
Le constat de départ : qu’est-ce que le traumatisme cranio-cérébral léger (ou commotion cérébrale)
On estime à 37 500 par an le nombre de traumatismes crânio-cérébraux légers (TCCL) (aussi appelé commotion cérébrale) en Ile-de-France, soit environ 187 500 TCCL en France par an, bien que ce nombre soit sans doute sous-estimé.
Pendant longtemps, le TCCL a été sous-estimé et mal compris par la communauté médicale. On parlait ainsi de « syndrome subjectif » pour évoquer des plaintes sans support lésionnel identifié. Les travaux plus récents ont permis de mieux appréhender cette pathologie dont les conséquences sont loin d’être négligeables.
Le TCCL est défini par une perturbation d’origine traumatique du fonctionnement cérébral se traduisant par au moins l’un des signes suivants :
- Une perte de connaissance (de durée inférieure à 30 minutes)
- Une amnésie des événements ayant précédé ou suivi le traumatisme (de durée inférieure à 24 heures)
- Une altération de l’état mental au moment de l’accident (confusion, désorientation, « groggy »)
- Un déficit neurologique transitoire ou non (incluant une crise d’épilepsie)
Enfin, le score à l’échelle de coma de Glasgow est compris entre 13 et 15, 30 minutes après le traumatisme.
Le plus souvent, aucune imagerie cérébrale (scanner ou IRM) n’est réalisée, car ce n’est pas utile en dehors de certaines situations à risque. Quand elle est réalisée, elle est le plus souvent normale, mais elle peut montrer des lésions, en général mineures, dans 40% des cas (on parle alors de TC léger compliqué).
L’évolution peut être marquée par la survenue de symptômes post-commotionnels, pouvant associer :
- Symptômes physiques : céphalées, nausées, sensations vertigineuses, vision brouillée, fatigue, troubles du sommeil
- Symptômes cognitifs : troubles de mémoire, de l’attention, des fonctions exécutives
- Modifications comportementales ou émotionnelles : dépression, irritabilité, symptômes liés à l’anxiété, labilité émotionnelle
Ces symptômes peuvent s’associer au retentissement psychologique de l’accident, notamment un état de stress post-traumatique (présent dans 45% des cas 6 mois après l’accident dans une étude néerlandaise sur une grande cohorte de patients).
Si la majorité des blessés récupère en quelques jours / semaines, plusieurs études longitudinales internationales ont montré que 20% des personnes ne sont pas revenues, un an après le traumatisme, à leur fonctionnement antérieur, avec de possibles conséquences médico-économiques (en terme de consommation de soins, de non-retour à l’emploi…). Les facteurs prédictifs d’une évolution défavorable sont en partie liés à des facteurs traumatiques (lésions détectables sur l’imagerie initiale) mais sont surtout en rapport avec des facteurs liés aux circonstances de survenue du traumatisme (agression) ou à des facteurs démographiques (âge, antécédents psychiatriques, comorbidités, faible niveau éducatif).
Bien que cela soit encore discuté, plusieurs études ont montré que la mise en place de programmes de dépistage et de prise en charge adaptée, la plus précoce possible, reposant sur la réassurance, l’information, la psycho-éducation, voire une rééducation physique et /ou cognitive pourraient permettre d’éviter la pérennisation des symptômes.
Rapport du groupe de travail -TCCL – Traumatisme Crânio-Cérébral Léger (TCCL) en Île-de-France.
L’ARS IDF a proposé au Centre Ressources Francilien du Traumatisme Crânien (CRFTC) la mise en place d’un groupe de travail associant les différentes composantes de la prise en charge des personnes victimes d’un TCCL.
L’objectif était de proposer une organisation innovante, reposant sur une meilleure coordination dans la prise en charge des patients victimes d’un TCCL. Dans le but de prévenir, et si besoin de mieux traiter, l’évolution vers un syndrome post-commotionnel (SPC) persistant.
Le groupe de travail a été mis en place en mai 2017 et s’est réuni à huit reprises sur une période de 18 mois. Il regroupe l’ensemble des parties prenantes susceptibles de prendre en charge des personnes présentant une atteinte crânio-cérébrale légère acquise.
Un sous-groupe de travail « outils » (Annexe 4) a été constitué. Il s'est réuni à douze reprises depuis décembre 2017, et associe les secteurs enfant et adulte avec l’objectif d’harmoniser les outils psychologiques, neuropsychologiques et orthophoniques.
Des expérimentations, des outils d'évaluation et de prise en charge, une évaluation, des références bibliographiques sont présentés dans ce rapport.
Rapport du groupe de travail TTCL en Île-de-France : https://www.iledefrance.ars.sante.fr/media/69768/download
Expérimentation article 51 « Filières oubliées »
Autorisée le 1er aout 2022 dans le cadre de l’article 51 de la LFSS 2018, l’expérimentation portée par le Centre Ressources Francilien du Traumatisme Crânien (CRFTC) et les établissements de santé partenaires de cinq départements (75, 77, 92, 94, 95) a commencé à inclure des patients le 1 mars 2023 dans les deux antennes de l’AP-HP (Pitié-Salpêtrière et Beaujon/Bichat/Raymond Poincaré) Les deux eux autres antennes ont débuté leurs inclusions le 1er mars 2024. Il s’agit de l’antenne Henri Mondor / Paris Est Val-de-Marne (site Saint Maurice) et une antenne à visée pédiatrique Hôpital Necker-Enfant malades / Paris Est Val-de-Marne (site Saint Maurice) / Clinique Fondation Santé des Etudiants de France Bouffémont
Sur les 4 années de déploiement, il est prévu que près de 7 000 patients ayant eu un traumatisme crânien léger intègrent cette organisation innovante. Ce dispositif permet de les repérer précocement dès leur passage aux urgences, et de leur proposer en cas de besoin un suivi et une prise en charge adaptée au moyen d’une plateforme pluri professionnelle en SMR (soins médicaux de réadaptation) ou en ville.
L’objectif est d’éviter les pertes de chance, les errances médicales, la chronicisation des symptômes, la désinsertion sociale et in fine de favoriser la récupération et le retour rapide à la vie sociale, familiale et professionnelle dans de bonnes conditions.
Les patients concernés bénéficient, en cas de persistance des symptômes après deux échanges téléphoniques avec une infirmière coordinatrice, d’un parcours de psychoéducation d’une durée maximale de six semaines. Au cours d’une dizaine de séances, il leur est proposé de la rééducation cognitive, des séances de thérapie cognitivo-comportementale pour les troubles anxieux, de la remédiation pour les troubles du sommeil et la fatigue, les douleurs, les troubles de l’équilibre. Les parcours sont adaptés de façon individuelle pour répondre au mieux aux besoins des patients.

Les premiers résultats sont très encourageants, montrant que les échanges téléphoniques à J15 et J30 avec les infirmières coordinatrices, permettent de réduire le nombre de patients présentant des symptômes persistants.
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