Que sont les perchlorates ?
Les ions perchlorates sont des sels chlorés très solubles dans l’eau. Leur présence dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) peut s’expliquer par l’utilisation de perchlorate d’ammonium dans de nombreuses applications industrielles, en particulier dans les domaines militaire et aérospatial. D’autres sources de contamination ont également été observées : origine naturelle (observée au Chili et aux Etats-Unis), utilisation historique de salpêtre chilien (nitrate de sodium) exploité comme fertilisant en agriculture, impuretés dans des solutions industrielles d’hypochlorites utilisées pour la désinfection des eaux. Il existe aussi un lien entre la présence d’ions perchlorate dans l’environnement et les zones de combat durant la première guerre mondiale.
Quels sont les effets de l'ingestion de perchlorates sur la santé ?
Les perchlorates ne sont classés cancérogènes ou mutagènes par aucun organisme international. Les perchlorates peuvent, par compétition, induire une diminution de l’absorption d’iode qui pourrait, elle-même entraîner un déficit en hormones thyroïdiennes. Cet effet est constaté au niveau du fonctionnement biologique de l’organisme et ne se traduit pas par des symptômes cliniquement observables. Cependant à ce jour, les études épidémiologiques ne permettent pas de conclure à une relation causale entre une exposition environnementale aux perchlorates et des effets sur la fonction thyroïdienne.
Les perchlorates ne s’accumulent pas dans l’organisme humain et leurs effets sont réversibles. Les fluctuations de courte durée des hormones thyroïdiennes ne sont pas un problème chez l'adulte en bonne santé.
Quelles sont les recommandations ?
A ce jour, au niveau européen ou au niveau national, aucune exigence réglementaire n’est prévue spécifiquement pour les ions perchlorate dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) ou les eaux brutes utilisées pour la production d’EDCH, tant en termes d’analyses qu’en termes d’exigences de qualité.
Sur la base de plusieurs avis de l’Anses, qui reposent sur des calculs de seuils extrêmement protecteurs, la Direction Générale de la Santé (DGS) recommande, par principe de précaution :
- pour les femmes enceintes et allaitantes : de limiter la consommation d’eau dont la teneur en ions perchlorate dépasse 15 μg/L.
- pour la préparation des biberons des nourrissons de moins de 6 mois : de limiter l’utilisation d’eau dont la teneur en ions perchlorate dépasse 4 μg/L.
Quelles sont les personnes concernées par les recommandations sanitaires ?
Compte tenu des effets négatifs des perchlorates sur la production d’hormones thyroïdiennes, la vulnérabilité des personnes est liée au statut en iode de la thyroïde. Ainsi les personnes les plus à risque sont les fœtus et nourrissons de moins de 6 mois, du fait de l’immaturité de leur thyroïde.
De ce fait, les recommandations du ministère chargé de la santé concernent :
- les femmes enceintes, pour protéger le fœtus qu'elles portent ;
- les femmes allaitantes, pour protéger l'enfant qu'elles nourrissent ;
- les nourrissons de moins de 6 mois.
Pour les autres catégories de la population, il n’y a pas lieu de restreindre la consommation d’eau du robinet aux niveaux d’exposition actuellement mis en évidence.
Les travaux d’expertise n’ont pas identifié d’autres populations vulnérables (par exemple, les personnes âgées, immunodéprimées ou ayant des troubles de la thyroïde).
Quelle est la situation sanitaire dans la région Île-de-France ?
Les perchlorates ne sont pas recherchés en routine par les Agences régionales de santé (ARS) dans le cadre du contrôle sanitaire réglementaire.
Une campagne nationale de mesure de substances émergentes menée par l’ANSES en 2011-2012 a mis en évidence la présence d’ions perchlorates en Île-de-France. Une étude a été réalisée par le BRGM pour investiguer sur l’origine de ces ions perchlorates en Île-de-France.
Depuis, des analyses sont réalisées par l’ARS Île-de-France à intervalles réguliers. Les analyses réalisées sur la période 2019-2020, indiquent que, sur 639 analyses :
- La teneur en perchlorates dans l’eau du robinet est supérieure à 4 µg/L (seuil extrêmement protecteur), c'est-à-dire supérieure au seuil maximal recommandé chez les nourrissons de moins de 6 mois, pour 67 analyses, répartis sur 3 départements franciliens : la Seine-et-Marne, l’Essonne et le Val d’Oise.
- Les 639 résultats étaient cependant tous inférieurs aux 15 µg/L, seuil au-delà duquel une restriction pour les femmes enceintes et allaitantes est recommandée.
Toutefois, aucun lien direct entre les perchlorates présents dans l’environnement et des symptômes cliniques observables n’a pu être mis en évidence à ce jour. Il n’y a donc pas lieu de consulter spécifiquement un médecin en dehors du suivi médical habituel dans le cadre des examens obligatoires des nourrissons et des jeunes enfants.
L’ARS rappelle que les normes de potabilité de l’eau prennent en compte les personnes les plus fragiles dont les enfants et que, si la teneur en perchlorates dans l’eau du robinet est inférieure à 4 µg/L, cette dernière peut être utilisée pour préparer les biberons. Pour autant, si vous souhaitez préparer les biberons avec de l’eau en bouteille, il convient de privilégier les eaux portant la mention « convient à l’alimentation des nourrissons ».
Les dernières analyses réalisées, depuis 2024, indiquent les résultats suivants :
Seine-et-Marne
Une analyse des perchlorates est réalisée annuellement sur chaque Unité de Distribution dans le cadre du contrôle sanitaire depuis le 1er janvier 2023. Ainsi, au regard des dernières analyses, 53 communes de Seine-et-Marne (retrouvez les communes en cliquant ici) sont concernées en 2025 par une recommandation de non-consommation de l’eau pour les nourrissons de moins de 6 mois.
Essonne
La délégation départementale de l’Essonne assure un suivi complémentaire des ions perchlorates dans les eaux distribuées (en sortie d’usine) depuis plusieurs années. Ainsi pour les années 2024 et 2025, 33 analyses ont été réalisées (4 analyses supplémentaires sont prévues sur fin 2025) dont 33 valeurs supérieures à 4 µg/L et aucune valeur supérieure à 15 µg/L(retrouvez les communes en cliquant ici) .
Val d’Oise
Dans le Val d’Oise, des analyses complémentaires sont également réalisées. 346 analyses ont été réalisées à la fois en ressource, en sortie d’usine et en distribution.
Pour la seule année 2024, 53 prélèvements et analyses ont été réalisés en sortie d’usine dont 5 valeurs étaient supérieures à 4 µg/L avec une valeur maximale à 7,13 µg/L.
Dans un souci d’harmonisation des pratiques, le paramètre perchlorates sera intégré au contrôle sanitaire réglementaire des trois départements concernés dès le dernier trimestre 2025. Ainsi, ce paramètre apparaitra désormais sur les fiches de synthèse annuelle sur la qualité de l’eau et les résultats d’analyses seront visibles sur le site ministériel sur la qualité de l’eau potable.
Existe-t-il un traitement efficace pour éliminer les perchlorates de l'eau du robinet ?
Le traitement des perchlorates par des résines échangeuses d’ions, des procédés membranaires ou par dilution peut être envisagé, afin de réduire leur teneur au robinet. Les procédés de traitement sont encadrés par la réglementation pour vérifier leur innocuité et leur efficacité.





