Journée mondiale des troubles des conduites alimentaires : une approche pluridisciplinaire pour mieux les comprendre et mieux les traiter

Actualité

A l’occasion de la 2ème journée mondiale de lutte contre les troubles des conduites alimentaires du 2 juin 2024, retour sur les principales caractéristiques de ces pathologies encore peu connues du grand public et sur les dispositifs mis en place pour y faire face.

Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont des troubles psychiatriques, dont les complications somatiques peuvent être nombreuses et graves. Ils sont ainsi à dissocier d’une perte d’appétit, du grignotage ou de restrictions alimentaires liées à un régime par exemple. Médicalement reconnus, ces troubles nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire, adaptée et conforme aux recommandations de bonnes pratiques professionnelles.

Si l’origine des TCA est multifactorielle, les facteurs de risque sont nombreux (génétiques, biologiques, développementaux, comportementaux et sociaux) et non spécifiques, et leur poids relatif n’est pas connu. Les troubles des conduites alimentaires apparaissent généralement à l’adolescence et concernent majoritairement les femmes. Toutefois, ils peuvent également survenir chez les hommes, se déclenchant pendant l’enfance ou à l’âge adulte.

On distingue différents troubles des conduites alimentaires :

  • L’anorexie mentale qui concerne davantage les adolescentes et les jeunes femmes. Un diagnostic d’anorexie mentale repose sur 3 critères principaux : un amaigrissement significatif ou un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 17,5 ; une « perte de l’appétit » avec des comportements d’évitement pour empêcher la prise de poids ; une perturbation de l’image corporelle. Des signes d’alerte complémentaires sont souvent associés.
  • La boulimie nerveuse, qui concerne également les adolescentes et les jeunes femmes en majorité. Elle consiste en l’ingestion d’un volume alimentaire important en un temps restreint, à un rythme fréquent ou ponctuel, associée à un sentiment de perte de contrôle. Les personnes boulimiques mettent souvent en place des comportements compensatoires pour neutraliser leur prise de poids : vomissements, prise de laxatifs ou de diurétiques, périodes de jeûne et exercices excessifs. La boulimie touche environ 1,5 % des 11–20 ans* et concerne environ trois jeunes filles pour un garçon.
  • L’hyperphagie boulimique, rare chez les adolescents et préadolescents qui se présente sous la forme de crises de boulimie incontrôlées et récurrentes, sans comportements compensatoires. L’hyperphagie boulimique est plus fréquente que la boulimie (3 à 5 % de la population). Elle touche presque autant les hommes que les femmes et elle est plus souvent diagnostiquée à l’âge adulte.
  • Les troubles des conduites alimentaires non spécifiés, qui désignent toutes les problématiques qui ne répondent pas aux critères mentionnés précédemment. Selon les études, ils sont 5 à 10 fois plus fréquents que les troubles cités ci-dessus.

Le rôle de l’ARS et l’offre de soins régionale

La prise en charge des troubles des conduites alimentaires est une partie intégrante du volet “santé mentale” du Projet Régional de Santé 2023-2028, publié fin octobre 2023 et qui définit la stratégie de l’Agence pour les années à venir. Les objectifs de l’Agence dans ce domaine sont d’améliorer la prise en charge des troubles dans la région, en organisant une réponse mieux graduée et plus précoce ; de favoriser la coopération entre les acteurs des différents niveaux de soins, entre les services spécialisés et non spécialisés, entre les services somatiques et psychiatriques ; et enfin d’optimiser la prise en charge et faciliter l’orientation selon l’âge et le niveau de sévérité des troubles.

Une instruction ministérielle parue en 2020 est venue préciser le rôle des Agences Régionales de Santé quant à la structuration d’une offre de soins graduée de repérage, d’évaluation et de suivi pour les TCA, aboutissant en 2021, pour l’ARS Île-de-France, au lancement d’un appel à projet visant la création d’hôpitaux de jour d’évaluation pluri-professionnelle hospitalière spécialisée sur les TCA. Ces structures permettent une évaluation pluri professionnelle somatique, nutritionnelle et psychiatrique hospitalière spécialisée. A l’issue de cet appel à projet, 11 lauréats ont été retenus en 2022 et ont bénéficié d’un financement de l’Agence.

  • Service de pédopsychiatrie- Hôpital Robert Debré APHP 75
  • Service hospitalo-universitaire de santé mentale (SMAJA) de santé des adolescent.es et jeunes adultes - Clinique FSEF Paris 16 - Fondation Santé des Etudiants de France (FSEF) 75
  • Service de pédopsychiatrie - Institut Mutualiste Montsouris 75
  • Maison de Solenn, MDA de l’hôpital Cochin APHP
  • Unité de Médecine de l’adolescent - Centre Hospitalier Intercommunal de Poissy 78 (cet HDJ n’est cependant pas en fonctionnement actuellement)
  • Unité de Médecine de l’adolescent- Centre Hospitalier Sud Francilien 91 
  • Unité de Médecine de l’adolescent - Hôpital Ambroise Paré APHP 92 
  • UFITAA – Unité Familiale Interhospitalière pour les TCA de l’Adolescent - Hôpital Jean Verdier et EPS Ville-Evrard- Bondy 93
  • CITTA - Centre Intégré de Traitement des Troubles Alimentaires - Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil (pédopsychiatrie et pédiatrie) 94
  • Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale – CMME – GHU Paris psychiatrie et neurosciences 75
  • Service de nutrition - Hôpital Paul Brousse APHP 94

L’ARS poursuit son travail de structuration de l’offre francilienne et travaille en partenariat étroit avec le Réseau TCA Francilien, qui constitue un partenaire privilégié sur les chantiers menés afin de répondre aux objectifs du PRS 3.

Le réseau TCA Francilien

Le réseau TCA Francilien est une association dite de loi 1901, constituée d’un ensemble de soignants qui prennent en charge des personnes atteintes de TCA (nutritionnistes, pédiatres, réanimateurs, psychiatres et pédopsychiatres, kinésithérapeutes...). Il a pour missions la coordination des soins et l’amélioration dans l’orientation des patients, la formation des professionnels de santé et le rapprochement des réseaux ville et hôpital, ainsi que l’interaction avec les autorités de santé.

L’ARS Île-de-France soutient le réseau TCA par le biais d’un fond accordé afin d’améliorer les connaissances sur les sujets TCA via la formation de professionnels de santé issus de services de soins non spécialisés, mais qui prennent en charge des TCA. L’offre de soins spécialisés étant pour le moment limitée, il est important de doter les services de soins non spécialisés de ces ressources, permettant que les structures spécialisées se concentrent sur les problématiques les plus complexes. L’ARS nous soutient également dans la création d’une plateforme d’accueil et d’orientation pour optimiser l’accès aux soins et ainsi limiter l’errance des patients. Elle est prévue pour novembre 2024 et permettra aux soignants de premiers recours d’accéder à des outils cliniques, des catalogues de formations, à des recommandations professionnelles dont celles de la HAS (Haute Autorité de Santé), à des fiches techniques et à de la télé-expertise pour la prise en charge de cas complexes.

  •   Pr Mouna GUIDOUM, Présidente du réseau TCA-Francilien

D’autres dispositifs existent en complément de l’offre de soins spécialisés dans l’accompagnement des troubles du comportement alimentaire, par exemple la ligne d’écoute Anorexie Boulimie Info Ecoute, assurée par le réseau TCA Francilien et soutenue par l’ARS, et qui participe à la prévention, au repérage et à l’orientation des personnes, tant pour le grand public que les professionnels.

Les évènements prévus autour de la journée mondiale de lutte contre les TCA

Vous pouvez retrouver ici les évènements prévus au sein des différentes structures de soins, sur le territoire francilien comme sur le reste du pays, afin de sensibiliser, informer et orienter les différents publics sur les problématiques relatives aux troubles des conduites alimentaires.