l’homme entre 0 et 140 dB, on distingue le seuil de la douleur, aux alentours de 120 dB, et le seuil de danger, à environ 80 dB. Ces notions s’appliquent pour tout type de sons, y compris quand ils peuvent être a priori agréables (musique).
  • Son caractère continu ou évènementiel (les « pics de bruit », qui font sursauter ou réveillent la nuit et de fait peuvent être particulièrement impactant).

Nous évoluons au milieu bruyant d’origines diverses, qui ont tous leurs caractéristiques propres et qui se surajoutent : bruits de voisinage, bruit des transports, bruit récréatif (écoute de musiques amplifiées), bruit au travail…  au-delà des effets aigus, c’est la dose globale cumulée qui peut impacter la santé. 

Les effets du bruit sur la santé

Les effets sanitaires associés à l’exposition au bruit peuvent être regroupés en deux catégories :

Effets auditifs

L’altération du système auditif peut se manifester par une hypoacousie (surdité partielle ou totale), une hyperacousie (intolérance aux bruits) ou des acouphènes (sensation de sifflement continu dans les oreilles). Ces effets peuvent être réversibles ou irréversibles. Même quand ils sont temporaires, ils fragilisent néanmoins l’oreille humaine durablement. Bourdonnements et sifflements doivent être identifiés comme des premiers signaux d’alerte devant conduire chacun à prendre davantage soin de son audition et éviter de s’exposer. En effet, si ces effets se répètent, ils peuvent s’installer définitivement et devenir très handicapants dans la vie quotidienne. 

En cas d’apparition de ces symptômes, en l’absence de résolution spontanée et rapide il est impératif de consulter un médecin sans tarder, y compris les services d’urgence qui ont la capacité de les prendre en charge efficacement.

De plus, ils peuvent également créer dans certains cas un isolement chez la victime du fait des difficultés à communiquer (perte de l’intelligibilité de la parole, hyper-sensibilité aux sons).

Enfin, une exposition accidentelle soudaine et brutale à un niveau sonore excessif (explosion, coup de feu ou lors d’un concert) peut provoquer des lésions immédiates et définitives comme une perte d’audition ou la perforation d’un tympan. C’est un traumatisme sonore aigu, qui relève d’une prise en charge médicale en urgence.

Effets extra-auditifs

L’exposition répétée aux bruits, même d’intensité modérée, peut générer à terme des troubles du sommeil, augmenter le risque de pathologies cardio-vasculaires, induire l’apparition de stress, diminuer la vigilance. Ces effets sont ceux que l'on nomme extra-auditifs.

A noter que d’autres effets peuvent également être induits par la présence de bruits dans l’environnement tel que la perte de qualité de l’apprentissage, les difficultés de concentration, l’augmentation du nombre d’accidents du travail.

Le bruit des transports en Île-de-France

L’Île-de-France est caractérisée par un maillage dense des infrastructures de transport routiers et ferroviaires. Elle dispose également de trois aéroports internationaux (Roissy Charles-de-Gaulle, Orly et Le Bourget) et de nombreux aérodromes. Les infrastructures de transport constituent ainsi la première source d’exposition sonore pour les Franciliens. L’ensemble de ces moyens de transport font l’objet d’une surveillance environnementale mise en œuvre par l’observatoire régional du bruit en Île-de-France (Bruitparif). 

La surveillance du bruit des transports en Île-de-France

Bruitparif est en charge d’exploiter un réseau de mesures de bruit dans l’environnement, d’en interpréter les données et de les mettre à disposition du public et des acteurs locaux. Les mesures du bruit des transports reposent sur un réseau de stations fixes permettant la surveillance sur le long terme des niveaux sonores, mais également de stations mobiles permettant de réaliser des campagnes de mesure pour évaluer l’impact d’aménagements ou d’actions. Toutes les données de surveillance des stations permanentes du réseau sont consultables sur le site de Bruitparif.

Dans le cadre du projet SURVOL, Bruitparif a renforcé la surveillance du bruit autour des aéroports franciliens. Ainsi, des stations de mesures ont été déployées dans les zones survolées par les avions autour des plateformes aéroportuaires franciliennes et non couvertes par le réseau actuel de mesure exploité par l'aéroport de Paris. Les données issues des stations de mesure déployées dans le cadre du projet SURVOL sont mises en ligne en temps réel sur la plateforme d'information SURVOL, développée par Bruitparif. 

Impact sanitaire du bruit des transports en Île-de-France

Une étude menée en Île-de-France par Bruitparif en 2019 a permis d’évaluer l’impact sanitaire du bruit des transports sur les franciliens. Selon les évaluations statistiques réalisées par Bruitparif, 10,7 mois de vie en bonne santé seraient perdus en moyenne pour un francilien ayant vécu une vie entière dans la région. Ces résultats restent cependant très hétérogènes sur l’ensemble du territoire et peuvent varier entre 2,6 mois et 38,1 mois selon les communes.

Liens utiles :

Les bruits de voisinage 

Les bruits, par leur variété, relèvent de réglementations et d’autorités administratives différentes. Il n’existe pas une police unique dans la lutte contre le bruit. Pour plus de précisions, vous pouvez consulter le site Internet du Centre d’Information sur le Bruit (CidB).

Le maire est un acteur central dans la lutte contre les nuisances sonores. En vertu de ses pouvoirs de police générale, le maire est garant de la tranquillité publique sur le territoire de sa commune. Il dispose également de pouvoirs de police spéciale pour certaines catégories de bruits de voisinage tels que les bruits de comportement, de chantier ou de certaines activités professionnelles, sportives, culturelles ou de loisir (article R. 1336-4 et suivants du code de la santé publique).

Indépendamment, le Préfet a la possibilité d'édicter par arrêté préfectoral des dispositions particulières relatives à la lutte contre les bruits de voisinage dans le département. Ces dispositions peuvent par ailleurs être complétées par un arrêté du maire, plus restrictif, applicable sur le territoire de sa commune.

A ce titre, différents départements disposent d’un arrêté préfectoral relatif au bruit de voisinage. Pour connaître les dispositions particulières applicables dans votre département, consultez le site internet de votre préfecture.

Les lieux diffusant des sons amplifiés

Les lieux diffusant des sons amplifiés peuvent être à l’origine de risque pour l’audition du public et de nuisances pour les riverains. L’organisation de ce type d’activité est soumise à différentes règlementations : 

  • L’obligation de respecter des seuils de niveau sonore afin de prévenir les risques auditifs du public - information du public sur les risques auditifs (Code de la santé publique)
  • L’obligation de disposer et de maintenir à jour une étude de l’impact des nuisances sonores, et de veiller à la mise en œuvre des prescriptions – respecter les niveaux maximums d’émergences dans le voisinage (Code de l’environnement).

En cas d’infraction, le responsable de l’activité s’expose à des sanctions administratives et pénales.

Le contrôle de ces dispositions règlementaires est confié aux délégations départementales de l’ARS Île-de-France, sauf à Paris où ce sont les services de la Préfecture de Police qui sont en charge de l’instruction des signalements.