Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 : l'ARS Île-de-France mobilise et organise

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Dans un peu moins de six mois, la France accueillera le monde entier pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Un événement planétaire, pour lequel l’Agence régionale de santé Île-de-France se prépare depuis de près de deux ans. Coup de projecteur sur les coulisses d’un engagement collectif.

206 délégations, 15 000 athlètes, plus de 800 épreuves au total, environ 10 millions de spectateurs attendus… Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) qui auront lieu du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre prochains représentent le plus grand événement jamais organisé dans notre pays, a fortiori dans notre région, qui concentre à elle-seule 90 % des sites de compétition. Dans cette perspective, l’Agence régionale de santé Île-de-France se mobilise pour mener à bien les missions qui lui reviennent, sous l’égide de la Délégation interministérielle aux Jeux olympiques et Paralympiques (DIJOP) et du ministère de la Santé.

Nathalie Nguyen

 « Bien sûr, nous ne faisons pas cavalier seul ! La préparation des Jeux est un chantier d’une telle envergure qu’il nécessite l’implication orchestrée et concertée de multiples acteurs, indique Nathalie Nguyen, cheffe de projet Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 à la Direction de l'offre de soins. C’est en fait une véritable aventure collective dans laquelle est engagée l’ARS. »  

Une préparation collective et coordonnée

Ainsi, plusieurs collaborateurs de l’Agence participent activement aux groupes de travail pilotés par le ministère de la Santé en vue des Jeux – sur les risques sanitaires, les dispositifs de surveillance, la continuité de l’offre de soins… Une organisation collective qui se déploie également au niveau intra-régional avec les délégations départementales et directions métiers de l’ARS, les partenaires de la ville comme de l’hôpital « afin de coordonner l’application des directives ministérielles dans les territoires tout en centralisant les remontées terrains des acteurs locaux », ajoute Jéromine Lemaire, chargée de mission Gestion de crise cyber et préparation JOP 2024 au sein de la direction de la Veille et Sécurité Sanitaire.

Organiser et garantir les soins pour tous

Pour Paris 2024, la mission première de l’ARS consiste à organiser et garantir les soins pour tous, Franciliens, visiteurs, touristes comme athlètes. Concrètement, cela signifie d’abord assurer la continuité des soins à l’hôpital mais aussi renforcer spécifiquement des établissements de santé, identifiés par l’ARS en raison de leur proximité avec les sites de compétition (lien focus 1). 
« Pour ces établissements, l’idée est de « renforcer sans surmobiliser », explique Nathalie Nguyen. Nous demandons essentiellement d’anticiper la gestion des plannings estivaux et d’avoir un capacitaire en termes de ressources humaines et de lits légèrement supérieur à un été standard. ». 
L’état d’esprit est le même pour les soins de ville avec, par exemple, une augmentation prévue des capacités d’accueil des maisons médicales de garde pour les soirs et le week-end, dans l’optique de permettre à tous d’accéder aux soins et d’éviter la saturation des établissements de santé. « La direction de la communication de l’ARS jouera pour sa part un rôle important en diffusant auprès du grand public des informations pratiques sur l’accès aux soins dans notre région pendant les Jeux », souligne Nathalie Nguyen. 

Conforter les moyens pré-hospitaliers

Un autre volet clé de l’action de l’ARS dans le contexte des JOP porte sur les moyens pré-hospitaliers. « Sur ce plan, l’enjeu est double puisqu’il s’agit à la fois de conforter et de renforcer les capacités opérationnelles des moyens SAMU/SMUR, mais aussi de pré-positionner les moyens tactiques indispensables pour faire face à certains types de situations sanitaires exceptionnelles qui nécessitent des équipements spécifiques pour la prise en charge de victimes, détaille Jéromine Lemaire. Cela suppose une collaboration étroite avec les acteurs de terrain et la préfecture de Police pour anticiper les enjeux de mobilité à des périodes où la circulation sera fortement contrainte. »

Mobilisation à tous les étages

Au-delà de la question de l’accès aux soins, la préparation à cet évènement majeur passe également par une anticipation et un renforcement des dispositifs de surveillance et de prévention des risques sanitaires (qualité des eaux de baignade, lutte anti-moustiques vecteurs de maladies, surveillance des maladies infectieuses transmissibles), l’anticipation des risques cyber (lien focus 2), l’accompagnement des publics précaires (SDF, migrants…)

Enfin, il faut mentionner la préparation de « l’Héritage » des Jeux, notamment en matière de pratiques physiques et sportives adaptées et de lutte contre la sédentarité. Autant de sujets qui feront l’objet de présentations plus détaillées dans les prochains numéros la Lettre de l’ARS !

Quelle cybersécurité à l’heure des JOP ?

Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 suscitent l'enthousiasme du monde entier, mais avec cette grande célébration sportive émerge également une menace grandissante et omniprésente : les risques cyber.  Les acteurs du système de santé franciliens sont une cible de choix et l’Île-de-France n’est pas épargnée, ainsi que l’ont montré plusieurs attaques majeures enregistrées en 2022, en particulier celles subies par le Centre Hospitalier Sud Francilien et le Centre Hospitalier de Versailles. Face à cette situation, la Direction de l'innovation, de la recherche et de la transformation numérique (DIRNOV) et le département Défense et Sécurité de la direction de la Veille et Sécurité Sanitaire de l’ARS font front commun pour prévenir les risques d’une part, et gérer les éventuels incidents d’autre part. "Et l’enjeu est de taille dans la mesure où une cyberattaque peut avoir un impact sanitaire immédiat et désorganiser gravement l’offre de soins", remarque Jéromine Lemaire, chargée de mission Gestion de crise cyber et préparation JOP 2024 au sein du département Défense et Sécurité de la Direction de la veille et sécurité sanitaires. 

Un plan de renforcement de la cybersécurité en mode accéléré

Jéromine Lemaire et Christian Lemaire

Depuis 2021, l’ARS Île-de-France déploie sur son territoire le plan de renforcement de la cybersécurité lancé par le ministère de la Santé en collaboration avec Sesan, le groupement régional d'appui au développement de la e-Santé (GRADeS) d'Île-de-France. « Et ce, en impliquant les équipes IT des établissements, bien-sûr, mais aussi les directions et les équipes soignantes utilisatrices qui ont toutes un rôle à jouer en matière de cybersécurité », précise Christian Lemaire, chargé de mission numérique et cybersécurité à la DIRNOV. Dans la prévision des Jeux, ce plan fait l’objet d’une campagne d’accélération centrée sur des établissements jugés prioritaires. « Au total, 71 établissements sont spécifiquement mobilisés depuis l’été dernier avec, pour objectif, la réalisation, dans un temps restreint, d’audits cybersécurité de différents types tous les 2 mois, d’un exercice de gestion de crise cyber, assortis pour tous d’un plan d’actions, et d’une actualisation de leur Plan de Continuité d’Activité dans un contexte de cybercrise. Pour l’heure, les plannings progressent au rythme prévu », indique Christian Lemaire en conclusion. 

« Pour le CHSD, l’enjeu majeur sera celui de l’accessibilité »

3 questions à Jean Pinson, directeur du Centre Hospitalier de Saint-Denis

Jean Pinson

Quelle est la place du CH de Saint-Denis dans l'écosystème des JOP ?

Le Centre Hospitalier de Saint-Denis (CHSD) est constitué de deux sites : Delafontaine (activités de médecine, chirurgie, obstétrique) et Casanova (essentiellement gériatrie et rééducation). Ils sont tous deux au cœur du triangle névralgique des Jeux Olympiques et Paralympiques délimité au Sud par le Stade de France et la Piscine Olympique, à l’Ouest par le Village des Athlètes et à l’Est par la Fan Zone de La Courneuve. Le CH de Saint-Denis fait donc naturellement partie des établissements franciliens identifiés par l’ARS comme établissements de première ligne pour les JOP. A ce titre, nous devrons préserver sur cette période des niveaux d’activité suffisants, et supérieurs à ce qu’ils sont normalement l’été sur certaines filières, telles que les urgences, la chirurgie d’urgence et les soins critiques… Par ailleurs, un projet de poste avancé des urgences sur le site Casanova situé à proximité immédiate du Stade de France est en discussion avec l’ARS afin d’offrir une réponse sanitaire de première ligne (accueil, soins légers, réorientation).

Quels sont les principaux enjeux auxquels sera confronté le CH de Saint-Denis et quelle organisation mettez-vous en place ?

L’enjeu majeur pour le CH de Saint-Denis sera celui de son accessibilité, pour les patients et leur entourage mais aussi pour nos propres équipes, du fait des restrictions de circulation sur les axes d’accès et de l’engorgement prévisible des transports en commun. Sur ce point, des solutions innovantes (par exemple une borne Vélib’ à l’intérieur de l’hôpital) sont en réflexion. En outre, certaines de nos activités situées à l’intérieur du périmètre ou à proximité immédiate devront être temporairement relocalisées ou aménagées. C’est le cas en particulier de l’hôpital de jour de pédopsychiatrie et du centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Pour pouvoir coordonner l’ensemble des sujets liés aux JOP, nous avons mis en place un comité de pilotage interne comprenant la direction, le chef de service des urgences, ainsi que des représentants du personnel. Un lien avec les représentants des usagers est également assuré.

Comment travaillez-vous avec l'ARS en vue de la préparation des JOP ?

Dans toutes ces démarches, les relations sont pleinement collaboratives entre l’hôpital et l’ARS, que ce soit au niveau de la délégation départementale de Seine-Saint-Denis ou avec les équipes du siège, et ce, à toutes les étapes. Ce travail est structuré depuis plus d’un an à présent et même s’il reste encore quelques zones d’arbitrage, les discussions ont permis une bonne compréhension réciproque ainsi qu’un partage des enjeux, comme des solutions.