Journée mondiale de l’audition 2024 - La prévention du bruit en Île-de-France

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Dimanche 3 mars se tient la journée mondiale de l’audition 2024, définie par l’Organisation Mondiale de la Santé. A cette occasion, l’ARS Île-de-France réitère son engagement dans les actions de prévention du risque auditif lié à l’exposition aux niveaux sonores élevés.

L’exposition régulière à des niveaux sonores élevés ou l’exposition courte à des niveaux sonores excessifs peut provoquer des dommages auditifs prenant différentes formes (acouphènes, pertes d’audition, hyperacousie). Si ces effets sont souvent temporaires, ils fragilisent néanmoins l’oreille humaine durablement. Bourdonnements et sifflements doivent être identifiés comme des signaux d’alerte devant conduire chacun à prendre soin de son audition et éviter de s’exposer. En effet, si ces effets se répètent, ils peuvent s’installer définitivement et devenir très handicapants dans la vie quotidienne. 

Certaines secteurs professionnels (métallurgie, BTP, secteur aérien…) sont particulièrement exposés à des niveaux sonores élevés. Le Code du Travail prévoit l’obligation pour les employeurs de mettre en place des mesures pour protéger leurs salariés, portant sur trois volets :  

  • prévenir l’exposition en agissant à la source 
  • évaluer les risques d’exposition au bruit et 
  • protéger les salariés, notamment en limitant les durées d’exposition et en mettant à leur disposition des protections auditives adaptées. 

L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) propose sur son site internet une rubrique sur les risques et les mesures de protection à mettre en œuvre : Bruit. Ce qu’il faut retenir - Risques - INRS 

L’impact de l’écoute musicale 

Cependant, l’exposition à des niveaux sonores élevés n’est pas uniquement liée aux activités professionnelles mais peut aussi intervenir dans nos activités de loisir, et plus particulièrement dans nos pratiques de l’écoute musicale. Cette exposition prend plusieurs formes : la fréquentation de salles de spectacle et de festivals diffusant de la musique amplifiée mais également l’écoute de la musique au casque. 

L’écoute de la musique sur les appareils mobiles, à l’aide d’un casque recouvrant les oreilles, d’écouteurs intra-auriculaires ou encore d’enceintes portatives, est particulièrement adoptée par les adolescents. 

L’usage quotidien, durant plusieurs heures, à des niveaux sonores souvent élevés, expose ainsi la population des jeunes à un risque auditif. La démocratisation des smartphones et tablettes numériques conduit aussi les plus jeunes, dès l’école primaire, à développer des comportements de consommation forte de la musique, de la lecture de séries ou la pratique de jeux vidéos avec un casque sur les oreilles, renforçant la durée d’exposition directe à des niveaux sonores élevés. Enfin, la population des adolescents et des jeunes adultes fréquente plus massivement les salles de concert et les festivals, les établissements récréatifs diffusant de la musique amplifiée (bars musicaux, discothèques) et cumule ainsi les expositions aux niveaux sonores élevés. On peut également ajouter, pour une fraction de la jeunesse, la pratique d’instruments de musique, qu’ils soient acoustiques ou qu’ils disposent d’un son amplifié, pouvant également générer une exposition à des niveaux sonores élevés voire excessifs, régulièrement répétée. 

C’est donc tout naturellement que l’ARS Île-de-France a développé des actions de prévention à destination des collégiens et lycéens pour les sensibiliser aux risques auditifs et pour leur donner les clés pour maitriser leur exposition et identifier les signes d’alerte et les bons gestes à adopter si ces signes apparaissent. Ces actions de prévention sont menées en lien avec trois opérateurs principaux : le centre d’information sur le bruit (CidB), le réseau des musiques actuelles d’Ile-de-France (Le RIF) et l’observatoire du bruit francilien (Bruitparif). Plusieurs dispositifs de prévention sont mis en œuvre, alliant des interventions en classe, des expositions sur l'environnement sonore, l’utilisation de l’outil pédagogique « la mallette Kiwi » développée par Bruitparif, ou encore un spectacle pédagogique « Peace & lobe » proposé par Le Rif. 

En complément de ces interventions, les collégiens et lycéens franciliens sont incités à répondre à un questionnaire sur leurs habitudes d’écoute musicale. L’ensemble de ces questionnaires fait l’objet d’une analyse annuelle permettant d’identifier des évolutions de pratique et de comportement. Le CidB vient de publier dans le numéro 177 de sa revue trimestrielle « écho bruit » un article portant sur l’analyse des questionnaires recueillis au cours de 3 années scolaires (2018-2019, 2019-2020 et 202-2021), l’échantillon étant constitué de 5 817 collégiens. 

Cette étude montre que les comportements à risque augmentent avec l’âge. Ainsi, les élèves de 15 ans écoutent quotidiennement plus longtemps et plus fort la musique que les élèves de 11 ans. Ils sont également plus nombreux à s’endormir plusieurs soirs de la semaine avec les écouteurs sur leurs oreilles. Mais globalement, l’usage du casque augmente pour tous les âges en raison des nouvelles pratiques de visionnage de vidéos sur les smartphones ou la pratique des jeux vidéo sur les différents écrans, avec le casque. Cette tendance a conduit l’ARS et ses partenaires à développer des actions de prévention à l’attention des élèves d’écoles primaires, l’usage des smartphones et des tablettes numériques, souvent accompagnés de l’usage d’un casque ou d’écouteurs, commençant dès l’école primaire. 

Dans le cadre du quatrième plan régional santé environnement (PRSE4), dont l’adoption est prévue en avril prochain (mais dont une version provisoire est consultable sur le site Plan Régional Santé Environnement 4, de nouvelles actions de prévention seront développées à l’attention des élèves des filières professionnelles (centres d’apprentissage, lycées professionnels) afin de les sensibiliser aussi bien aux risques d’exposition à des niveaux sonores élevés dans le cadre de leur futur métier que dans leurs pratiques de loisir.  

Comprendre la notion de bruit, les différentes sources d’exposition et les impacts sur la santé 

Le bruit est un son ou un ensemble de sons perçus comme dérangeants. Le bruit est une notion très subjective, il peut être agréable pour certain-e-s et nuisible pour d’autres selon le contexte d’écoute. Le bruit peut provenir des transports (routiers, ferroviaires et aériens), des activités industrielles et commerciales, du voisinage et des activités de loisirs.  

Plusieurs éléments caractérisent un bruit : 

  • sa fréquence (aigue ou grave), l'oreille humaine est sensible aux sons dont la fréquence est comprise entre 20 Hz et 20 000 Hz 
  • son intensité sonore, qui se mesure en décibel (dB). Les sons audibles se situent entre 0 et 140 dB.  

Le seuil de la douleur est aux alentours de 120 dB, tandis que le seuil de danger pour l’oreille est à environ 85 dB. Sa durée, l’exposition prolongée et répétée est à risque, d’autant plus, si celle-ci approche le niveau du seuil de la douleur (par exemple en boite de nuit).  

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le bruit est le deuxième facteur de risque environnemental, après la pollution de l'air. Dans une étude de février 2019, l’observatoire du bruit (BruitParif) démontre que la pollution sonore liée à la densité des transports fait perdre en moyenne 10,7 mois par habitant, de vie en bonne santé en Île-de-France.  

Les nuisances sonores chroniques ont des conséquences sanitaires. Elles peuvent être à l'origine des effets que l'on nomment extra-auditifs - troubles du sommeil, baisse de vigilance, ou encore le développement de pathologies cardio-vasculaires. Outre les bruits imposés par notre environnement, nous pouvons être exposés à d’autres sources sonores dans le cadre de nos loisirs (écoute de musiques amplifiées) pouvant provoquer des dommages auditifs, acouphènes (sifflement d’oreilles), hyperacousie voire de la surdité. Enfin une exposition accidentelle soudaine et brutale à un niveau sonore excessif (explosion, coup de feu ou lors d’un concert) peut provoquer des lésions immédiates et définitives comme une perte d’audition ou la perforation d’un tympan. C’est un traumatisme sonore aigu : c’est une urgence médicale. Au-delà des effets aigus, c’est la dose globale cumulée qui va impacter la santé.  

L’oreille est comme un œil qui n’aurait pas de paupière : elle travaille constamment, et c’est l’ensemble des bruits (transports, voisinage, musique…) qui va avoir un effet sur l’organisme. Moins médiatisé que d’autres sujets environnementaux comme l’eau et l’air, l’amélioration de notre environnement sonore reste un enjeu important, et notamment en Île-de-France, région la plus peuplée et la plus dense du territoire national, et dotée d’une très forte activité économique.