Risque d’intoxication au monoxyde de carbone : l’ARS Île-de-France appelle à la prudence

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L’Île-de-France fait face à des niveaux élevés d’intoxications au monoxyde de carbone, une problématique qui s’aggrave avec le retour des températures froides et l’augmentation significative des coûts énergétiques. Dans ce contexte, l’ARS Île-de-France appelle à la vigilance maximale et réitère les recommandations et bonnes pratiques à suivre pour prévenir ces risques.

Le monoxyde de carbone est un gaz toxique indétectable par l’homme car incolore, inodore et non irritant. Lorsqu’il est inhalé, le monoxyde de carbone se fixe dans le sang en prenant la place de l’oxygène et peut alors en moins d’une heure provoquer des vertiges, une perte de connaissance, un coma, et même devenir mortel. Sa présence résulte d’une mauvaise combustion au sein d’un appareil fonctionnant au gaz, au bois, au charbon, à l’essence, au fioul ou encore à l’éthanol.

Les chiffres clés de l’année 2023

En 2023, 203épisodes d’intoxication ont été enregistrés en Île-de-France, impliquant au total 219personnes intoxiquées dans un cadre privé.

Le nombre de cas d’exposition dans un cadre privé par source d’exposition :

  • 135 cas concernent des Brasero/barbecue, dont 68 utilisés à des fins de chauffage.
  • 312cas concernent des chaudières/ chauffe-eaux

69 cas concernent d’autres sources comme une cheminée/poêle à bois, engin avec un moteur thermique, gazinière, groupe électrogène, moteur de voiture...

Ces chiffres montrent que le nombre d'intoxications sur une année reste important, il faut donc toujours rester vigilant. Tous les départements de la région constatent une utilisation dans de mauvaises conditions (car appareils non adaptés) de sources alternatives pour se chauffer : le mésusage de barbecues et braséros en intérieur est assez répandu. 

Il y a encore quelques années, la problématique des appareils de chauffage de fortune concernait davantage la Seine-Saint-Denis. Cependant, cette préoccupation s'est désormais étendue à l'ensemble de la région, soulignant la nécessité d'une sensibilisation continue sur les risques liés à de telles pratiques.

La campagne d’information annuelle à destination des mairies

Chaque année, l'ARS Île-de-France rappelle aux municipalités les mesures de prévention à prendre contre les intoxications au monoxyde de carbone. Elle met à disposition des outils de communication :

 

Des gestes qui sauvent…

Il est primordial de rappeler les bons gestes de prévention pour éviter l’intoxication :

  • Faire ramoner mécaniquement tous les conduits de fumées par un professionnel qualifié
  • Faire vérifier ses installations de chauffage par un professionnel qualifié
  • Ne jamais boucher les grilles de ventilation
  • N’utiliser les chauffages d’appoint à combustion que quelques heures par jour
  • Aérer quotidiennement son logement même en période de grand froid
  • Ne jamais utiliser un groupe électrogène, un barbecue ou un brasero dans un espace clos.

 

Témoignage de Laurine Le Visage-Perivier, Pharmacienne - Praticienne Toxicovigilance au Centre Antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) de Paris, Hôpital Fernand Widal (AP-HP)

Quel est le rôle du CAPTV (Centre Antipoison et de Toxicovigilance) face aux risques d’intoxication au monoxyde de carbone ?

Le CAPTV assure le recueil des signalements de suspicions ou de cas avérés d'intoxications au monoxyde de carbone provenant des interventions sur le terrain (SAMU, SDIS, LCPP, hôpitaux, et parfois même auprès des particuliers directement).

Il récolte toutes les informations nécessaires au suivi médical (prise en charge hospitalière ou non, oxygénothérapie) qu’il effectue via son service de réponse téléphonique et les informations nécessaires à l’enquête environnementale (circonstance d’exposition, adresse postale…) réalisée par les services départementaux des Agences régionales de santé (ARS) ou le laboratoire central de la préfecture de Police (LCPP).

Le CAPTV a également un rôle de conseil, d’orientation et d’information auprès du public et des professionnels de santé pour limiter les risques d’intoxications. En cas d’intoxications, il peut conseiller les médecins sur les traitements appropriés.

 

À quel moment de la gestion de ces risques intervenez-vous ?

Le CAPTV intervient à toutes les étapes, aussi bien de façon préventive (par le biais de newsletters, webinaires, ou à la radio…), lors des suspicions/intoxications (conseils médicaux, recueils des données, déclaration ARS) et en suivi médical (rappel téléphonique aux victimes, possibilité de consulter au sein du service de Consultation pathologie professionnelle et environnementale (CPPE) du CAPTV de Paris).

 

Quelles sont les spécificités des intoxications au monoxyde de carbone ?

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz incolore, inodore, toxique et potentiellement mortel qui résulte d’une combustion incomplète, et ce quel que soit le combustible utilisé : bois, butane, charbon, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane. Il se diffuse très vite dans l’environnement. Le CO se lie à l'hémoglobine du sang, empêchant ainsi le transport de l'oxygène.

Les maux de tête sont les symptômes les plus fréquents, ainsi que les vertiges ou une sensation de faiblesse musculaire. Les troubles digestifs (nausées, vomissements sans diarrhée, douleurs abdominales) peuvent être particulièrement trompeurs.

D’autres symptômes peuvent être rencontrés à des fréquences variables, notamment en cas d’intoxication plus importante : dyspnée, malaise, troubles de la vision, difficultés de concentration, troubles du comportement, douleurs dans la poitrine, confusion, convulsions. Une intoxication grave peut conduire au coma et au décès par défaillance cardiorespiratoire, parfois en quelques minutes. Ces intoxications peuvent entraîner des séquelles à vie.

Par le caractère peu spécifique de ces symptômes, ces intoxications donnent souvent lieu à un grand nombre de faux diagnostics de grippe, de gastro-entérites ou d’autres affections bénignes. Ce diagnostic doit être évoqué devant la combinaison de certains d’entre eux et notamment lorsque :

  • Ces symptômes surviennent chez plusieurs personnes vivant dans le même lieu ;
  • Ces symptômes disparaissent ou s’atténuent lorsque ces personnes quittent ce lieu ;
  • Des anomalies de comportement voire le décès d’un animal de compagnie ont été constatées.

Devant ce tableau clinique, la présence d’une source de production du monoxyde de carbone doit être recherchée (combustion incomplète) : présence de dispositifs de chauffage à combustion à l’intérieur du lieu de vie (groupe électrogène, brasero, poêle à bois, chauffage d’appoint, cheminée, etc.).

Il est important de prêter une attention particulière aux personnes fragiles (femmes enceintes et fœtus, nouveau-né/nourrisson, personnes âgées).

 

Au-delà du monoxyde de carbone, quelles autres intoxications surveillez-vous ?

Toutes les intoxications chez l’Homme (pour les animaux, il existe deux centres antipoison en France, à Lyon et Nantes) notamment celles aux médicaments, aux substances chimiques domestiques, aux pesticides, aux gaz toxiques, et aux produits industriels, ainsi qu'aux champignons vénéneux, plantes toxiques, et intoxications alimentaires.

Les services de réponse téléphonique à l’urgence sont ouvertes 24h/24 7j/7, pour le CAPTV il faut composer le 01.40.05.48.48. ; pour les autres centres antipoison français, les informations sont consignées sur le site national à l’adresse suivante : centres-antipoison.net.