Une priorité de santé publique
La prévention du suicide est un enjeu majeur de santé publique. Bien que le taux de suicide soit en baisse tendancielle depuis 20 ans, la France présente l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe, avec 9 203 décès estimés en 2017, selon l’observatoire du suicide. Selon une étude de la fondation FondaMental, le fardeau économique des suicides et tentatives de suicide en France en 2019 s’élève à 24 milliards d’euro, en tenant compte des coûts directs sanitaires et post mortem, ainsi que des coûts indirects liés notamment à la perte de productivité et la prise en charge du handicap.
Selon le Bulletin de Santé Publique Ile-de-France de 2023, 4 % des Franciliens de 18-85 ans ont déclaré avoir pensé à se suicider, proportion comparable à celle observée dans le reste de la France. En Île-de-France, un passage à l’acte concerne 6 % des personnes de 18-85 ans, les femmes bien plus que les hommes (respectivement 7 % et 4 %). En plus des jeunes, les agriculteurs, les personnes détenues, les minorités sexuelles et les personnes âgées sont particulièrement concernées par le risque suicidaire.
La prévention du suicide, et plus généralement la promotion de la santé mentale, est l’une des priorités du Projet régional de santé 2023-2028, dans sa fiche 1.6 du Schéma Régional de Santé. L'Agence, aux côtés de ses partenaires est engagée dans une stratégie globale qui comprend : le développement d’outils de suivi des suicides et des tentatives de suicide, des actions de prévention auprès des personnes à risque suicidaire et celles ayant déjà réalisé un passage à l’acte, la mise en place de formations au repérage, à l’évaluation du risque suicidaire et à l’intervention de crise auprès des personnes en crise suicidaire mais aussi des actions de postvention et d’accompagnement des personnes qui ont connu un suicide dans leur environnement et entourage.
Zoom sur quelques actions mises en place en Île-de-France :
Le 3114 : le numéro de prévention du suicide
Le 3114, est un numéro national de prévention du suicide lancé dans le cadre de la stratégie nationale de prévention du suicide. Un centre répondant est ouvert en Île-de-France depuis janvier 2023 porté par le GHU Paris psychiatrie et neurosciences et l’AP-HP.
Ce dispositif d’aide à distance est accessible 7j/7 et 24h/24. Il a pour but d’apporter une réponse réactive et personnalisée à toute personne confrontée à une crise suicidaire, ainsi qu’à ses proches aidants, aux professionnels, aux endeuillés du suicide et aux institutions impactées. Il permet de répondre à un public assez large et à l’ensemble des situations : accueil, écoute et orientation. Les répondants sont des psychologues et des infirmiers qui ont eux-mêmes une expérience en psychiatrie et dans le champ du suicide.
Depuis sa création, le 3114 a reçu plus de 90 000 appels venant de l’Île-de-France.
En savoir plus : 3114.fr
Le dispositif VigilanS : un suivi et un accompagnement des personnes à risque de réitération suicidaire
La survenue d'une tentative de suicide multiplie par 4 le risque de suicide ultérieur. Pour prévenir ce risque, le maintien du contact avec les personnes est essentiel. C’est l’enjeu du dispositif VigilanS né en 2015 dans les Hauts-de-France et qui est aujourd’hui effectif dans chaque département d’Île-de-France.
Toute personne prise en charge pour une tentative de suicide se voit proposer son inclusion dans VigilanS au moment de sa sortie. Elle est alors suivie et régulièrement contactée par des « vigilanseurs », des soignants formés qui pourront répondre efficacement en cas de mal-être ou de problème. Elle peut également les joindre directement via un numéro gratuit. Parallèlement, son médecin traitant et éventuellement son psychiatre traitant reçoivent un courrier les informant de l’organisation du dispositif et de l’entrée de leur patient dans celui-ci. Ils disposent eux aussi d’un numéro téléphonique dédié pour répondre à leurs questions.
Depuis leur création sur la région, les 4 dispositifs VigilanS franciliens ont inclus dans leurs suivis 9202 patients (données à fin juin 2024).
Selon l'évaluation de Santé Publique France, le risque de réitération suicidaire ou de décès par suicide est réduit de 38% pour les patients un an après leur inclusion dans VigilanS.
En savoir plus : Santé Publique France
Les formations en prévention du suicide
Les actions de formation forment un pilier de la stratégie de prévention du suicide et ont plusieurs déclinaisons :
- Des formations en prévention du suicide visant à constituer un réseau Sentinelle de prévention et d’orientation dans la population.
- La formation spécifique des professionnels pour le dépistage, l’évaluation, l’orientation et l’intervention de crise.
Trois formations standardisées construites par le GEPS (Groupement d'Etudes et de Prévention du Suicide) sont déployées à l’échelle régionale :
- Les formations « Evaluation et Orientation » et « Intervention de Crise » s’adressent aux professionnels cliniciens et visent à leur donner les clés pour évaluer et intervenir face à une crise suicidaire.
- La formation « Sentinelle », ouverte à tous, vise à renforcer les habiletés et dispositions spontanées de citoyens ou professionnels non-soignants pré-identifiés pour repérer, au sein de leur communauté de vie, les signes d’alerte d’un risque suicidaire et orienter les personnes repérées vers les ressources d’évaluation et/ou de soin adaptées.
En savoir plus sur les formations
La promotion de la postvention
En Île-de-France, des dispositifs de postvention, après un suicide, se développent, que ça soit des dispositifs de postvention pour les professionnels de la santé confrontés au suicide de patients (développement hospitalier de ressources), ou d’accompagnement d’endeuillés par suicide (association Empreintes, etc.).
Une plateforme d’informations et de ressources, la plateforme Espoir, recense les ressources à proximité.
En savoir plus : espoir-suicide.fr et empreintes-asso.com