Foire aux questions - Contamination des œufs de poulaillers domestiques

Article

Suite à une étude réalisée en 2023, l’Agence régionale de santé Île-de-France recommande de ne pas consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques produits dans les 410 communes qui composent l’unité urbaine de Paris.

Ce qu’il faut savoir après l’étude menée par l’ARS

Il s’agit d’un engagement de l’ARS pris en février 2022 à la suite de la publication de l’étude menée par l’ONG Toxicowatch, autour de l’incinérateur d’Ivry, ayant mis en évidence la contamination des œufs de poulaillers domestiques par trois familles de polluants organiques persistants (POP) : les dioxines (PCDD), les furanes (PCDF) et les polychlorobiphényles (PCB). L’ARS avait alors émis une recommandation de non-consommation des œufs pour les communes concernées par cette première étude : Paris XII et Paris XIII, Ivry-sur-Seine, Alfortville et Charenton-le-Pont.

Dans un contexte de développement des élevages de poules en ville (jardins collectifs, poulaillers pédagogiques dans les écoles, engouement des particuliers disposant d’un jardin privatif, intérêt pour le « recyclage » des déchets de la cuisine, autoproduction, circuits courts…), l’ARS Ile-de-France a souhaité mener une nouvelle étude dont la finalité était de déterminer s’il existe un risque de surexposition à certaines familles de polluants organiques persistants lié à la consommation d’œufs d’élevages domestiques, nécessitant des mesures de gestion sanitaire.

L’étude réalisée par l’Agence porte sur 25 sites volontaires, dont 14 situés à proximité des trois principaux incinérateurs de déchets autour de Paris (Ivry-sur-Seine, Issy-Les-Moulineaux, Saint-Ouen) et 11 qui en sont éloignés. 

Cette étude ne concerne pas les productions d’œufs intégrés à une filière commerciale, qui font l’objet de contrôles prévus réglementairement. 

Les analyses réalisées ont porté dans un premier temps sur les trois principales familles de polluants organiques persistants (POP) : les dioxines, les furanes et les PCB. Les premiers résultats publiés par l’ARS en avril 2023 concernaient les constats pour ces 3 familles de polluants.

Des analyses complémentaires, réalisées sur les mêmes échantillons, en avril 2023, ont permis de mesurer les niveaux de contamination des sols et des œufs par une quatrième famille de POP : les composés per- et polyfluoroalkylés (PFAS).

Le rapport publié par l’ARS compile l’ensemble des résultats des analyses dans les sols et les œufs pour les 4 familles de polluants, les interprétations des résultats et les recommandations sanitaires qui en sont issues.

Les résultats de l’étude menée par l’Agence mettent en évidence une contamination de l’ensemble des prélèvements par les quatre familles de polluants organiques persistants analysées (dioxines, furanes, PCB et PFAS), signifiant que ces quatre familles de polluants organiques persistants (POP) sont présentes dans tout l’environnement urbain, et non pas spécifiquement aux abords des incinérateurs. 

Parmi les 25 sites analysés, 23 échantillons dépassent le seuil réglementaire qui s’applique aux œufs commercialisés pour au moins une des quatre catégories de polluants recherchés. 

Les quatre familles de polluants organiques persistants sont retrouvées dans l’ensemble des échantillons de sols et d’œufs analysés dans le cadre de cette étude. 23 des 25 échantillons d’œufs présentent des teneurs qui conduiraient à les interdire s’ils étaient commercialisés, en raison des dépassements des seuils réglementaires définies par l’union européenne applicables aux denrées alimentaires.

L’étude menée par l’Agence régionale de santé Ile-de-France confirme une contamination ubiquitaire des sols et des œufs de poules d’élevages domestiques à Paris et dans les départements de la petite couronne par les polluants organiques persistants (dioxines, furanes, polychlorobiphényles, substances per- et polyfluoroalkylées).

L’étude n’a pas porté sur les élevages situés dans les départements de grande couronne. Néanmoins, l’agglomération urbaine dense se poursuit au-delà des départements de la petite couronne, avec des communes de grande couronne présentant des contextes urbains similaires (forte densité des constructions, sols remaniés à de multiples occasions, implantation historique d’activités industrielles). En conséquence, l’ARS considère que la qualité des sols est similaire sur l’ensemble de l’unité urbaine de Paris, telle qu’elle est définie par l’INSEE * constituée de 410 communes (toutes les communes de Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne, ainsi que certaines communes de Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne et Val-d’Oise).

Les consommateurs réguliers des œufs autoproduits (plusieurs fois par semaine, pendant plusieurs années) sont soumis à une surexposition par rapport à la population générale et donc à un risque accru de développer des effets pour leur santé. 

En raison des effets à long terme d’une exposition aux POP et en raison notamment de leur potentiel effet perturbateur endocrinien pouvant initier des maladies chroniques et agir sur le développement des fonctions reproductives et immunitaires, les enfants représentent la population la plus sensible, y compris au cours de leur développement fœtal.

En conséquence, l’Agence régionale de santé Île-de-France recommande aux Franciliennes et Franciliens d’éviter la consommation d’œufs de poule issus d’élevages domestiques situés uniquement dans les communes de l’unité urbaine de Paris (soit les 410 communes constituant l’agglomération parisienne selon la définition de l’INSEE). La consommation d’œufs autoproduits moins d’une fois par semaine reste néanmoins envisageable, mais particulièrement non recommandée pour les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes.

L’Agence encourage vivement tous les propriétaires d’élevage de poules souhaitant consommer leurs œufs à suivre les bonnes pratiques définies par la Direction Générale de la Santé dans le petit guide de l’autoconsommation en toute sécurité  :

  • Apport en aliment dans des mangeoires, et non sur un parcours ou à même le sol
  • Absence d’amendement du sol du poulailler par des cendres
  • Fourniture d’un aliment adapté au stade physiologique des animaux et équilibré sur le plan nutritionnel. Les particuliers sont invités à prendre conseil auprès des professionnels de la nutrition animale. 

Par ailleurs, d’une manière générale, il est recommandé aux consommateurs de diversifier leur régime alimentaire, ainsi que leurs sources d’approvisionnement. Les usagers et propriétaires de poulaillers domestiques sont invités à alterner la consommation d’œufs de leurs poulaillers et d’œufs d’élevage du commerce, ces derniers devant respecter des valeurs définies réglementairement.

Unité urbaine 2020 de Paris (00851) − COG | Insee

Santegraphie

Les polluants organiques persistants sont des composés persistants, bioaccumulables et toxiques. Parmi les POP, on distingue différentes familles de composés dont les dioxines (PCDD), les furanes (PCDF), les polychlorobiphényles (PCB) et les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS).

  • Les dioxines (PCDD) et furanes (PCDF) sont des sous-produits indésirables de la combustion des déchets (incinération des ordures ménagères, brûlage de déchets verts…) et de certains procédés industriels (blanchiment des pâtes à papier par exemple) qu’on peut retrouver dans l’environnement du fait de rejets passés ou actuels. Les émissions de ces molécules, liées aux activités autorisées d’incinération, dans l’atmosphère ont fortement réduit au cours des dernières décennies avec la mise en place de procédés de traitement de plus en plus efficace. 
  • Les polychlorobiphényles (PCB) constituent une famille de molécules chimiques de synthèse, massivement utilisée au cours du 20ème siècle pour de multiples usages en raison de leurs propriétés physico-chimiques (lubrifiant, isolant). Leur production et leur utilisation est totalement interdite depuis 1987. Leur présence dans l’environnement est principalement due aux anciens usages en milieu urbain (adhésifs, huiles, peintures…) et à des pollutions accidentelles et localisées (par exemple une fuite d’huile dans les transformateurs électriques où le pyralène était utilisé comme isolant électrique).
  • Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) également appelés composés perfluorés (PFC) constituent une famille d’environ 4000 molécules chimiques de synthèse, utilisées depuis 1950 pour leurs propriétés antiadhésives, résistantes aux fortes chaleurs et imperméabilisantes dans diverses applications industrielles et produits de consommation : textiles, emballages alimentaires, poêles, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, produits de nettoyage, etc.

Les POP, dits également « polluants éternels » ont une durée de vie longue dans l’environnement et y restent présents plusieurs décennies après l’arrêt complet des émissions. 

Les dioxines, les furanes et les PCB sont lipophiles, se concentrent donc dans les tissus graisseux des organismes vivants, et s’accumulent tout au long de la chaine alimentaire. Les aliments les plus fortement contaminés sont les produits d’origine animale riches en lipides, notamment le beurre, les fromages, certaines viandes, les œufs et les poissons gras mais également dans d’autres produits de la mer (crustacés et mollusques). 

Chez l’homme, compte tenu de leur caractère lipophile, les dioxines, furanes et PCB se distribuent et s’accumulent majoritairement dans le foie et les tissus graisseux. Elles traversent la barrière placentaire et sont excrétées dans le lait maternel.

Contrairement à la majorité des POP, les PFAS n’étant qu’en partie lipophile, ils s’accumulent peu dans les tissus graisseux. Ils se distribuent majoritairement dans le foie, le sang, les poumons, les reins et les os.

L’alimentation constitue la principale source d’exposition humaine pour les quatre familles de POP (plus de 90% de l’exposition totale). 

Les aliments les plus fortement contaminés sont les produits d’origine animale riches en lipides, notamment le beurre, les fromages, certaines viandes, les œufs et les poissons gras mais également dans d’autres produits de la mer (crustacés et mollusques). 

La consommation de fruits et légumes participent à l’exposition de la population mais elle reste marginale par rapport aux apports via les produits d’origine animale. 

La consommation d’eau de boisson peut également être une source d’exposition aux PFAS. 
Certains PFAS sont également utilisés dans la formulation des matériaux au contact des denrées alimentaires (MCDA), principalement les emballages en papier ou carton comme constituants de barrières étanches vis-à-vis des aliments, notamment liquides. Une contamination de l’alimentation est donc possible du fait de la migration des PFAS présents dans les emballages en papier et carton vers les aliments. Néanmoins, la plupart des PFAS sont rarement mesurés à des niveaux quantifiés dans les aliments. Le PFOS est le composé perfluoré le plus souvent quantifié dans l’alimentation.

On les retrouve également dans certains revêtements antiadhésifs des ustensiles de cuisine (poêles, casseroles…). 

Le contact direct avec les produits manufacturés dans lesquels les PFC sont utilisés, peut constituer une source d’exposition via l’absorption cutanée et l’ingestion involontaire (contact main-bouche). Cette voie d’exposition concerne essentiellement le contact avec les textiles, en particulier les vêtements imperméabilisés qui constituent la principale source d’utilisation des PFAS (au niveau mondial près de 50 % des PFAS produits sont utilisés pour la fabrication des vêtements).

Pour l’ensemble des POP, l’exposition humaine peut également se faire par inhalation via l’air ambiant. L’ingestion de poussières contaminées est également une voie d’exposition possible. Ces voies d’expositions restent néanmoins dans la plupart des situations minoritaires par rapport à la voie alimentaire.

La consommation régulière d’aliments contaminés par les POP entraîne une imprégnation progressive de l’organisme qui peut avoir des effets sur la santé à long terme, comme une augmentation du risque de cancer, de troubles de la fertilité et de la grossesse, de certaines maladies métaboliques (diabète ou augmentation du taux de cholestérol) et des effets perturbateurs endocriniens. 

L’exposition aux PFAS est également associée à une diminution de la réponse du système immunitaire à la vaccination, constituant, selon l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) l’effet le plus critique pour la santé humaine.

Il n’existe aucun traitement pour éliminer ces substances de l’organisme. La principale mesure de prévention consiste à réduire ou éviter la consommation de produits alimentaires les plus contaminés.

L’exposition aux POP s’étendant tout au long de la vie, l’ensemble de la population est concerné. Néanmoins, en raison de leur caractère perturbateur endocrinien, les POP sont susceptibles d’interférer dans le développement de l’enfant en particulier sur les fonctions du système nerveux, du système immunitaire et sexuelles.

Cela explique que la recommandation sanitaire de l’ARS de ne pas consommer les œufs de poule élevées dans des poulaillers familiaux vise plus particulièrement les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes.

Il est possible de réaliser un dosage biologique des différents polluants organiques persistants dans l’organisme. Ce dosage se fait à partir d’un échantillon de sang. Néanmoins, il n’existe pas de seuil sanitaire auquel comparer la valeur du dosage sanguin permettant de caractériser un niveau de risque pour la santé. Le dosage biologique des POP est aujourd’hui réservé aux salariés qui y sont régulièrement exposés dans le cadre de leur activité professionnelle. 

En conséquence, dans l’état actuel des connaissances disponibles, il n’existe aucune indication médicale justifiant de réaliser un dosage biologique des polluants organiques persistants chez les consommateurs d’œufs de poules domestiques. 

En l’absence de traitement permettant d’éliminer les polluants organiques persistants de l’organisme, la seule mesure de prévention pertinente est l’arrêt de la consommation des œufs de poule domestiques, et plus généralement, de réduire la part des produits gras d’origine animale dans son alimentation.

La consommation régulière (au moins une fois par semaine, depuis plusieurs années) des œufs de poules domestiques conduit à une surexposition de ces consommateurs et à un risque accru d’effet sur la santé à long terme. Une consommation ponctuelle (moins d’une fois par semaine) n’entraine pas de surexposition, mais reste déconseillée d’une manière générale tout particulièrement aux enfants et femmes enceintes ou allaitantes.

Si vous êtes un consommateur régulier d’œufs de poules domestiques, en cas de question pour votre santé, vous pouvez prendre conseil auprès de votre médecin traitant ou auprès du service médical du centre antipoison de Paris au 01 40 05 48 48.  

Santegraphie

Le transfert des POP dans le lait maternel est documenté par plusieurs études internationales. Cependant, la balance bénéfice/risque reste en faveur de l’allaitement maternel au vu des avantages évidents du lait maternel pour la santé en général et pour la croissance du nourrisson. 

La consommation d’œufs de poule contribue à la contamination humaine par les différents POP. Cette contribution variera en fonction des habitudes alimentaires et notamment de la consommation des autres types de produits d’origine animale.

L’étude de l’ARS a montré que les œufs produits dans des poulaillers domestiques dans un contexte urbain dense (unité urbaine de Paris) concentrent davantage de POP que les œufs du commerce, ces derniers faisant l’objet d’un contrôle régulier et étant soumis à des seuils réglementaires fixés au niveau européen.

La consommation régulière (plusieurs fois par semaine) des œufs de poules, élevées en milieu urbain sur un sol durablement contaminé, peut entrainer un risque de surexposition et par voie de conséquence, un risque accru de développer des troubles de la santé. La consommation ponctuelle (moins d’une fois par semaine) de ces œufs n’aura pas une incidence significative sur le niveau de contamination du consommateur.

Varier la composition de son alimentation et diversifier l’origine des produits consommés participent à réduire le risque de se surexposer à ces polluants.

L’étude de l’ARS ne porte que sur les poulaillers non professionnels, chez des particuliers, des jardins collectifs ou des fermes pédagogiques. La recommandation de l’ARS ne concerne donc que ces types de poulaillers pour lesquels les pratiques d’élevage peuvent être très hétérogènes, l’alimentation des poules plus ou moins équilibrée (conduisant alors les poules à rechercher plus systématiquement dans le sol le complément de leur alimentation) et les contaminations des sols également très diverses. 

Les poules sont généralement conservées plus longtemps que dans un élevage professionnel cherchant à optimiser son rendement. L’accumulation des polluants organiques persistants augmente avec la durée d’exposition. Ainsi, une poule présente depuis plusieurs années dans le poulailler a plus de risque d’être contaminée qu’une poule présente seulement depuis quelques mois.

Les œufs commercialisés font l’objet de contrôles du respect de la réglementation européenne portant sur les denrées alimentaires. Les conditions d’élevage professionnel permettent également de mieux maitriser les expositions des volailles. 

Les différentes études menées en France et à l’étranger montrent ainsi que les œufs des poulaillers domestiques sont statistiquement plus souvent et plus fortement contaminés que les œufs du commerce, quel que soit le mode d’élevage professionnel (en cage, plein air, biologique).

L’exposition humaine aux POP se fait très majoritairement (>90%) par l’alimentation et plus particulièrement la consommation de produits d’origine animale (fromage, beurre, poisson, mollusques, crustacés, les œufs et certaines viandes). Il est également préconisé de ne pas consommer la chair des volailles élevées sur un sol nu dans un élevage domestique.

La consommation d’eau de boisson peut également participer à une exposition pour ce qui concerne les PFAS. 

Les cultures potagères sur des sols contaminés peuvent conduire à une contamination des fruits et légumes. La contamination des légumes par les dioxines, les furanes et les PCB contenues dans les sols reste limité en raison de leurs propriétés chimiques (molécules lipophiles). L’absorption des PFAS, également hydrophile, semble pouvoir être plus importante mais reste mal documentée à ce jour.

L’agence régionale de santé (ARS) est l’autorité en charge du contrôle sanitaire de l’eau de consommation (eau du robinet). À l’heure actuelle, les PFAS ne font pas encore partie des analyses réalisées dans le cadre du contrôle sanitaire.

La Directive européenne 2020/2184 du 16/12/2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) a introduit la recherche de nouvelles molécules. La transposition dans la réglementation française de cette directive prévoit de rendre obligatoire la surveillance des PFAS dans l’eau potable le 1er janvier 2026. Ainsi, 20 PFAS sont ciblés et une limite de qualité (0,10 µg/L) est fixée pour la somme de ces 20 molécules dans les EDCH.

L’ANSES mène en 2023-2024 une campagne exploratoire dans environ 400 sites (eaux brutes et eaux des réseaux publics) sur l’ensemble du territoire national. 

Sans attendre l’issue de cette étude nationale, l’ARS Ile-de-France va intégrer progressivement la recherche des PFAS dans son programme de contrôle sanitaire de l’eau destinée à la consommation humaine en Ile-de-France. Les premiers prélèvements seront lancés début 2024.

La consommation de fruits et légumes autoproduits, dans un jardin individuel ou dans un jardin collectif, semble contribuer à l’exposition humaine.

Ainsi, Santé Publique France indique, dans les rapports d’imprégnation humaine aux POP issus de l’interprétation des résultats de l’étude ESTEBAN, que les personnes qui consomment fréquemment des aliments d’origine végétale en provenance du jardin (fruits, légumes et céréales) présentent des niveaux d’imprégnation par les dioxines, furanes et les PCB « dioxin-like », 11 % à 12 % plus élevés, que les personnes ne consommant pas d’aliments d’origine végétale provenant du jardin.  

Les PFAS, en raison de leurs propriétés chimiques (à la fois hydrophiles et hydrophobes), semblent s’accumuler plus que les autres familles de POP dans les fruits et légumes que les autres polluants organiques persistants. 

La consommation régulière de légumes et fruits autoproduits apparait donc comme une source d’exposition aux polluants organiques persistants mais reste, dans le cadre d’un régime alimentaire diversifié, minoritaire par rapport à celle liée à la consommation des produits d’origine animale. 

Il est rappelé la nécessité de bien laver ses fruits et légumes feuilles et de bien éplucher les légumes racines et tubercules avant leur consommation pour éliminer les particules de terre présentes à leur surface pouvant contribuer à l’exposition.

L’activité de jardinage peut également être une source d’exposition par ingestion fortuite de particules de terre. Il est donc important de bien se laver les mains après toute activité en contact avec la terre.

La grande majorité des POP n’existe pas dans la nature. Il s’agit de substances produites par l’homme pour divers usages (PCB, PFAS) ou de composés indésirables produits lors de l’incinération ou le brûlage de déchets ou lors de processus industriels (dioxines, furanes).

Leur présence dans l’environnement est donc liée à l’activité humaine, et se concentre donc plus particulièrement dans les environnements urbains. 

L’étude de l’ARS menée dans 25 sites situés dans Paris et les départements de petite couronne a montré une contamination généralisée des sols urbains par les 4 familles de POP recherchés. L’étude n’a pas mis en évidence de lien entre la concentration des polluants et la proximité d’une source connue d’émission (aucune différence significative entre les sites à proximité et éloignés des incinérateurs de déchets assimilables à des ordures ménagères). La contamination des sols en milieu urbain est donc diffuse. De plus, l’organisation urbaine évoluant constamment, elle conduit à de multiples remaniements des sols (excavations, apports de terre), rendant impossible d’estimer à priori le niveau de contamination d’un sol en fonction des activités humaines se situant à proximité. Enfin, les POP étant très stables dans les sols, la contamination observée aujourd’hui peut être liée à une pollution survenue plusieurs décennies au préalable. Ainsi, les pollutions des sols mises en évidence aujourd’hui sont souvent l’héritage de décennies de dépôt de ces polluants rejetés dans les différents milieux ou de matériaux se dégradant au fil du temps.

Le niveau de contamination des œufs de poule d’élevages domestiques est associé au niveau de contamination des sols du parcours accessible aux poules. Plus le sol est contaminé, plus les œufs présentent de fortes concentrations en POP.  

Ces différentes considérations ont conduit l’ARS à distinguer la situation des poulaillers domestiques en milieu urbain dense de celle des poulaillers en milieu péri-urbain ou rural. 

Pour définir le milieu urbain dense, l’ARS s’est reposée sur la définition proposée par l’INSEE pour désigner les communes constituants l’unité urbaine de Paris (également appelée agglomération parisienne). Il s’agit de 410 communes constituant une continuité de bâti autour de la ville de Paris. La liste des communes constituant l’unité urbaine de Paris est consultable sur le site internet de l’INSEE.

L’étude menée par l’ARS comporte des sites situés sous l’aire d’influence des rejets d’incinérateur (estimée à 3km de rayon autour des incinérateurs) et des sites situés hors de ces zones d’influence. 

Les résultats ne montrent pas de différences significatives entre les points autour des incinérateurs et les points témoins. On peut trouver des valeurs basses à proximité des incinérateurs et des valeurs hautes dans les points témoins.

Ce constat ne signifie pas que les incinérateurs n’ont pas contribué aux pollutions historiques des sols prélevés. 

Les incinérateurs de déchets produisent des dioxines et furanes (phénomène lié à la combustion des déchets). Ce sont des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) qui sont soumises aux règles du code de l’environnement (dont le contrôle du respect relève des compétences de la DRIEAT et des préfets de département).  

Une surveillance leur est imposée concernant les dioxines et furanes. La réglementation a évolué depuis le milieu des années 80, conduisant à réduire très significativement les rejets actuels de dioxines et furanes par ces incinérateurs.

Airparif a publié en août 2018 une étude sur les dioxines dans l’air francilien. Cette étude a relevé des teneurs en dioxines et furanes à proximité des centres d’incinération comparables à celles observées en milieu urbain. 

En outre, la voie d’exposition par inhalation est jugée très marginale par rapport à la voie par ingestion, liée à l’alimentation et plus particulièrement la consommation de certains produits d’origine animale.

L’analyse des POP sur les matrices « œufs » est réalisable par des laboratoires spécialisés dans l’analyse des denrées sanitaires. 

Le LABERCA, Laboratoire National de Référence (LNR) pour les POP dans les denrées alimentaires, a effectué la campagne de mesure des dioxines, furanes et PCB sur des œufs et sols provenant de poulaillers familiaux franciliens dans le cadre de l’étude menée par l’ARS. L'intervention du LNR se limite aux sollicitations des services de l’Etat.

Le ministère de l’agriculture tient à jour un annuaire des laboratoires officiels et reconnus en alimentation. Tous les laboratoires de cette liste ne peuvent pas réaliser ce type d’analyse.

Voici, sans exhaustivité, une liste de laboratoires en capacité de réaliser les analyses de dioxines/furanes/PCB/PFAS dans les œufs :

Le coût unitaire de l’analyse de ces 4 familles de POP est de l’ordre de 650 euros.

L’exposition des poules est principalement liée à la qualité des sols constituant leur parcours. Plus les sols sont contaminés, plus les poules risquent d’être exposées et plus le niveau de contamination de leurs œufs risque d’être élevé. 

Néanmoins, certaines bonnes pratiques sont rappelées dans le « petit guide de l’autoconsommation en toute sécurité » publié par le ministère de la santé et de la prévention permettent de réduire le risque d’exposition : 

  • Donner les aliments dans une mangeoire, et non directement sur le sol ; 
  • Ne pas répandre de cendres (barbecue, cheminée...) dans le jardin ; 
  • Choisir un aliment adapté aux besoins des poules.

Les POP sont des substances chimiques persistantes qui ne se décomposent pas facilement à haute température. Par conséquence, la cuisson des œufs ne permet pas de les éliminer.

Les études menées au niveau national ou international confirment que les œufs issus d’élevages professionnels, quel que soit le mode d’élevage adopté, sont moins contaminés que les œufs issus d’élevages familiaux.

Les pratiques professionnelles (notamment en termes d’alimentation équilibrée des poules) mais également l’installation des élevages professionnels le plus souvent à l’écart des espaces urbains, sont des facteurs limitant le risque d’exposition des poules.

Les contrôles menés au niveau national par les services déconcentrés de l’Etat dans les élevages professionnels (la DRIAAF en Ile-de-France) n’ont mis en évidence aucun dépassement des seuils réglementaires applicables aux œufs parmi les centaines d’élevages contrôlés au cours des 5 dernières années.

Globalement, les œufs issus d’élevage en plein air (en agriculture conventionnelle ou en agriculture biologique) sont statistiquement plus contaminés que les œufs de poules élevées en bâtiment, sans pour autant dépasser les seuils réglementaires européens.