KCLi : modalités de stockage et d’utilisation

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chlorure de potassium hypertonique injectable

Modalités de stockage et d’utilisation du chlorure de potassium hypertonique injectable dans les établissements de santé en Ile-de-France

Les évènements indésirables liés à l’utilisation du chlorure de potassium hypertonique injectable (KCLi) par voie intraveineuse sont redoutés en raison de leur gravité et du risque de décès.

L’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) a procédé en 2011 à une révision des règles d’étiquetage des solutions d’électrolytes (mentions relatives à la dilution et l’administration) et à l’édition d’une affiche rappelant 4 règles de préparation et d’administration pour éviter les erreurs.

Ces démarches s’intègrent dans les actions prioritaires de prévention des erreurs d’administration de chlorure de potassium hypertonique, inscrites sur la liste des douze évènements identifiés « qui ne devraient jamais arriver »*, à mettre en oeuvre notamment par les établissements de santé**.

*Circulaire DGOS/PF2/2012/72 du 14 février 2012 relative au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse.

**Arrêté du 6 avril 2011 relatif au management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse et aux médicaments dans les établissements de santé

En mars 2015, l’ARS a conduit une enquête de mesure d’impact de la campagne 2014.

Bon nombre des établissements ont pris acte des recommandations de 2014 et ont mis place une politique d’intégration des risques liés au KCl injectable, en initiant des mesures correctives.

L’analyse des résultats montre que les points d’amélioration possible identifiés en 2014 sont en progression :

  • L’identification des zones de stockage : Le rangement séparé est en augmentation (+2%), la présence d’un message alertant sur les risques liés à l’utilisation du KCl est en augmentation de 63,8%.
  • La séniorisation de la prescription et de l’analyse pharmaceutique pour ce médicament à risque. La séniorisation des prescriptions augmentent légèrement (+2,9%) tandis que l’analyse pharmaceutique systématique est effectuée dans 8% d’unités en plus.
  • L’information et la formation du personnel sur le bon usage du chlorure de potassium hypertonique injectable. La campagne d’information 2014 est connue de 72% des répondants, ce qui représente une augmentation de +67,4% des unités de soins  ayant connaissance d’une campagne d’information sur les risques liées au KCl.

Cette étude confirme, pour l’Ile-de-France, la nécessité d’une démarche continue, et répétée dans le temps pour s’assurer de la diffusion des recommandations auprès des professionnels concernés, ainsi que du rappel des bonnes pratiques de prescription et d’administration du chlorure de potassium injectable, et met en évidence l’importance d’une communication constante sur le sujet.

À la clôture de l’enquête, 151 établissements franciliens sur les 260 contactés ont répondu au questionnaire, représentants 945 unités de soins (US).

L’analyse des résultats a mis en évidence plusieurs points d’amélioration possible relatifs à :

  • L’identification des zones de stockage : 54% des zones de stockage n’ont pas de signalétique particulière alertant sur les risques et dans 38% des cas, les conditions ne permettent pas de séparation entre électrolytes
  • La séniorisation de la prescription et de l’analyse pharmaceutique pour ce médicament à risque : une prescription sur deux n’est pas établie par un médecin senior et l’analyse pharmaceutique des prescriptions est faite systématiquement dans 37% des US
  • La mise à disposition des infirmières, de protocoles de dilution et d’administration du chlorure de potassium hypertonique injectable : ces protocoles sont à disposition respectivement dans 21% et 20% des US
  • L’information et la formation du personnel sur le bon usage du chlorure de potassium hypertonique injectable : 43% des US répondantes déclarent avoir connaissance de campagnes d’information et 26% connaissance de supports de formation

Cette étude montre la nécessité d’améliorer les organisations et de sensibiliser les professionnels pour la prévention des risques d’erreurs liées à l’utilisation des solutions concentrées de chlorure de potassium hypertonique injectable.

Dans cet objectif, nous proposons aux commissions médicales et aux conférences médicales d’établissement, en lien avec le responsable du système de management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse, de mettre en place un plan d’actions pour l’amélioration des organisations et la sensibilisation des professionnels sur ce thème.

À ce titre deux fiches de recommandations et deux affichettes ont été réalisées à l’intention des professionnels de santé de la région. Nous vous invitons à les expliciter et à les diffuser très largement parmi vos équipes.

Elles concernent en premier lieu la prescription, le stockage, la préparation et l’administration des solutions de chlorure de potassium hypertonique chez l’adulte et chez l’enfant.

Elles orientent également vers le retrait des ampoules de chlorure de potassium hypertonique injectable des unités de soins (hors réanimations et services d’urgence), et leur remplacement par des solutions diluées ou de mélanges prêts à l’emploi, dans la mesure du possible.