Ménopause Club : innover pour mieux prendre soin des femmes
Ménopause Club est un projet qui vise à améliorer la prise en charge des femmes ménopausées... Il propose des outils et des guides pour les médecins généralistes afin de mieux comprendre les besoins des femmes en ménopause et de leur proposer un parcours de soins adapté. Ménopause Club s’adresse également directement aux femmes en leur mettant à disposition des informations et des ressources, comme pour les praticiens, notamment un questionnaire pour bien identifier les symptômes ou un site web avec des webinars et autres outils. Le projet est financé par l’ARS Ile-de-France via la seconde édition de l’appel à projets pour la mise en place de projets d’innovations organisationnelles s’appuyant sur des solutions numériques ou technologiques.
Rencontre avec son fondateur, le Pr Pierre-François Ceccaldi, gynécologue-obstétricien.
« Ménopause Club est parti d'un constat : aujourd’hui, on ne prend plus en considération la santé des femmes, à l'abord de la ménopause. Nos confrères en médecine de ville, probablement par manque de formation, ne s'y intéressent pas ou peu. Quand le sujet est abordé, c’est en mode : "Écoutez madame, c'est l'évolution naturelle des choses." Et on passe à autre chose en laissant la patiente dans l’idée que c'est physiologique, que c'est naturel.
Pourtant, il y a plusieurs centaines de milliers de femmes par an qui passent ce cap de la ménopause. Et il y a une demande d'écoute, de savoir-répondre aux questions qu'elles se posent sur cette étape naturelle. Parfois ça peut être lié à l'apparition de certaines maladies chroniques. Je pense au diabète, à l'hypertension, je pense aussi au petit pic qu'on peut avoir sur certains dépistages sur les cancers du sein entre autres…
Aujourd'hui, nous avons des choses à proposer, pas forcément des médicaments, mais tout un parcours. Ménopause Club, c'est ça !
« Actuellement les patientes ne savent pas où trouver un médecin qui soit apte à les écouter, et à leur apporter des réponses à leurs questions sur la ménopause »
« Nous faisons donc du mixte, à la fois du présentiel et du distanciel, avec une plateforme d’informations et des consultations.
Nous avons cherché à savoir si les généralistes avaient besoin d'un outil pour accompagner les femmes. Nous avons développé un questionnaire pour cerner les différents symptômes des ménopauses, qui sera bientôt mis à leur disposition.
Nous voulons cerner la pluralité des symptômes de la ménopause et comment pouvoir en parler à son médecin traitant petit à petit.
Nous souhaitons travailler avec les CPTS et créer une transition de ménopause sans risque, pour une dame qui n’a pas de maladie chronique qui peut être prise en charge en ville. Mais aussi proposer un parcours pour les femmes qui en ont le plus besoin, celles qui ont des maladies chroniques, et évaluer l’arrivée de la ménopause sur ces patientes là (l’hypertension, le diabète, après un cancer…), et pouvoir les orienter.
Nous avons commencé en 2023, avec le financement de l’ARS Île-de-France, pour une expérimentation jusqu’en décembre 2025 avec comme objectif de se développer sur le digital et sur le terrain sur des parcours adaptés. Le projet à terme serait, ensuite, de proposer un modèle de financement des consultations spécifiques, type Article 51, mais nous partons de très loin. Aujourd’hui nous devons déjà créer toute une dynamique autour de cette thématique de la prise en charge de la ménopause. »
Psy-Eval : le détective numérique des comorbidités psychiatriques
Psy-Eval est une plateforme numérique qui permet de dépister les comorbidités psychiatriques. Elle a été développée par l’EPS Barthélemy Durand à Étampes en 2023. La plateforme utilise des questionnaires numériques pour identifier les pathologies psychiatriques et les comorbidités. Elle est accessible aux patients via une application mobile ou un ordinateur, et peut être utilisée par les soignants pour guider leur interrogatoire des patients. L'objectif de Psy-Eval est de fournir un diagnostic plus complet et de réduire les pertes de temps et de chances pour les patients.
Elisabeth Colas, chef de projet Psy-Eval explique :
« En effectuant des bilans approfondis avec des outils standardisés, l'un de nos médecins, le Dr Benoît Bayle, a remarqué que de nombreux troubles psychiatriques étaient ignorés par les psychiatres eux-mêmes, donc pas soignés, ce qui est une perte de chance pour les patients et un facteur de résistance. Dès fin 2017, il a cherché à développer la numérisation d'un dispositif complet d'évaluation, pour mieux dépister les comorbidités qui accompagnent très souvent les pathologies psychiatriques. C'est en remportant un appel à projet de l'ARS Île-de-France que ce dessein a véritablement pu se concrétiser.
Un gain de temps considérable pour les professionnels dans la recherche des comorbidités en psychiatrie, avec l'automatisation des résultats... et une meilleure ergonomie pour le patient ! »
Donc avec Psy-Eval, nous avons déployé un double dispositif : d'un côté, une évaluation par le médecin avec un entretien standardisé ; de l'autre, une auto-évaluation comprenant une douzaine de questionnaires, chacun spécifique à une pathologie psychiatrique (l'angoisse, la dépression, le stress post-traumatique, le TDAH…). Là, c'est le patient qui va répondre au questionnaire à partir d'un lien que nous lui avons renvoyé par mail, dans le but d'obtenir le diagnostic le plus complet possible. Un gain de temps considérable pour les professionnels avec l'automatisation des résultats... et une meilleure ergonomie pour le patient !
Nous avons commencé à travailler sur le projet en 2023. Il comporte de nombreux aspects. Il y a tout le côté dématérialisation, pour lequel nous travaillons en partenariat avec la société "Le Sphinx" qui nous fournit les logiciels pour créer les enquêtes, pour les diffuser, pour récupérer les données et pour les héberger sur un serveur HDS sécurisé. Il y a également toute la partie RGPD pour protéger ces données et une grande partie propriété intellectuelle de gestion des droits d'auteur vis-à-vis des questionnaires que nous utilisons.
Compte-tenu de la complexité de ce projet, une équipe se met en place pour le mener à bien, avec le docteur Benoît Bayle, porteur de projet, Élisabeth Coles, chef de projet, et Élise Lomambo, assistante projet.
Les financements sont partagés entre l’ARS Île-de-France et l’établissement. Et à l’avenir, nous aimerions partager notre méthode avec d’autres établissements, avec les praticiens de ville, au début au niveau département, puis régional. Peut-être un jour un déploiement national, nous n’y sommes pas encore, nous avançons pas à pas. »
OZ Ensemble : le service qui aide à reprendre le contrôle sur sa consommation d’alcool
Oz Ensemble est accessible gratuitement et de manière anonyme via une application mobile.
Dr Géraldine Talbot, psychiatre addictologue explique son projet :
« Je dirige une association médico-sociale qui s'appelle CaPASSCité et qui porte le projet Oz Ensemble. Oz ensemble, est un parcours de soins innovant en alcoologie qui a pour vocation de favoriser la maitrise de sa consommation d'alcool. Les personnes qui le souhaitent peuvent évaluer leur risque alcool, suivre leur consommation au quotidien, avoir des conseils personnalisés en autonomie et à tout moment si ces conseils ne suffisent pas, si elles veulent plus d'aide ou si elles sont inquiètes, elles peuvent contacter la cellule de soins, qui va lors d’une premier contact écouter leurs demandes, les informer et dans un second temps si un suivi est indiqué prescrire les premières lignes de traitement et formuler les orientations vers les dispositifs adaptés.
Tout commence par une auto-évaluation de sa consommation d'alcool à partir du questionnaire AUDIT. Est-ce que ma consommation d’alcool est à risque ? Est-ce que ce risque est intermédiaire élevé ? En fonction de ce constat, l’application va encourager son utilisateur à se fixer un objectif, soit de réduire la consommation d'alcool ou si elle le souhaite d'aller vers une abstinence totale. L’utilisateur commence son parcours en autonomie et si c’est difficile, si on des symptômes d’alerte, si on a des questions médicales, si on a une inquiétude, si on n'y arrive pas, on contacte via l'application l'équipe de soin Oz Ensemble.
« 5 000 utilisateurs actifs utilisent chaque année l’appli Oz ensemble pour soigner leur trouble d’usage d’alcool »
C’est gratuit, anonyme et on peut téléconsulter une équipe clinique spécialisée, dont un médecin addictologue qui va pouvoir répondre aux questions, compléter l'évaluation initiale du trouble, évaluer le risque d’un syndrome de sevrage et en fonction voir avec vous si vous avez besoin d'un traitement pour réduire votre consommation d’alcool avec un encadrement médical sécuritaire.
L’application existe depuis 2019, avec autour des 100 000 téléchargements par an, pour à peu près 5 000 utilisateurs actifs. Ce projet a été financé par l'ARS Île-de-France, dans un appel à projet innovateur, dit Startups d’Etat et actuellement avec des budgets complémentaires du Fond de lutte contre les addictions (FLCA).
La grosse ressource qui pose plus de difficultés à pérenniser, ce n’est pas tant l'outil applicatif parce que trouver un financement pour un outil numérique national, c'est atteignable, mais pour la cellule de soins et cliniciens il faut arriver à trouver des canaux de financement tant pérennes qu’adaptés.
Pour les années qui viennent, il reste à construire un modèle pérenne de financement pour la cellule de soin adossé à l’application pouvoir accéder à un déploiement plus large. »
Equip’Addict : soigner les addictions, ensemble et sans stigmatisation !
EquipAddict est un dispositif qui permet de mettre à disposition, dans les cabinets médicaux, des psychologues et des travailleurs sociaux d’une structure porteuse (CSAPA/CAARUD) pour faire équipe avec les médecins généralistes des centres de santé autour des patients ayant des problématiques d’usages et d’addiction.. Il vise à faciliter l'accès aux soins spécialisés en addictologie, à réduire la stigmatisation, à adopter une démarche de réduction des risques et à soutenir les équipes médicales. EquipAddict est financé via le dispositif Article 51, et est en phase de transition vers un financement dans le droit commun.
Bérengère Tranakidis, cheffe de projet Equip’Addict pour l’association PROSES dans le département 93 explique le concept.
« Equip Addict est un dispositif qui permet de mettre à disposition un psychologue et un travailleur social dans les cabinets médicaux, avec les médecins généralistes, pourfavoriser l’accès aux soins des personnes souffrant de conduites addictives et suivies en médecine de ville, en proposant une équipe médico-psycho-sociale et mettre en place un parcours de soins individualisé et coordonné.
« Nous améliorons l’accès aux soins spécialisés en addictologie, en diminuant la stigmatisation ressentie par les patients »
Le dispositif est régional, avec une association qui porte le projet certains départements d’Île-de-France (91, 93, 94). L’objectif est d'améliorer l'accès aux soins spécialisés en addictologie et de diminuer la stigmatisation que les patients peuvent ressentir en allant dans les services spécialisés en addictologie.
Ce sont les médecins traitants qui repèrent dans leur patientèle les patients qu’ils peuvent inviter à rentrer dans le dispositif. Là où l’on voit que c’est une offre de soins utile c’est que 50% des patients sont des femmes, alors que ce taux est beaucoup plus bas dans les consultations d’addictologie plus classiques. Le fait que ce soit au sein même du cabinet de médecine générale joue énormément.
Ce dispositif national existe depuis 4 ans en Île-de-France avec Philippe Languenou, Directeur MCATMS pour Equip’Addict 94 et Mathieu Chéron, Chef de service OPPELIA 91, pour Equip’Addict 91.
Témoignages :
Réalisées par notre partenaire média What's up Doc
- Dr Rebecca HADDAD et Mathilde TERSIGUEL, porteuses du projet Autonomie AVC
- Pr Corinne BAGNIS, porteuses du projet Optalim