À Argenteuil, une plateforme pour soutenir le rétablissement

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Dans le Val-d’Oise, la plateforme P2R95 accompagne les personnes vivant avec des troubles psychiques vers plus d’autonomie et d’insertion. Une approche coordonnée et personnalisée du soin, fondée sur les principes de la réhabilitation psychosociale.

Labellisée par l’ARS en 2021, la plateforme P2R95 est une unité de réhabilitation psychosociale portée par le centre hospitalier d’Argenteuil. Elle accueille des personnes vivant avec des troubles psychiques, dans l’objectif de favoriser leur rétablissement, leur autonomie et leur insertion socio-professionnelle. Elle intervient sur un large territoire, en lien étroit avec les hôpitaux d’Eaubonne-Montmorency et de Gonesse, qui tous ensemble couvrent neuf secteurs de psychiatrie adulte. Stabilisés sur le plan clinique, les usagers — en moyenne âgés de 30 à 40 ans — sont orientés vers la plateforme avec des demandes variées : reprise d’emploi, formation, vie sociale, autonomie dans les transports... « L’objectif, c’est de leur redonner le pouvoir d’agir », résume la Dre Niculina Spinu, médecin référente. Cela suppose un accompagnement personnalisé, mais aussi un vrai travail de réseau. 

 

Un réseau pluridisciplinaire

Chaque personne bénéficie d’un référent, qui construit avec elle un parcours mobilisant différents dispositifs : remédiation cognitive, entraînement à la cognition sociale, éducation thérapeutique, activité physique adaptée, affirmation de soi, psychoéducation des aidants… La plateforme s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire (psychiatre, psychologue, infirmier, ergothérapeute, assistant social, enseignant en APA, etc.) et noue de nombreux partenariats avec des ESAT, des services d’insertion, France Travail ou des établissements médico-sociaux. Ce travail fin et patient peut parfois durer jusqu’à deux ou trois ans, mais sans jamais perdre de vue la sortie : « L’idée n’est pas de chroniciser l’accompagnement, mais d’identifier les bons relais pour une poursuite de parcours, précise Dorothée Marchand Vial, ergothérapeute et coordinatrice de la plateforme. Nous sommes là pour faire le lien autant que pour intervenir par nos propres moyens ». 

Parmi les belles réussites : des contrats d'embauches signés, "comme pour ce patient qui nous a fait confiance et a accepté d'intégrer un dispositif qu'il n'aurait pas choisi spontanément ou cette jeune femme devenue médiatrice de santé paire au sein même de l’équipe". Mais aussi plus simplement la découverte et la pratique d'activités nouvelles. "Voir quelqu'un s'inscrire dans un conservatoire de musique c'est une très bonne nouvelle", remarque la Dre Spinu. 

Les perspectives sont nombreuses, mais les défis restent importants. « Le déploiement de la réhabilitation psychosociale est exigeant. Il suppose de se former, d’expliquer notre rôle, de nouer des partenariats… Ce n’est pas encore totalement entré dans la culture des soins, reconnaît Dorothée Marchand Vial. Mais ça change le regard. On ne fait pas autre chose : on le fait autrement, en partant de ce que la personne veut pour elle-même. »