La prise en charge des crises et des urgences psychiatriques

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En Île-de-France, près de 100 000 passages aux urgences chaque année sont liés à un motif psychiatrique, soit près de 5% de l’ensemble des passages aux urgences. Ces situations donnent lieu à une hospitalisation dans un tiers des cas (contre un peu plus d’un sur dix en moyenne pour les autres motifs), trop souvent après une attente prolongée.

Une urgence psychiatrique se caractérise par une situation dans laquelle une demande de soin ne peut être différée. Elle peut être exprimée par la personne elle-même, son entourage ou un professionnel, et implique une réponse rapide et adéquate pour atténuer le caractère aigu de la souffrance psychique. Ces situations peuvent concerner les mineurs, en particulier les adolescents, comme les majeurs, jusqu’au grand âge. Elles peuvent prendre la forme d’une grande détresse psychique, d’une crise suicidaire, d’un trouble du comportement, d’une décompensation d’un trouble psychiatrique, etc.

En Île-de-France, près de 100 000 passages aux urgences chaque année sont liés à un motif psychiatrique, soit près de 5% de l’ensemble des passages aux urgences. Ces situations donnent lieu à une hospitalisation dans un tiers des cas (contre un peu plus d’un sur dix en moyenne pour les autres motifs), trop souvent après une attente prolongée. Dans certains cas, elles peuvent nécessiter une admission en soins sans consentement.

Face à ces enjeux, l’ARS Île-de-France déploie une stratégie régionale structurée autour de trois axes : prévenir la crise en psychiatrie, organiser un meilleur accueil de la crise psychiatrique in situ, et améliorer la continuité des soins après l’urgence.

Prévenir la crise

Soutenir les proches et renforcer leurs capacités

L’ARS Île-de-France soutient plusieurs programmes de psychoéducation familiale, qui visent à informer, orienter et accompagner les proches de personnes vivant avec des troubles psychiques :

  • Programme BREF, coporté par l’Unafam et le GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences : il permet un accompagnement précoce et structuré des aidants. Ce programme a démontré son efficacité sur la réduction des rechutes, des hospitalisations, des arrêts de travail et des tentatives de suicide.
  • Profamille : destiné aux familles de personnes souffrant de troubles schizophréniques.
  • I CareIYou Care : programme de psychoéducation conjointe patient-proche à la suite d’un premier épisode psychotique.
  • Connexions Familiales : pour les familles confrontées à des troubles de la régulation émotionnelle ou de la personnalité borderline.

Anticiper les crises

Des organisations et démarches permettant aux personnes concernées de rester actrices de leur parcours de soins peuvent être davantage soutenues et déployées dans la région

  • Les plans de crise conjoints rédigés en amont par la personne  pour exprimer ses souhaits en matière de soins et d’accompagnement en cas de crise.
  • Les équipes mobiles de crise et les soins intensifs à domicile permettant d’aller vers les patients et de les prendre en charge chez eux, dans leur environnement.

Améliorer l’orientation préhospitalière et éviter les passages aux urgences non pertinents : le SAS “Psy”

L’ARS Île-de-France soutient le déploiement progressif du volet psychiatrique du service d’accès aux soins, adossé au numéro 15, pour garantir une réponse rapide et spécialisée en cas de détresse psychique. Ce service permet à une équipe de psychiatrie (infirmiers et/ou psychiatres), en lien avec la régulation médicale, d’évaluer la situation, d’apporter un soutien téléphonique, d’orienter vers les soins appropriés, et parfois de mobiliser une équipe à domicile. Déjà actif à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et les Yvelines, il est en cours de déploiement dans l’Essonne

Prévenir la réitération suicidaire : le dispositif VigilanS

Avec le soutien de l’ARS Île-de-France, le dispositif VigilanS permet un suivi post-crise après une tentative de suicide. Il repose sur des contacts téléphoniques ou par SMS sur les mois suivant un passage aux urgences, afin de maintenir le lien et de réorienter vers les soins si besoin. Déjà actif dans tous les départements franciliens, VigilanS montre des résultats probants : selon Santé publique France, il permet de réduire de 38% le risque de réitération suicidaire dans les 12 mois suivant la tentative de suicide.

Répondre à l’urgence : améliorer l’accueil et la prise en charge in situ

L’accueil aux urgences générales

C’est le cas de figure le plus fréquent. Les services d’urgences doivent pouvoir bénéficier de la présence ou de l’appui des équipes spécialisées en psychiatrie selon leur niveau d’activité ; les locaux doivent également être adaptés pour ces prises en charge. Plusieurs leviers sont mobilisés : renforcement des équipes, formalisation des coopérations entre services d’urgence et services de psychiatrie, soutien à l’aménagement des locaux.

Le Centre Psychiatrique d’Orientation et d’Accueil (CPOA)

Soutenu par l’ARS, le CPOA, sur le site de Sainte-Anne du GHU Paris Psychiatrie Neurosciences, propose un accueil inconditionnel et non sectorisé à toute personne à partir de 16 ans. Il propose également des consultations sans patient, pour les proches. Accessible sans rendez-vous, il permet également, sur indication médicale, des visites à domicile.

D’autres structures spécialisées et renforcées pour l’accueil des urgences psychiatriques

Certains établissements franciliens, avec le soutien de l’ARS, développent des unités spécifiques adossées aux urgences, comme au Centre hospitalier de Saint-Denis qui dispose d’un centre renforcé d’urgences psychiatriques, dit CRUP. Ces structures permettent d’affiner l’évaluation, de réduire les soins sous contrainte, voire l’hospitalisation, et de favoriser une orientation adaptée en 24 à 72 heures.

Des soins non programmés en CMP

L’ARS Île-de-France soutient le développement d’accueils en soins non programmés dans les Centres médico-psychologiques (CMP), ainsi que l’accès  en soirée et les week-ends, pour proposer une alternative aux urgences hospitalières.

 

Fluidifier l’aval et améliorer la continuité des soins après l’urgence

La cellule régionale d’appui à la recherche de lits

Créée par l’ARS Île-de-France en 2022, la cellule régionale d’appui à la recherche de lits aide les équipes dans la recherche d’une solution d’hospitalisation  l pour un patient qui ne peut être admis dans son secteur dans les délais adaptés. Confiée au GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences, elle facilite la coopération entre établissements et cherche réduire le temps d’attente aux urgences, en étendant la recherche d’une solution à l’ensemble de la région.

L’accès à des soins en post-urgences pour éviter les ruptures ou faciliter le relai dans les meilleures conditions

L’ARS Île-de-France soutient également des dispositifs ou organisation de prise en charge post-urgence pour accompagner les personnes après un passage aux urgences :

  • consultations post-urgences
  • suivi ambulatoire intensif en CMP 
  • hôpitaux de jour post-crise, pour une stabilisation à court terme, en particulier en pédopsychiatrie (ex. ATRAP à Paris)

Ces organisations visent à sécuriser la sortie de crise et à éviter les hospitalisations répétées.

Le renforcement du capacitaire régional

Des unités nouvelles ont pu ouvrir ou des établissements augmenter leur capacité au cours des deux dernières années, en particulier dans le cadre de la politique régionale de soutien à l’investissement en psychiatrie (une trentaine d’opérations priorisées sur 2023-2025).