Les personnes migrantes et réfugiées présentent souvent un état de santé particulièrement altéré, conséquence des violences subies et de la précarité dans leurs parcours lors de l’exil. L’ARS Île-de-France joue pleinement son rôle dans l'accès et la continuité des soins des personnes migrantes primo-arrivantes et demandeuses d'asile. Cela se traduit par différentes actions, en commençant par le repérage et la prise en charge, de manière précoce, de la santé physique et mentale des personnes vulnérables.
Des dispositifs spécifiques
Les pôles de soins au sein des Centres d'Accueil et d'Examen des Situations (CAES)
Depuis 2015, l’ARS Île-de-France accompagne la présence de pôles de soins installés dans les CAES destinés au premier accueil des personnes migrantes primo-arrivantes. Au sein de ces structures, des bilans infirmiers d’orientation, organisés sur une base de volontariat, sont réalisés selon un protocole standardisé, afin de repérer les besoins de soins les plus urgents, d’organiser les orientations nécessaires vers les ressources de santé de proximité et de fournir aux personnes un dossier sanitaire pouvant leur être utile par la suite. De tels bilans sont aussi proposés lors d’opérations de mise à l’abri de campement de rue. Ils peuvent être réalisés par toutes les équipes mobiles médico-sociales déployées en Île-de-France.
Un dispositif de prise en charge des troubles psychiques
En parallèle, l’ARS Île-de-France déploie un autre dispositif d’offre spécifique pour les personnes migrantes (demandeurs d’asile ou non), par l’intermédiaire de la création de l’unité Centre d’accompagnement en psychiatrie auprès de jeunes adultes en souffrance, situations de rupture, précarité psychique (CAPSYS), mais aussi à travers le financement d’associations dont l’action est articulée autour de prestations d’accueil, d’écoute et de soins somatiques et psychiques (Centre Primo Levi, Parcours d’Exil…).
Quelques chiffres des associations soutenues par l’ARS en 2022 :
- Le Centre d’accompagnement en psychiatrie auprès de jeunes adultes en souffrance, situations de rupture, précarité psychique (CAPSYS) a réalisé 348 consultations au premier semestre 2023.
- En 2022, l’association Parcours d’Exil recense 514 patients. De plus, environ 80 professionnels ont été formés sur la prise en charge de l’ensemble des publics migrants souffrant d’état de stress post-traumatique
- Le Centre Primo Levi, association d’intérêt général ayant pour but d’accompagner des personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées, a pris en charge près de 1000 consultations sur l’année 2022 sur le versant psycho-traumatisme. 2266 consultations psychologiques ont été réalisées en 2022.
Ce travail en lien avec les associations permet aussi de faire remonter le suivi épidémiologique. En effet, des informations sociodémographiques et sanitaires sont collectées à travers les bilans de santé, puis analysées de façon anonyme par l’Observatoire du Samu Social de Paris. Cela permet de mieux connaître la situation sanitaire et sociale des migrants primo-arrivants en Île-de-France et d’aider l’ARS dans son rôle de veille sanitaire et épidémiologique. Au cours des deux premiers trimestres 2023, des données de plus de 1700 bilans de santé ont ainsi été recueillies.
Un dispositif de « médiation sanitaire » assuré par les équipes mobiles médico-sociales
L’ARS a également mis en place un dispositif appelé « médiations sanitaires ». Ce dispositif est assuré par des équipes mobiles médico-sociales, lors des opérations de mises à l’abri de personnes installées en campement de rue. Cette médiation sanitaire permet de procurer des premiers soins et d’orienter les personnes dont l’état de santé nécessite une prise en charge en urgence. Ils assurent aussi un rôle de veille sanitaire.
Les équipes mobiles médico-sociales peuvent intervenir aussi dans des structures d’hébergement, dans des habitats très dégradés ou auprès des personnes en situation de rue. L’ARS doit veiller à la meilleure prise en charge, en pensant la (ré)intégration, quel que soit son statut administratif ou juridique, dans le dispositif de santé de droit commun.
D’autres dispositifs de santé publique peuvent accueillir ces publics
L'ARS Île-de-France mobilise d’autres dispositifs de santé publique pour répondre aux besoins d’accès à la santé de tous, au-delà des dispositifs classiques de médecine ambulatoire et hospitalier. Par exemple :
- Les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l’immunodéficience humaine (VIH), des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles permettent de recevoir une information sur ces infections et de réaliser des dépistages de façon anonyme et gratuite.
- Les Centres de planification ou d’éducation familiale (CPEF) délivrent une information sur les droits en matière de santé sexuelle et de sexualité. Ils proposent notamment des consultations sur la contraception et la délivrance de contraceptifs pour les personnes non-assurées. Le recours à l’interruption volontaire de grossesse est également possible via ces centres.
- Les Centres de Lutte Anti Tuberculeuse (CLAT) installés dans le département dispensent des soins gratuits afin de diminuer l’incidence de la tuberculose.
- Les centres de vaccination.
- Les structures d’addictologie, comme les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) et les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), sont des établissements médico-sociaux destinés à accueillir des usagers de drogues et à assurer les actions de prévention et de soins aux personnes atteintes d’addiction à ces drogues. L’accueil y est inconditionnel, quel que soit le statut administratif de la personne désirant être prise en charge.
- Enfin, les équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) ou les Permanences d'accès aux soins de santé (PASS).
La prise en charge de la santé des migrants est un défi complexe. Ce défi nécessite la mise en place de politiques et de programmes de santé adaptés, de renforcer la coordination entre tous les acteurs impliqués, notamment pour mieux faire connaître les ressources en santé existantes dans les territoires et de sensibiliser les professionnels de santé à la diversité culturelle et aux besoins spécifiques des personnes migrantes. L’Agence régionale de santé Île-de-France est partie prenante des actions de lutte contre la discrimination et son impact en santé des personnes migrantes et réfugiées.