Une première année de forte mobilisation pour Inclus’IF 2030

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Depuis un an, le plan Inclus’IF 2030 piloté par l’ARS Île-de-France permet de développer de nouvelles solutions inclusives pour l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Doté de 316,1 millions de crédits, ce programme devra permettre à l’Île-de-France, structurellement sous dotée, de rattraper son retard sur les autres régions métropolitaines.

Annoncé le 26 avril 2023 lors de la Conférence Nationale du Handicap, le Plan national de déploiement de 50 000 solutions d’accompagnement à l’horizon 2030 a officiellement été lancé le 5 octobre 2023 avec l’attribution des lignes de crédits à toutes les ARS de France. « Le 12 octobre, nous avons présenté notre feuille de route et réuni le premier comité de pilotage de notre plan régional, baptisé Inclus’IF 2030 », indique Sophie Martinon, Directrice générale adjointe de l’ARS Île-de-France. Une réactivité qui ne doit rien au hasard. En effet, il y a urgence à combler le décalage entre les besoins et les solutions d’accompagnement, particulièrement alarmant en Île-de-France. « C’est un travail mené par la Délégation départementale de Seine-Saint-Denis qui nous a alerté sur la gravité de la situation, poursuit Sophie Martinon. Jusque-là nous savions que l’offre francilienne relative au handicap était insuffisante mais nous ne mesurions pas à quel point. » 

Un sous-équipement pénalisant et généralisé 

L’état des lieux qui a été mené en 2022 et 2023 a révélé l’ampleur du problème. Ainsi, la région compte pour l’heure 56 300 solutions financées par l’ARS et pour partie par les conseils départementaux, soit 16% des places disponibles sur le territoire national, alors même que 21 % des Français en situation de handicap sont franciliens. « A cause de ce hiatus structurel, plusieurs milliers de personnes sont en attente d’une solution d’accompagnement », regrette Sophie Martinon qui précise qu’aucun département de la région n’échappe à cette situation.

Réaction rapide

Aussi, en juillet 2023, alors que le plan 50 000 solutions venait d’être annoncé, l’ARS s’est immédiatement mise en ordre de marche, sans attendre de connaître le montant des crédits qui lui serait accordé. Les dirigeants de l’ARS ont ainsi rencontré chacun des acteurs concernés : présidents de conseils départementaux, rectorats, organismes gestionnaires et fédéraux, représentants des usagers, associations… tandis que les Délégations réalisaient leur propre diagnostic et recensaient tous les projets pouvant être ouverts à court terme.  

316,1 millions de crédits… Pour quoi faire ?

Finalement, le 12 octobre 2023, l’enveloppe de crédits de fonctionnement attribuée à l’Île-de-France a été rendue publique : elle est de 316,1 millions d’euros pour sept ans, « Un montant élevé, qui nous amènera à combler une partie du retard, même si nos territoires nécessiteraient davantage de moyens encore », remarque Sophie Martinon. « Dès cette annonce, nous avons planifié l’affectation des crédits Inclus’IF, poursuit Stéphanie Talbot, directrice de l’Autonomie à l’ARS. Des enveloppes spécifiques ont ainsi été dédiées au rattrapage intrarégional pour réduire les écarts d’équipements entre départements, au développement de l’école inclusive, à la prise en charge des handicaps rares et au repérage précoce. » 

Plus de 3000 solutions d’ici à la fin de l’année

Le mois suivant, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) était lancé. En cinq mois, il a réuni 558 projets qui partageaient tous au moins un critère essentiel : ils devaient être suffisamment avancés pour pouvoir être opérationnels dès 2024. 175 d’entre eux ont finalement été retenus, assurant la création de 1382 places ou solutions d’accompagnement nouvelles pour les enfants – en majorité au bénéfice d’enfants mineurs présentant des troubles du neuro-développement, et de 754 solutions pour les adultes. « A cela s’ajoutent 23 projets en faveur de l’école inclusive également soutenus par l’Education Nationale, poursuit Stéphanie Talbot, qui ont permis à 250 enfants supplémentaires de faire leur rentrée scolaire grâce à un accompagnement médico-social renforcé au sein des écoles, collège et même lycée.. Au total, un an après son lancement, le Plan a permis l’ouverture de 2 136 solutions d’accompagnement concrètes et efficaces, auxquelles s’ajoute 872 solutions créées grâce aux plans précédents. Au total, sur l’année 2024, l’ARS aura ouvert d’ici la fin de l’année plus de 3 000 solutions nouvelles, soit un rythme inédit [sur la période 2018-2023, l’ARS a créé en moyenne 683 places par an]. 

Vers une transformation en profondeur de l’offre d’accompagnement

« Cette première année d’Inclus’IF a été menée au pas de charge et a nécessité un énorme engagement de la part des équipes de l’ARS au niveau régional et départemental, indique Sophie Martinon. Cette mobilisation sans précédent a porté ses fruits et des milliers de familles ont désormais des réponses qu’elles attendaient depuis longtemps… » Un bilan encourageant, donc, mais qui n’a rien de définitif. « En 2024 notre stratégie s’est concentrée sur le nombre de places que nous pouvions ouvrir rapidement, poursuit Sophie Martinon. A présent nous allons nous focaliser sur la transformation en profondeur de notre offre d’accompagnement. » Dès ce mois d’octobre, des appels à concurrence départementaux et régionaux seront lancés pour mieux répondre aux priorités identifiées lors des diagnostics territoriaux et aux attentes des personnes et des familles, « avec l’ambition d’avancer vers l’autodétermination des personnes en situation de handicap », ajoute Sophie Martinon pour conclure.
 

En Seine-et-Marne, une plateforme de services coordonnées pour les enfants autistes

Lauréate de l’AMI Inclus’IF 2030, la Fondation des Amis de l’Atelier développe une approche novatrice de l’accompagnement des enfants présentant des troubles du spectre de l’autisme. 

Née à la fin des années 50, la Fondation des amis de l’Atelier est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs de l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique, mental ou avec autisme avec 100 établissements et services situés pour la plupart en Île-de-France. En Seine-et- Marne, l’association développe depuis cinq ans une nouvelle approche de l’accueil des enfants avec autisme de 18 mois à 20 ans à travers une plateforme de services coordonnées qui fédère les établissements implantés à Torcy, Roissy en Brie et Serris. « Notre ambition est de répondre aux besoins des enfants et de leurs familles afin qu’ils puissent avoir la meilleure qualité de vie possible, indique Olivia Bouys, directrice territoriale 77, 93 et 95.  En proposant différentes possibilités d’accueil personnalisées nous voulons développer les compétences des enfants en maximisant leur autonomie et leur participation sociale tout en facilitant le quotidien des familles. »

Un accueil décloisonné au plus près des besoins

Concrètement, la plateforme rompt avec la pratique traditionnelle qui consiste à « spécialiser » des établissements sur des tranches d’âge et sur des dispositifs d’accompagnements, au profit d’une prise en charge décloisonnée. Les équipes de la Fondation peuvent ainsi accueillir les enfants sur la durée au plus près de leur domicile. « Aujourd’hui nous sommes en mesure de moduler les modalités d’accompagnement en fonction de chacun, poursuit Olivia Bouys. Par exemple certains enfants peuvent bénéficier du SESSAD pour soutenir la scolarisation en milieu ordinaire le matin et passer l’après-midi en accueil de jour afin de travailler sur d’autres compétences. »  En outre, la plateforme facilite le développement de nouveaux services, telle l’équipe mobile d’appui à la scolarisation (EMASCO) qui apporte une expertise médico-sociale aux établissements scolaires du territoire ou le dispositif transitoire d’accompagnement et d’accueil des situations complexes (DITAASC) qui vise à réduire les troubles du comportement de jeunes présentant un autisme sévère. 

Onze places supplémentaires

Il y a quelques mois la plateforme de la Fondation des amis de l’Atelier a été retenue parmi les lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt Inclus’IF. « Les financements reçus à cette occasion permettent d’offrir 11 places supplémentaires pour des jeunes sans solution, et ainsi en élargissant l’assise de la plateforme, d’être en mesure de faire face davantage aux surcoûts liés au transport et la dimension de coordination ont considérablement augmenté avec cette nouvelle organisation, remarque Olivia Bouys, portant ainsi nos capacités d’accueil et d’accompagnement à 220 parcours… »

 

Inclus'IF 2030 : ils en parlent 

Retour sur la première année du plan Inclus'IF 2030 avec Sophie Martinon, directrice adjointe de l'ARS Île-de-France et Hervé Pigale, directeur de l'Institut Le Val Mandé (94).

Les porteurs de projets témoignent : Corinne Benzekri, directrice de l’action sociale à la fondation Casip-Cojasor (75)

Les porteurs de projets témoignent : Directeur de l'association Les Papillons blancs de la colline (92)

Les porteurs de projets témoignent : Benjamin Bensoussan, directeur adjoint de l’IME Le Bois d’en Haut (95)