Contexte
L’Île-de-France est une région qui reste toujours fortement touchée par l’épidémie, même si des progrès sont observés. Aussi, la prévention doit être maintenue et renforcée.
En Île-de-France, comme le révèlent les chiffres publiés par Santé Publique France et l’ORS Île-de-France, plus de 2 000 personnes ont découvert leur séropositivité en 2022. L’épidémie de VIH/sida recule dans tous les groupes, sauf chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes nés à l’étranger.
Prévention combinée
La disparition de l'épidémie d’infection à VIH en 2030, objectif mondial adopté par l’ONUSIDA et l’OMS, repose sur la mise en oeuvre de tous les éléments de la prévention combinée : usage du préservatif, dépistage précoce, accès rapide au traitement efficace par antirétroviraux, prophylaxie pré-exposition et traitement post exposition.
En Île-de-France près de 10 000 personnes sont infectées par le VIH sans le savoir, et ne peuvent donc bénéficier d’un traitement. Le retard au dépistage accroît fortement le poids de l’épidémie, tant au plan collectif (risque de transmission) qu’au plan individuel (bénéfice d’une prise en charge thérapeutique précoce).
La PrEP, traitement préventif contre le VIH
La PrEP est un traitement préventif qui s’adresse aux personnes qui n’ont pas le VIH. Le comprimé à prendre de manière quotidienne, ou avant et après une prise de risque, permet d’éviter de se contaminer, lors de rapports à risques.
TasP (Treatment as Prevention) ou « traitement antirétroviral comme prévention ».
Le traitement antirétroviral bien suivi par une personne séropositive bloque le virus et l’empêche de se multiplier. La charge virale baisse alors progressivement en 1 à 6 mois pour atteindre une valeur en dessous du seuil détecté en laboratoire. On dit alors que la charge virale est indétectable. Elle est trop basse pour pouvoir contaminer d’autres personnes en cas d’exposition.
Le Traitement Post-Exposition (TPE) permet d'empêcher une contamination lorsqu’on a été exposé au VIH. Il se compose de plusieurs médicaments actifs contre le VIH et doit être pris pendant 28 jours. Pour que son efficacité soit maximale, il faut le débuter immédiatement, de préférence moins de 4 heures après le risque et au plus tard dans les 48 heures, après un risque de transmission du VIH. Ce traitement est très efficace dès lors qu'il est pris correctement pendant tout sa durée.
La promotion du dépistage reste donc un enjeu majeur. La diminution des dépistages observée lors de la la crise sanitaire du COVID 19, (moins 20% entre les premier trimestres 2019 et 2020) a été suivie d’une reprise progressive et d’un retour à une dynamique de croissance comme avant le COVID. En effet, l’usage du dépistage régulier et précoce est possible en laboratoire de ville et sans ordonnance.
Source : L’épidémie de VIH en Île-de-France - ORS 2024
La politique de lutte régionale
La politique de lutte contre le VIH et les autres IST s'inscrit aujourd’hui dans la Stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030. La stratégie et les feuilles de route sont consultables en cliquant sur ce lien.
La lutte contre le VIH, et les autres IST (hépatites, syphilis, gonococcie…) repose en premier lieu sur la prévention, l'éducation, l'information, le dépistage, le diagnostic précoce et la mise au traitement rapide. Elle est indissociable de la lutte contre les discriminations et les violences liées au genre ou à l’orientation sexuelle, facteur de vulnérabilité aux infections et de retard à l’accès aux soins. Elle s’inscrit dans une approche globale de la santé sexuelle.
Les Agences Régionales de Santé (ARS) animent le déploiement des actions recommandées par les Feuilles de route, en lien avec l’ensemble des acteurs de la région, soignants, associations, collectivités locales.
L’ Agence Régionale de Santé Île-de-France a inclus dans son Projet régional de santé 2023-2027 un focus sur la santé sexuelle dont lutte contre le VIH est une des grandes priorités..
Les Coordinations régionales de lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine (COREVIH) qui réunissent ces acteurs, leur apportent un appui technique précieux pour informer, former, diffuser les innovations, dans le cadre d’un Contrat d’objectifs et de moyens avec l’ARS.
La priorité est au renforcement de la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour multiplier les opportunités de dépistage, selon des modalités variées : Tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) communautaires, tests proposés plus systématiquement par les soignants en suivant les recommandations de la HAS ; accès gratuit dans les CeGIDD et dans tous les laboratoires sans avance de frais à tous les assurés sociaux et aux bénéficiaires de l’AME sans ordonnance et sans rendez-vous.
L’ARS coordonne l’organisation au niveau régionale de la semaine de la santé sexuelle, au début du mois de juin, comme annoncé dans la feuille de route en santé sexuelle n°2 2021-2024 déclinaison de la stratégie nationale en santé sexuelle 2017-2030. En 2024 plus de 193 actions menées par 57 acteurs ont ainsi été menées.
L’Agence régionale de santé Île-de-France soutient et finance différentes actions de prévention du Sida, par des associations, des collectivités locales. Elle finance les Centres Gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic.
Les chiffres clés
- L'Île-de-France reste toujours la région de France métropolitaine la plus touchée par le VIH avec des taux d'incidence estimés près de 4 fois supérieurs à ceux du reste de la France métropolitaine.
- Dans le centre de Paris, les nouvelles contaminations sont majoritairement chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Dans la périphérie de Paris, et dans les autres départements il s’agit majoritairement de contamination par voie hétérosexuelle. En Seine-Saint-Denis et dans le Val d’Oise, les personnes hétérosexuelles touchées sont principalement des personnes nées à l’étranger.
- Le délai médian entre l’infection et le diagnostic reste encore très important, variable selon les populations concernées de 2 à 5 ans. Près de 30% des personnes découvrent encore leur séropositivité à un stade avancé ou tardif de l’infection. Or, les retards au diagnostic et à la mise sous traitement antirétroviral (ARV) constituent des facteurs qui aggravent le pronostic individuel des personnes touchées par le VIH et les efforts collectifs pour stopper la transmission de l'épidémie. Selon les estimations de V. Supervie et al., en 2014, plus de 10 000 personnes en Île-de-France ignoraient leur séropositivité au VIH. Cela concernerait pour un tiers des HSH et pour les deux tiers des personnes contaminées par voie hétérosexuelle et nées à l’étranger.
- Les données infra-territoriales d’ALD pour VIH montrent des disparités très fortes et pointent les territoires franciliens dans lesquels les besoins sont importants. Ces besoins portent tant sur l'intensification du dépistage du VIH (autotests, TROD, tests en laboratoire, CEGIDD, etc.) auprès des populations les plus à risque, sur la mise sous traitement des personnes séropositives que sur la promotion des outils de prévention disponibles (préservatif, traitement post exposition, prophylaxie pré-exposition-PreP).
- Les données sur les découvertes de séropositivité de 2014 à 2021 en Ile de France, détaillées au niveau communal ou intercommunal, sont accessibles en ligne grâce au travail conjoint des chercheurs et acteurs du Groupe COINCIDE (INSERM, et COREVIH) et une présentation interactive Cartoviz en a été réalisée en partenariat avec l’ORS Ile de France.