Depuis 1997, l’association Ikambere œuvre pour l’accompagnement et l’autonomie des femmes vivant avec le VIH. En 2019, un bilan a révélé la pertinence de son modèle au-delà du VIH, notamment pour les maladies chroniques associées à des situations de précarité. C’est ainsi qu’est né le projet Igikali, ouvert en février 2022, qui propose aujourd’hui un accompagnement global aux femmes précaires souffrant de maladies comme le diabète, l’obésité et l’hypertension.
Inspiré du modèle Ikambere à Saint-Denis, Igikali propose une prise en charge unique, intégrant non seulement un suivi thérapeutique, mais aussi un accompagnement social et professionnel. « . Ce modèle a été adapté aux spécificités des maladies que nous accompagnons, avec une attention particulière portée sur l'activité physique, l'alimentation, et un programme d'éducation thérapeutique polypathologique conçu pour répondre à ces pathologies », explique Roukhaya Hassambay, Responsable de l’innovation et coordinatrice d’Igikali, la maison apaisante.
Les femmes orientées par des professionnels de santé, des hôpitaux ou des centres municipaux, bénéficient dès leur arrivée d’une évaluation complète de leurs besoins. « Une fois accueillies, nous leur proposons un parcours d’accompagnement global qui inclut une éducation thérapeutique, une prise en charge diététique, et des ateliers d’activités physiques adaptées », précise Assita Maïga, responsable du parcours des bénéficiaires.
Un empowerment au cœur de l’approche
« Pour nous, l’empowerment signifie donner aux femmes la capacité d’agir dans tous les aspects de leur vie », définie Roukhaya Hassambay
Chez Igikali, l’empowerment des femmes est une priorité. Par le biais d’un binôme santé, composé d’une chargée d’éducation thérapeutique et d’une diététicienne, les femmes apprennent à gérer leurs maladies de manière autonome. Au-delà de conseils théoriques, des ateliers pratiques leur permettent d’appliquer directement ce qu’elles apprennent, que ce soit en cuisine, en nutrition ou en activité physique.
« Contrairement aux messages extérieurs qui se limitent souvent à dire "faites ceci ou cela", nous favorisons ici la pair-aidance », ajoute Roukhaya Hassambay. Ce système, où les femmes partagent entre elles leurs expériences et conseils, crée une dynamique de soutien mutuel précieuse dans leur parcours.
Des actions au-delà du médical
L’association va plus loin que le suivi médical. En agissant sur des déterminants de santé comme l’isolement ou l’accès à l’emploi, Igikali participe à une amélioration globale de la qualité de vie des femmes. « Nous avons beaucoup d’exemples de femmes qui, après avoir rompu leur isolement, montrent des signes d’amélioration physique et mentale », confie Roukhaya Hassambay.
Les femmes bénéficient aussi d’un accueil inconditionnel et chaleureux, véritable source de réconfort pour celles qui, souvent, peinent à trouver un tel cadre ailleurs. « Ici, elles se sentent comme à la maison », témoigne Assita Maïga, qui souligne l’importance du lien de confiance et de l’inclusion.
Favoriser l’autonomie sociale et économique
L’objectif ultime d’Igikali est de redonner à ces femmes les outils pour une autonomie durable, y compris dans le domaine professionnel. « Avec nos partenaires locaux, nous offrons des opportunités de formation et d’emploi, ce qui leur permet de gagner en indépendance économique, tout en préservant leur bien-être », précise Roukhaya Hassambay.
Igikali se révèle ainsi être un espace unique, où les femmes apprennent à prendre soin d’elles-mêmes, tout en construisant des liens sociaux forts. En les accompagnant vers une meilleure santé et une autonomie accrue, l’association Ikambere et sa maison apaisante tracent un chemin pour un accompagnement vers l’autonomie des femmes vivant avec un diabète, une obésité et/ou hypertension artérielle.