Vigilance renforcée des professionnels de santé face aux arboviroses transmises par le moustique tigre

Actualité

En 2024, l'Île-de-France connaît une augmentation des cas de dengue importés par rapport aux années précédentes, liée notamment à l’épidémie en cours aux Antilles. L'Agence régionale de santé Île-de-France alerte les professionnels de santé sur l'importance de reconnaître les cas suspects de dengue, chikungunya et zika.

L’ARS Île-de-France rappelle les protocoles de diagnostic, les conduites à tenir et l'importance des mesures de protection individuelle pour prévenir les cas secondaires autochtones. Elle demande ainsi aux professionnels de santé de redoubler de vigilance pendant la période de surveillance renforcée, du 1er mai au 30 novembre (période d’activité du moustique).

Tout patient doit être considéré comme un cas suspect de dengue, chikungunya ou zika s’il présente une fièvre d’apparition brutale, en l’absence de tout point d’appel infectieux :

  • Si le patient revient d'une zone intertropicale depuis moins de 14 jours, un cas importé sera suspecté.
  • En l'absence de diagnostic différentiel et sans voyage récent, un cas autochtone sera suspecté.

 

 

Pour connaitre précisément les zones de circulation des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika, consultez le site de l'Institut Pasteur de Lille en indiquant les pays fréquentés. Vous pouvez également consulter le site du centre européen de contrôle des maladies (ECDC).

Que faire face à un cas suspect ?

Devant tout cas suspect (autochtone ou importé) :

  • Toujours rechercher simultanément les trois infections (sauf pour les urines) selon le tableau ci-dessous ;
  • Demander au patient d’appliquer les mesures de protection individuelle (ex : usage de répulsifs anti moustiques, port de vêtements longs et amples) jusqu’à 7 jours après le début des symptômes afin d’éviter la survenue de cas secondaires autochtones.

Devant tout cas confirmé, signalez sans délai à l’ARS et envoyez la fiche Cerfa par mail : ARS75-ALERTE@ars.sante.fr ou fax : 01.44.02.06.76 (tél : 0 800 811 411 disponible 24h/24 7j/7).

Quelques informations pour vous aider dans votre pratique

  1. Vous êtes médecins :

Vous recevez en consultation des patients présentant une fièvre d’apparition brutale au retour d’un voyage en zone intertropicale : pensez à la dengue, au chikungunya et au Zika !

  • Si vous suspectez une infection par l’un de ces 3 virus, prescrivez les analyses biologiques (RT-PCR et/ou sérologie) en fonction de la date de début des signes du patient.
  • Si le délai entre les dates de début des signes et de consultation le permet, privilégiez la prescription d’une RT-PCR et incitez votre patient à réaliser le prélèvement dans les suites immédiates de la consultation.
  • Recherchez simultanément les trois infections (sauf pour les urines) en raison de symptômes et de zones de circulation souvent similaires.
  1. Vous travaillez dans un laboratoire d’analyses biologiques :

Vous recevez des demandes d’analyses biologiques pour les arboviroses, pensez à vérifier les prescriptions !

  • Assurez-vous de l’adéquation entre les types d’analyses biologiques prescrites (RT-PCR et/ou sérologie) et la date de début des signes du patient et modifiez la prescription si nécessaire (Art. L. 6211-8 du CSP).
  • Les tests biologiques à réaliser dépendent de la cinétique de la virémie et des anticorps. Recherchez l’ARN viral par RT-PCR pendant la période de virémie, soit jusqu’à 7 jours après les premiers signes. Recherchez des IgM et IgG par sérologie à partir du 5° jour. Effectuez ces deux types de tests sur la période de 5 à 7 jours après les premiers signes.
  • Pour la dengue, un test NS1 peut être réalisé jusqu’au 7° jour après le début de la maladie. Pour le Zika, une RT-PCR peut être réalisée sur les urines jusqu’à 10 jours après le début de la maladie.
  • Recherchez simultanément les trois infections en raison de symptômes et de zones de circulation (régions intertropicales) souvent similaires.

Surveillance et lutte

Ces maladies sont à déclaration obligatoire et doivent être signalées toute l’année.

Elles sont transmises par le « moustique tigre », présent sur notre territoire et actif entre les mois de mai et de novembre. Au cours de cette période, des interventions de démoustication sont réalisées autour des lieux fréquentés par les cas pour limiter le risque de transmission. Elles vont permettre de tuer les moustiques avant qu’ils ne se contaminent en piquant une personne infectée, ou qu’ils n’infectent d’autres personnes.

En Île-de-France, 176 communes sont colonisées par le moustique tigre. Pour savoir si votre commune est colonisée, rendez-vous sur Communes colonisées (anses.fr)

La circulation du virus de la dengue est de plus en plus courante en France hexagonale. Au cours des deux dernières années (2022-2023), plus d’une centaine de cas autochtones, infectés sur le territoire, ont été identifiés contre moins de 50 au cours des 10 années précédentes.

Le risque existe aussi pour les virus du chikungunya et du Zika qui sont transmis par le même moustique.

La survenue de cas autochtones est notamment liée à une sous-déclaration ou à une déclaration tardive des cas. Le diagnostic et la déclaration sont deux facteurs essentiels pour éviter la transmission de ces maladies.

En tant que professionnels de santé, votre rôle dans ce dispositif est central.