Dr. Hélène Balloul – pédiatre
Comment êtes-vous arrivée à pratiquer la médecine et la pédiatrie en PMI ?
J’ai commencé ma carrière dans le milieu hospitalier avant de rejoindre la PMI il y a quelques années. Après le bac, je me suis inscrite en médecine, un choix influencé par mon envie de m’engager dans l’humanitaire, de travailler avec les enfants et de lutter contre la malnutrition. Mon parcours en médecine classique m’a menée à une rencontre décisive en pédiatrie, lors de mon externat à l'hôpital intercommunal de Créteil, avec un professeur qui avait un côté très humaniste et qui m’a donné l’envie de me spécialiser en pédiatrie hospitalière.
J’ai donc travaillé longtemps à Créteil, dans un environnement où nous soignions beaucoup de familles défavorisées, notamment des familles migrantes d’Asie du Sud-Est. Ce travail m’a passionnée, particulièrement avec les pathologies rares et exotiques. Ensuite, j’ai élargi mon champ d’action en pratiquant la pédiatrie générale dans des hôpitaux parisiens et de la banlieue parisienne, tout en restant attachée à la prévention et à la médecine publique.
J’ai également eu l’occasion de travailler à l’hôpital Bichat sur des problématiques liées au VIH et à la médecine tropicale, principalement pour des patients originaires d’Afrique. Puis, pour des raisons personnelles, j’ai rejoint la PMI, attirée par l’opportunité de ne plus avoir de gardes, ce qui est devenu difficile à concilier avec la vie de famille à 40 ans.
Aujourd’hui, en tant que médecin de territoire, je supervise plusieurs centres de PMI, tout en continuant à faire deux consultations cliniques hebdomadaires. Mon rôle s’articule autour de la prévention, du dépistage et de l’orientation des familles, en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire (puéricultrices, psychologues, gynécologues, conseillères conjugales, etc.). Je travaille également en coordination avec l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) et les assistants sociaux, et j’ai contribué à des projets comme le soutien au développement du langage chez les jeunes enfants.
Une définition de la santé publique ?
La santé publique, pour moi, c’est avant tout l’égalité d’accès aux soins pour tous, l’universalité du service public, et la notion d’équité. Pendant tout mon parcours, hospitalier puis comme médecin territorial, j’ai toujours travaillé et été engagée pour le service public. Les jeunes médecins, aujourd’hui, semblent moins attachés à cette fidélité envers les structures publiques, avec des rotations plus fréquentes et une baisse du nombre de médecins en PMI.
La rémunération en PMI est inférieure à celle du secteur libéral certes, mais le travail réalisé est différent. En plus des consultations, il y a un aspect très humain dans l’accompagnement des familles et la gestion d’équipes. C’est d’ailleurs ce travail d’équipe, au sein des centres PMI, avec des partenaires sociaux et médicaux, qui est extrêmement précieux. »
Quels sont les publics et le rôle que peut avoir une PMI ?
Le service départemental de PMI est universaliste et accueille tout public sans condition, cependant beaucoup de familles sont en grande précarité, souvent issues de l’immigration. Les enjeux sont multiples, allant de l’accès aux soins de base (vaccins, repérage) à des problématiques plus complexes de soutien à la parentalité ou de lutte contre la pauvreté. Dans certains territoires, ces familles ont besoin d’abord d’un toit stable avant de pouvoir aborder des questions de prévention et promotion en santé.
Dans ce contexte, le rôle de la PMI est essentiel. Que ce soit pour les vaccinations, les dépistages la prévention par exemple contre l’obésité et les caries dentaires, notre travail a un impact direct sur la santé des enfants. C’est un travail qui allie clinique, prévention, promotion de la santé et une forte dimension sociale, ce qui reste passionnant.
Recevoir une famille et me dire que j’ai contribué à ce qu’elle aille mieux, cela me porte !
Dr. Pauline Vasseur – médecin de santé publique
Comment êtes-vous arrivé à pratiquer la médecine en PMI ?
Après six années d'externat en médecine, j'ai choisi de me spécialiser en santé publique, un domaine méconnu, souvent même des professeurs de la faculté de médecine.
Je me rappelle certains professeurs qui disaient des choses comme : « si vous ne bossez pas bien ou pas suffisamment vous finirez en santé publique » dans des villes peu prestigieuses.
Très tôt, j'ai su d’ailleurs que je ne voulais pas travailler à l’hôpital. J’étais frustrée par le fait de pas passer assez de temps avec chaque patient, et l’ambiance pesante des structures hospitalières m’a éloignée de cette voie.
Pendant l’externat, les enseignements en santé publique étaient limités et souvent centrés sur des aspects très réglementaires ou à la lecture critique d’articles scientifiques.
Cependant, durant mes études, j'ai développé un intérêt marqué pour la santé environnementale et les inégalités sociales de santé, un sujet qui n’était pas vraiment abordé en cours ni à l’hôpital.
C'est en me renseignant davantage sur la spécialité Santé publique que j'ai découvert des possibilités d'action variées, notamment dans les domaines de l’épidémiologie, de la prévention, et de la santé environnementale. Les internes en santé publique sont très attachés à valoriser leur spécialité pour mieux la faire connaître.
Il n’y a pas deux internats de santé publique qui se ressemblent, on peut vraiment s’orienter dans des champs vraiment différents : les politiques de santé, la prévention et la promotion de la santé, la recherche clinique ou encore l’épidémiologie, avec la possibilité de garder une activité clinique.
A l’issue de mon internat, très axé sur les liens entre environnement et santé, je me suis tournée vers les collectivités territoriales à la recherche d’une activité mêlant épidémiologie et actions concrètes en prévention et promotion de la santé.
La santé publique en PMI ?
Aujourd’hui, mes missions au sein de la Direction de la PMI, me permettent d’aborder un vaste panel de thématiques, et d’allier l’observation de données de santé à la participation à la mise ne place d’actions concrètes sur le territoire en fonction des besoins identifiés grâces aux données. L’échelle du département est en effet tout à fait adaptée pour développer ces deux aspects en restant proche des réalités du terrain. Cela donne du sens à l’activité, c’est précieux car il peut arriver lorsqu’on exerce en Santé Publique, d’avoir l’impression de travailler pour des projets plutôt que pour la santé des personnes.
J’ai des missions quotidiennes qui sont afférentes à mon poste mais il y a beaucoup de latitudes sur les projets sur lesquels je peux m’investir, notamment en santé-environnement.
Le système de santé français, est fragilisé par la crise de la démographie médicale. Des indicateurs, comme la mortalité infantile en Île-de-France, montrent qu'il y a des failles, probablement multifactorielles et liées à des problèmes d’accès à la santé pour les populations précaires. La santé dépasse largement les soins médicaux, englobant des questions sociales, de logement, d’environnement…
Travailler à l’échelle départementale permet de rester proche des réalités du territoire. Les missions réalisées au plus proche des besoins des populations donnent du sens à l’activité.
Un des défis de la PMI est de se faire connaitre auprès des professionnels de santé et de maintenir l’engagement des jeunes professionnels, surtout face aux défis de travailler avec des populations précaires. Pourtant, la PMI représente une opportunité unique pour avoir un impact concret sur la santé des jeunes enfants et des familles, y compris dans des domaines telles que la santé environnementale.
Le travail en PMI permet d’agir en amont de la survenue de pathologies ou troubles, le plus précocement possible. La période périnatale est en effet la période idéale pour la prévention.
Les projets que je porte m’amènent à travailler avec un large panel de professionnels : médecins, sage-femmes, puéricultrices, éducatrices de jeunes enfants etc. Cette collaboration permet de proposer des solutions adaptées aux besoins spécifiques des famille.
Une définition de la santé publique
Au début de mon internat, il était difficile d’expliquer ce qu’était ma spécialité : en effet pour la plupart, la médecine renvoie directement au soin, à l’activité clinique.
La santé dépasse largement le cadre du soin et il est possible d’agir sur la santé des individus mais aussi des populations, par la connaissance des déterminants de la santé et les actions pouvant influer sur ces déterminants. Je dirais que la santé publique rassemble tout ce qui permet d’agir pour améliorer la santé (au sens large) des populations, en prenant en compte les inégalités sociales de santé, car ne pas les prendre en compte, c’est les creuser inévitablement.
Sur les populations que vous accompagnez ?
La population que nous accompagnons en PMI est très hétérogène, allant des familles en grande précarité à des familles avec un meilleur niveau socio-économique. Nous cherchons à adapter nos actions en fonction des besoins spécifiques des populations. Dans le département, les centres de PMI sont répartis sur des territoires bien définis, ce qui permet d’avoir une connaissance fine des besoins locaux et d’agir de manière ciblée. Cette approche locale permet de mettre en place des actions concrètes et adaptées aux enjeux de chaque population, notamment dans le domaine de la prévention, où la PMI joue un rôle clé.





