Vaccination contre les papillomavirus (HPV) : protéger les jeunes dès le collège

Actualité

Recommandée depuis plusieurs années pour les filles et élargie aux garçons depuis 2021, la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) est – depuis la rentrée scolaire 2023 - proposée gratuitement aux collégiens de 5ème. Ce vaccin offre une protection efficace contre des infections à l’origine de nombreux cancers.

Chaque année en France, plus de 6 000 cancers attribuables à une infection aux Papillomavirus Humains (HPV) chez les hommes et les femmes peuvent être évités grâce à la vaccination. À titre d'exemple, l'Australie, avec politique vaccinale scolaire dynamique, atteint aujourd'hui un taux de couverture vaccinale d’environ 90 % chez les collégiens. Un objectif ambitieux, mais réalisable, fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à l'horizon 2030.

Depuis 2023, l’ARS Île-de-France pilote, avec le soutien des rectorats, des équipes éducatives de l’éducation nationale, des collectivités locales, acteurs de proximité et des centres de vaccinations, une campagne de vaccination au sein des collèges afin d’assurer un accès équitable à la vaccination pour tous les élèves franciliens. Cette vaste action de santé publique a contribué à faire progresser ces couvertures vaccinales, mais des disparités subsistent selon les départements et les sexes.

Une première campagne prometteuse en 2023-2024

La première campagne de vaccination en milieu scolaire menée en Île-de-France en 2023-2024 a marqué un tournant. Près de 20 907 élèves de 5ᵉ ont reçu au moins une dose de vaccin dans les collèges de la région et 80 % de ces élèves ont pu compléter leur schéma vaccinal (deux doses) au sein de leur établissement.

Cependant, des écarts demeurent : les taux de vaccination après deux passages varient de 9 % en Seine-Saint-Denis à 20 % à Paris ou en Essonne. Ces données illustrent l'importance d’accentuer les efforts dans les départements les moins couverts. En parallèle, cette première campagne a contribué augmenter les vaccinations en ville pour les jeunes de plus de 11 ans, avec 57 000 doses supplémentaires délivrées en officine par rapport à 2022.

Une stratégie renforcée pour 2024-2025

Cette année, une nouvelle organisation a été mise en place pour faciliter l’adhésion des familles et le travail des équipes éducatives et médicales : les équipes mobiles de vaccinations ne réaliseront qu’un seul passage durant l’année scolaire dans tous les départements franciliens sauf en Seine-et-Marne (77) où les deux passages sur la même année scolaire sont maintenus.

Ces équipes mobiles se sont déployées progressivement depuis la rentrée scolaire 2024 selon le planning suivant :

Les équipes mobiles de vaccination interviendront dans les collèges selon le planning suivant :

  • Paris (75) : mi-janvier 2025 à avril 2025
  • Yvelines (78) : janvier 2025 à avril 2025
  • Seine-et-Marne (77) :
    • 1er passage : octobre 2024 à janvier 2025
    • 2ème passage : avril 2025 à juin 2025
  • Essonne (91) : janvier 2025 à février 2025
  • Hauts-de-Seine (92) : janvier 2025 à mars 2025
  • Seine-Saint-Denis (93) : novembre 2024 à avril 2025
  • Val-de-Marne (94) : décembre 2024 à avril 2025
  • Val-d’Oise (95) : octobre 2024 à fin mai 2025

Deux priorités pour assurer la réussite de la campagne

1ère priorité - renforcer la communication et l’information auprès des parents, des élèves et des établissements scolaires.

Une vaste campagne de communication, en partenariat avec l’Institut national du cancer (INCa), est mise en place depuis le début de l’année 2025 et diffusée par voie d’affichage, sur différents réseaux de tram, à l’arrière de bus, et dans les gares RER franciliennes, ainsi que par voie digitale via une campagne de sponsorisation sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram.

L’ARS a par ailleurs distribué des affiches, plaquettes d’information et des autorisations à remplir à tous les collèges d’Île-de-France pour remobiliser et encourager les parents à aller sur le site vaccination-HPV-iledefrance.fr pour y trouver les informations et surtout l’autorisation parentale à joindre au carnet de vaccination lors de la séance de vaccination.
 

2ème priorité - Simplifier les démarches administratives, notamment en rendant disponible les autorisations parentales sous 2 formats, par voie numériques et par voie papier en imprimant le document via le site https://vaccination-hpv-iledefrance.fr/ ou en le sollicitant auprès de son établissement scolaire. 
Pour connaitre les dates de passage dans son établissement scolaire, si votre enfant est en classe de 5ème, n’hésitez pas à questionner l’équipe éducative du collège où votre enfant est scolarisé.

Pour plus d'informations et télécharger les autorisations parentales, rendez-vous sur vaccination-HPV-iledefrance.fr.

Sur le terrain : une infirmière scolaire en première ligne

À Parmain, dans le Val d’Oise (95), Virginie Vanpoperinghe, infirmière scolaire, partage son expérience et les défis rencontrés pour sensibiliser élèves et parents à cette démarche de santé publique.

Dans le collège de Parmain, Virginie Vanpoperinghe, infirmière scolaire, est aux avant-postes de cette campagne. Forte de 14 ans d’expérience dans cet établissement, elle conjugue ses missions de prévention, de soin et de protection de l’enfance.

« Je suis là pour accompagner les élèves sur des sujets de santé variés : sommeil, hygiène, alimentation, harcèlement, ou encore éducation affective et sexuelle. La vaccination HPV s’inscrit dans ce cadre global de prévention, avec un objectif clair : réduire les risques à long terme pour les jeunes.

Afin de sensibiliser aux mieux les collégiens, nous avons collaboré avec le CRIPS-IDF pour organiser des séances ludiques d’information. Chaque classe a bénéficié de deux heures d’ateliers interactifs : une première heure dédiée à la vaccination et une seconde sous forme de jeux éducatifs comme un VRAI/FAUX et un jeu de société inspiré du loup-garou (retrouvez ici le témoignage du CRIPS Île-de-France).

Mobiliser les parents : une étape essentielle mais complexe

Dans mon établissement, les parents se montrent généralement réceptifs : la majorité des autorisations parentales sont bien remplies, et beaucoup ont déjà fait vacciner leurs enfants auprès de leur médecin généraliste. Mais je sais que ce n’est pas aussi simple partout. Par exemple, à Parmain nous travaillons avec les professeurs de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) pour intégrer le sujet de la vaccination dans leurs cours sur la santé et le consentement. Certains collègues me racontent qu’ils rencontrent des difficultés avec des parents qui hésitent ou remplissent mal les formulaires. Parfois, c’est un problème de manque d’information, d’autres fois, ce sont des discours antivaccins qui influencent les familles, ou encore une réticence culturelle à aborder des sujets liés à la sexualité en classe de 5ᵉ. Beaucoup de ces réticences viennent, il me semble, d’une mauvaise compréhension du vaccin contre les HPV. Des parents peuvent l’associer à la sexualité, ce qui peut créer un blocage, surtout quand ils estiment que leurs enfants sont encore trop jeunes pour aborder ce sujet. Pourtant, il faut insister sur un point essentiel : ce vaccin est avant tout une protection contre le cancer.

Pour surmonter ces obstacles, il faudrait simplifier les démarches et renforcer la communication. Par exemple, des formulaires plus simples et plus faciles à remplir seraient une aide précieuse (retrouvez ici un kit de communication multilingue).

Un dispositif à perfectionner pour l’avenir

Si la campagne de cette année a été globalement réussie à Parmain, il faut identifier des axes d’amélioration. La sensibilisation aurait été plus efficace si elle avait eu lieu en début d’année, lors des réunions parents-professeurs. Malheureusement, je n’ai pas pu faire venir l’intervenante du CRIPS à ce moment-là.

Pour moi, il est aussi essentiel d’adopter une approche collective. Une campagne comme celle-ci ne peut pas reposer uniquement sur les infirmiers scolaires. Les enseignants, les chefs d’établissement et des acteurs extérieurs comme le CRIPS doivent s’impliquer activement pour garantir son succès. C’est en travaillant tous ensemble qu’on pourra faire la différence. »