La thématique du jour était centrée sur la réponse à la pénurie de soignants en établissements et services médico-sociaux, notamment dans le contexte du déploiement du Plan Inclus'IF 2030, la préparation à l’apprentissage dit PREP'APP étant justement présenté comme l’une des solutions.
Présentation du projet
Le dispositif PREPAPP vise à aller chercher des jeunes sans emploi, sans formation, sans études dans les quartiers prioritaires de la Ville afin de leur proposer une formation pour les préparer à exercer un métier orienté vers l’accompagnement tel qu’aide-soignant ou accompagnant éducatif et social. La préparation à l’apprentissage permet d’accéder à une formation diplômante. Elle s’organise sur trois mois avec de la remise à niveau scolaire alliée à un stage professionnel immersif sur le terrain puis à une formation au sein d’un institut de formation ou d’un CFA en alternance.
La PREP'APP est accessible gratuitement aux jeunes de 16 à 29 ans sans condition de diplôme ou de formation. Elle accueille également les personnes en situation de handicap et concerne 430 jeunes attendus en 2024 issus des « quartiers prioritaires de la Ville » des régions Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Grand Est, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté vers une formation d’AS (Aide- Soignant), AES (Accompagnement Educatif et Social) ou d’Auxiliaire de Puériculture en apprentissage.
Chaque prépa est étalée sur 14 semaines (3 jours de formation + 1 journée d’accompagnement social/mobilité) et comprend:
- Un diagnostic social/mobilité initial ;
- Une évaluation des savoirs de base ;
- Des temps de formation aux savoirs de base, savoirs métiers et savoirs-être ; mobilité ; interculturalité
- Des temps d’immersion en établissements (PMSMP, stage)
- Des animations dans les établissements afin de familiariser nos jeunes avec l’activité et conforter leur projet professionnel
- Des temps d’accompagnement individuel sur les problématiques sociales des jeunes (notamment mobilité)
- Des temps pour préparer l’entrée en formation en apprentissage et la sortie de la prépa
Retour sur l'évènement
Introduit par Sophie MARTINON, Directrice Générale Adjointe de l’ARS Île-De-France et le Dr Guy SEBBAH, Médecin – Vice-président exécutif du groupe SOS en charge des secteurs - Santé et Séniors, l’évènement était séquencé en trois temps forts, abordant le dispositif sous différents angles :
- Quelle stratégie de recrutement aujourd’hui pour développer l’offre médico-sociale ?
- Des témoignages d’employeurs ayant recruté via la PREPAPP
- Quels apports de la PREPAPP pour les jeunes alternants ?
Il a été rappelé que l’ARS a identifié le dispositif PREP'APP à l’occasion de réunions territoriales organisées en 2022 dans le cadre du Conseil National de la Refondation en Santé de la Seine-Saint-Denis. Depuis, l’ARS a souhaité le promouvoir auprès du plus grand nombre compte tenu de son impact positif tant pour les jeunes que pour les employeurs du territoire.
Première table ronde : Quelle stratégie de recrutement aujourd’hui pour développer l’offre médico-sociale ?
Le secteur de la santé et en particulier le secteur médico-social dans son ensemble, connaissent une crise profonde des ressources humaines. Dans la plupart des cas, les EHPAD font face à des difficultés de recrutement et ces difficultés peuvent nuire à la qualité de prise en charge des résidents. On estime aujourd’hui à 5000 le nombre de postes vacants dans les établissements sanitaires et médico-sociaux en Île-de-France dans le secteur du handicap et de la personne âgée et à 8600 le nombres de postes à pourvoir à court et moyen termes (auxquels il conviendra aussi d’ajouter les besoins du secteur médico-social.
L’agence régionale de Santé d’Ile-de-France ainsi que le conseil départemental ont donc pu rappeler l’état du besoin en Seine-Saint-Denis, précisant notamment le lancement du plan Inclus’IF 2030 depuis novembre dernier. Il s’agit d’un grand plan de création de nouvelles solutions dans le secteur du handicap décidé lors de la conférence Nationale de Handicap d’avril 2023. L’Agence a par ailleurs déjà lancé un appel à manifestation d’intérêt dont les résultats sont attendus en avril prochain avec pour critère principal l’ouverture de ces solutions dès 2024. Il y a une nécessité d’agir rapidement en proposant des stratégies et actions imminentes. Ce temps d’échange a par ailleurs permis de remettre en évidence l’importance des RH en santé parmi les priorités de son Projet régional de santé (PRS3) compte tenu de leur rôle en matière d’attractivité et de fidélisation.
Au-delà du rappel des besoins en Seine-Saint Denis, cette table ronde permettait également de rappeler aux directions et responsables de services des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux les solutions déjà existantes visant à réduire la pénurie de soignants sur le territoire, notamment :
- Le contrat d’allocation d’études, co-financé par l’ARS Île-de-France qui permettent de verser une allocation forfaitaire aux étudiants en dernière année d’études, en contrepartie d’un engagement de servir de 18 mois au sein de ces établissements sanitaires et médico-sociaux. Un nouvel appel à candidature est d’ailleurs disponible depuis ce 15 mars (ajouter lien AAC).
- Les trophées de la qualité de vie au travail (QVT), avec pour objectif d’inciter les établissements à proposer des solutions améliorant la qualité de vie au travail. On constate que les établissements qui sont les plus dynamiques réussissent à être plus attractifs et fidélisent davantage leurs professionnels.
- Des solutions de logements pour les soignants pour faire face aux difficultés rencontrées par les soignants pour résider dans la région, ce qui engendre une pénurie de candidats. L'ARS a mobilisé une enveloppe de 75 millions d'euros pour permettre aux établissements de santé et aux EHPAD de proposer des solutions de logement à leurs personnels afin de réduire les coûts mais également les difficultés liées aux trajets (temps, distance) en espérant ainsi attirer et fidéliser les professionnels.
- Le partenariat de l’ARS Île-de-France avec France Travail qui vise à dynamiser le recrutement dans les secteurs sanitaires et médico-social, notamment via des actions de :
- Développement de la connaissance et l’attractivité de ces secteurs, auprès des demandeurs d’emploi et des conseillers Pôle Emploi,
- D’accompagnement des établissements de santé et les établissements et services médico-sociaux dans leurs recrutements,
- Développement des compétences des demandeurs d’emploi (en particulier les jeunes, les demandeurs d’emploi de longue durée, les personnes en situation de handicap).
Deuxième table ronde : Les retours des employeurs ayant recruté via la PREP'APP
Cette deuxième table ronde fut notamment l’occasion de compiler les témoignages d’employeurs ayant recruté des apprentis de la PREP'APP.
Tous ont formulé des retours satisfaisants et unanimes sur la pertinence du dispositif tant pour les structures que pour les alternants. Afin d’optimiser les recrutements potentiels, ces derniers ont tenu à être les plus objectifs et transparents possible en évoquant tant les points positifs que les points plus bloquants et freins périphériques pouvant impacter la réussite.
Le bilan général qui en ressort est très positif puisque tous ont pour souhait de favoriser l’extension de ce dispositif pour optimiser les recrutements et palier aux manques d’effectifs dans les services, et établissements médico-sociaux.
Troisième table ronde : Quels apports de la PREPAPP pour les jeunes alternants ?
Cette dernière séquence avait pour but de laisser la place aux jeunes concernés pour s’exprimer, revenir sur leurs parcours, leur vie personnelle, leurs attentes avant d’intégrer PREP'APP et leur expérience au sein du dispositif.
Ces jeunes ont tous mis en évidence l’impact positif de la PREP'APP et ont salué l’implication des coordinateurs et chefs de projets du dispositif, lesquels ne manquent pas de les accompagner au plus près pour favoriser leur insertion professionnelle. Les apprentis ont pu évoquer leur parcours puis la rencontre avec PREP'APP, mettant alors en évidence l’hétérogénéité de leurs cursus et histoire de vie. Ce dispositif est aussi pour certains un premier pas vers l’accès aux enseignements ce qui les encourage ensuite à aller plus loin en reprenant des études ou en évoluant vers des métiers plus qualifiés tels qu’infirmier diplômé d’Etat.
Ce dispositif crée par le Groupe SOS en 2021 est donc primordial non seulement pour faciliter la réinsertion professionnelle des jeunes mais aussi et surtout afin d'apporter une première réponse aux pénuries de soignants au sein des établissements et services médico-sociaux de la Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, lancé d’abord comme expérimentation, ce dispositif a été pérennisé et sera étendu à d’autres villes afin de le proposer à terme au plus grand nombre, en commençant par la Seine-et-Marne très prochainement.
