Présents dans les hôpitaux et les structures médico-sociales, voire sociales, ils apportent à la fois un soutien, un rôle de passeur entre soignants et soignés, et un regard unique sur le parcours de soin. Encadrée par une formation universitaire, cette profession encore jeune ne cesse de se développer. Regards croisés entre une actrice de la structuration nationale du métier et une professionnelle de terrain.
« Le rôle de médiateur de santé pair m’a permis de donner du sens à mon parcours » – Jessica Borrel, médiatrice de santé pair aux Hôpitaux Paris-Est Val-de-Marne
« Lorsque les troubles psychiques sont apparus, je suivais une formation d'éducatrice. Par la suite, je suis devenue animatrice en EHPAD. J'avais envie de changer de métier quand mon ancien psychiatre m'a parlé des médiateurs de santé pairs. Après un stage d’observation, j’ai su que c’était pour moi. Cela fera six ans que j’exerce au sein des hôpitaux Paris-Est Val-de-Marne, dans le service du Dr Cantero, pionnier de l'intégration des pairs aidants dans les équipes soignantes.
Aujourd’hui, en plus de mes activités auprès des patients, je coordonne une unité "Open Dialogue", une approche qui favorise les soins en réseau dans les situations de crise. Mon poste évolue, mais mon fil conducteur reste le même : créer une relation d’égal à égal, donner une place pleine et entière à la parole de la personne.
Au début, j'ai dû faire mes preuves. Il existe un véritable hiatus culturel entre les équipes soignantes et les médiateurs. Ma légitimité, je l’ai construite en expliquant ma posture, en organisant des réunions pour faire dialoguer les points de vue. Avec le temps, j’ai aussi fait évoluer ma manière d’accompagner : j'ai compris que je n’avais pas à imposer mon expérience, mais à offrir un espace où la personne peut se raconter et se réapproprier son parcours. »
« Une fonction qui transforme aussi les équipes » – Bérénice Staedel, CCOMS
« Il y a quinze ans, la valeur du savoir expérientiel était encore très peu reconnue. Nous sommes partis du constat qu’il pouvait être une ressource pour les usagers mais aussi pour les équipes, au même titre que les compétences soignantes. Progressivement, les médiateurs de santé pairs ont fait leur place. J’accompagne aujourd’hui leur insertion dans les équipes, ainsi que leur formation universitaire, car tous suivent une troisième année de licence au cours de leur première année d'embauche.
La professionnalisation progresse, mais des freins subsistent : 190 médiateurs sont aujourd’hui en poste en France, c’est encore peu. Et les relations avec les équipes soignantes ne sont pas toujours simples ; elles demeurent le principal motif de démission. Les professionnels de santé doivent encore apprendre à faire une place à cette fonction. Mais là où elle s’installe, elle transforme les pratiques. Beaucoup de soignants me disent ne plus vouloir travailler sans médiateur.
Le recrutement a évolué. Longtemps, les psychiatres orientaient les candidats. Aujourd’hui, les réseaux sociaux et la parole des pairs aidants eux-mêmes ont changé la donne. De plus en plus de personnes postulent car elles ont croisé un pair aidant sur leur parcours. Et c’est souvent ces échanges qui les ont remises en mouvement. »
