Exposition au plomb / saturnisme : stratégie et programmes de lutte régionaux

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Le saturnisme se définit par une intoxication aiguë ou chronique par le plomb. L’incidence de cette maladie a fortement diminué ces 20 dernières années mais reste un enjeu de santé publique important. L’ARS Île-de-France intervient à différents niveaux afin de lutter contre le saturnisme. Retrouvez la stratégie et ses principales actions portées par l’Agence en région.

Les enjeux du saturnisme pour la région

L’Île-de-France est une région particulièrement touchée par le saturnisme, maladie liée à l’exposition au plomb. La région regroupe de nombreux foyers d’exposition avec la présence importante d’habitats anciens et dégradés sur le territoire, des activités agricoles, industrielles, de constructions fortement pourvoyeuses de plomb ou même dans les pratiques quotidiennes.

Les enfants sont plus particulièrement exposés au saturnisme. Cette situation représente un vrai enjeu majeur de santé publique sur la région. De 2015 à 2018, entre 145 et 221 cas de saturnisme infantile ont été déclarés par an en Île-de-France, soit 49% de l’ensemble des cas enregistrés en métropole (source : Évolution du saturnisme chez l’enfant (0-17 ans) Bilan 2015 2018, Santé publique France). Ces chiffres pourraient même être sous-estimés : cette intoxication chez l’enfant étant sous-dépistée, voire sous-déclarée. 

La stratégie régionale portée par l’Agence en matière de lutte contre l’exposition au plomb

L’Agence est chargée de mener la politique régionale de suivi, contrôle et instruction des cas de saturnisme ainsi que de lutte contre les risques d’exposition au plomb.

Sa stratégie repose sur autour de :

  • la mise en œuvre d’une procédure de signalement et de déclaration des cas de saturnisme infantile complétée ; 
  • des mesures d’urgence (obligation de travaux) ;
  • d’un dispositif de prévention. 

Cette stratégie est complétée par une démarche proactive notamment en habitat dégradé afin de détecter sans attendre une déclaration obligatoire de saturnisme, les habitats (peintures dégradées) exposés au plomb suite à une plainte ou un signalement de particuliers ou de collectivités, ou suite à une demande de la préfecture. 

Le Plan Régional Santé-Environnement 4 (2023-2028)

Alors que le nombre de dépistages du saturnisme décroit chaque année, beaucoup personnes sont encore exposées au plomb sans le savoir. Bien que le logement soit le premier lieu d’intoxication (via les anciennes peintures notamment), il reste aujourd’hui essentiel de continuer d’étudier les autres lieux potentiels d’exposition. Il est également important de poursuivre la sensibilisation de la population et des professionnels de santé à la problématique du saturnisme.

En réponse, le PRSE 4 comporte plusieurs objectifs pour faire face à ces problématiques :

  • Accroître le dépistage du saturnisme en mobilisant les acteurs de santé et en sensibilisant les populations à risque ;
  • Documenter l’exposition aux poussières de plomb dans les aires de jeux et d’activités extérieures accueillant des enfants et accompagner la mise en œuvre des mesures de réduction des expositions.

Les programmes et dispositifs régionaux déployés par l’Agence autour de la lutte contre le saturnisme

Le plan régional de lutte contre le plomb en habitat non conventionnel (bidonvilles, squats…)

L’ARS Île-de-France a défini un programme régional 2022 de lutte contre le saturnisme. Il s‘agit d’un plan d’actions à destination des populations les plus à risque d’expositions au plomb (enfants et femmes enceintes) résidant au sein d’habitats non conventionnels (bidonvilles, squats, etc.) recensés sur l’ensemble de l’Île-de-France. 

Ce programme s’articule à la fois autour d’un dépistage biologique des enfants et des femmes enceintes (pour mesurer la concentration de plomb dans le sang), et d’une stratégie de réduction immédiate des risques dus à la présence de plomb dans l’environnement de ces familles.

L’Agence a ainsi identifié une dizaine de sites prioritaires sur lesquels son action se concentrera au cours de l’année 2022. L’organisation des dépistages se fait avec l’implication du secteur associatif et des acteurs institutionnels afin de sensibiliser les familles aux risques du plomb, recenser le nombre d’habitants et connaître les facteurs de risque d’exposition au plomb de chaque site. Les prélèvements sanguins sont effectués par l’AP-HP dans le cadre du dispositif COVISAN. 

Une première opération « pilote » a été menée le 30 mars 2022 sur la butte de Montarcy (95) où une trentaine d’enfants ont pu bénéficier d’un dépistage.

À l’issue des campagnes de dépistage, tout cas de saturnisme infantile identifié devra faire l’objet d’un signalement à l'ARS (dispositif des maladies à déclaration obligatoire) par le médecin prescripteur de la plombémie. Une fois l’ARS informée, une enquête clinique et environnementale sera mise en œuvre afin d’identifier les différentes sources d’exposition au plomb : analyse des poussières intérieures et analyse des poussières et des sols dans les espaces de vie extérieurs.

Afin de réduire les risques d’exposition au plomb, ce plan prévoit également des actions de sensibilisation auprès des familles pour promouvoir les bonnes pratiques, mais aussi une réduction immédiate des risques (travaux de mitigation, accessibilité à l’eau, infrastructures de salubrité : WC, douches, laveries, etc.) en lien avec Solidarité Internationale. 

Un accompagnement des familles est essentiel pour éloigner un enfant des sources de contamination. L’association ACINA organise également un dispositif de médiation en santé permettant un suivi individualisé des familles, un accès à la scolarité ou à l’accueil de la petite enfance, et une insertion socio-professionnelle.

Campagnes de surveillance suite à l’incendie de Notre-Dame

Dans le cadre de l’exposition au plomb survenue à la suite de l’incendie de Notre-Dame, l’Agence a assuré le suivi sanitaire (surveillance des niveaux d’exposition et opérations de dépistage) en lien avec les autres autorités publiques. L’Agence supervise actuellement la surveillance environnementale du chantier de restauration de la cathédrale.

Campagnes de surveillance des travaux de peinture de la Tour Eiffel

Dans le cadre de la 20ème campagne de peinture de la Tour Eiffel, l’Agence est mobilisée pour le suivi des prélèvements face aux risques d’exposition au plomb liés aux travaux menés sur l’édifice.

en savoir + sur la surveillence campagne de réfection de la Tour Eiffel

Plan de prévention dans les anciennes plaines d’épandage d’eaux usées 

Les plaines d’Achères, de Carrières-sous-Poissy et Triel-sur Seine (Yvelines) et celle de Méry-sur-Oise et Pierrelaye (Val d’Oise) sont concernées par un phénomène d’exposition au plomb suite à des épandages historiques d’eaux usées. L’Agence pilote la surveillance des zones polluées et les dépistages éventuels associés

en savoir + sur le plan de prévention dans les anciennes plaines d'épandage aux eaux usées

Plan de prévention de l'exposition au plomb par les balcons 

L’Ile-de-France, et plus particulièrement Paris, est concernée par des situations d’exposition au plomb par le biais des balcons.

L’Agence a développé pour cela un programme de prévention en lien avec la ville de Paris pour sensibiliser les personnes concernées aux bons réflexes.

en savoir + sur la campagne de prévention à destination des personnes exposées au plomb par leur balcon

Les structures et acteurs régionaux de la lutte contre le saturnisme

L’Agence est amenée, dans le cadre de la lutte contre le plomb, à travailler avec les acteurs publics présents en région et à l'échelle départementale (conseils départementaux, Caisses primaires d’Assurance maladie, préfectures et services déconcentrés de l’Etat, service parisien santé environnement), ainsi que le Centre Antipoison et de Toxicovigilance (CAPTV) et le laboratoire central de la préfecture de Police (LCPP) mais aussi avec la cellule régionale de Santé publique France.