PRS : 5 axes pour transformer le système de santé

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A travers son Projet régional de santé 2018-2022, l’Agence régionale de santé Île-de-France a pour ambition d’améliorer la santé des Franciliens. Elle a défini 5 axes de transformation du système de santé, comme autant d’objectifs structurants à atteindre pour répondre à cette ambition.

Une organisation en parcours de santé implique une prise en charge du patient de façon coordonnée par les différents acteurs du système de santé, aussi bien dans le temps, tout au long de la vie, que dans l’espace, en étant au plus près du domicile.

La transition d’un système de santé cloisonné en silos (sanitaire/médicosocial ou ville/hôpital) vers un système organisé en parcours est déjà enclenchée. L’objectif du PRS 2018-2023 est de poursuivre et d’approfondir les efforts menés jusque-là, ainsi que de les rendre plus accessibles et articulés pour les professionnels de santé et les usagers.

Trois leviers ont été identifiés pour améliorer le système de santé : la préservation du capital santé de chacun, grâce aux actions de promotion de la santé et d’amélioration des conditions de vie ; l’amélioration de la capacité du système de santé à repérer et prendre en charge ceux qui en ont besoin, y compris en termes de prévention ; le renforcement de la coordination des prises en charge.

Plan d’actions

  • Identifier des coalitions territoriales multi-acteurs (élus, société civile, prévention, autonomie, social, etc.) - L’approche territoriale, sera poursuivie pour révéler des dynamiques territoriales et identifier les coalitions à même de porter des projets.
  • Doter ces acteurs d’outils aisément utilisables - L’ARS développera en lien avec les acteurs locaux des outils qui répondent à leurs besoins spécifiques (dispositifs d’appui aux parcours notamment complexes, télémédecine, etc.).
  • Favoriser les échanges d’information entre intervenants, autour du patient - L’ARS accompagnera les acteurs du parcours de soins avec la mise en place d’outils, notamment numériques, visant à une meilleure coordination des professionnels de santé et à un partage simplifié et fiable d’informations pertinentes.

Même si le niveau moyen de l’offre de soins est très bon en Île-de-France, celle-ci est particulièrement hétérogène avec pour conséquences un accès à certaines prestations rendu difficile pour certaines populations. Ces difficultés peuvent être géographiques, du fait d’équipements souvent regroupés dans les agglomérations, et sociales avec notamment l’existence de « zones blanches » en matière de prévention.

Le Projet régional de santé fixe les contours d’une offre qui doit à terme : être plus conforme aux besoins, avec une couverture moins inégalitaire et un rattrapage dans les champs où la région n’est pas suffisamment dotée ; proposer des soins plus pertinents et de meilleure qualité, notamment pour éviter le recours aux soins lié à l’iatrogénie et dans un contexte où trop de soins non pertinents sont encore opérés ; s’appuyer sur des ressources, notamment humaines, utilisées à bon escient.

Plan d’actions

  • Définir des zones de mobilisations prioritaires - Pour que l’offre de soins soit conforme à ces exigences, l’ARS définira avec ses partenaires les zones pour lesquelles la mobilisation est prioritaire, en particulier les « zones blanches » en matière de prévention, de soins primaires ou encore d’autonomie, qui devront être résorbées.
  • Optimiser la capacité de réponse du système de santé - La pertinence des soins sera interrogée à travers une remise à plat du système de santé avec pour objectif de diminuer les recours évitables aux soins et d’optimiser les différentes ressources. Cela vise, par exemple, à désengorger les services d’urgence qui pourraient être moins sollicités avec une réponse organisée autrement ou une meilleure anticipation de la situation des patients.
  • Mobiliser les nouveaux outils d’amélioration de la qualité et la pertinence des soins - Afin de limiter les soins et les prescriptions inutiles, tout comme l’iatrogénie, de nouveaux outils seront utilisés largement, dont les nouveaux contrats d’amélioration de la qualité et de l’efficience des soins.
  • Restructurer le maillage des plateaux techniques - De nouveaux outils permettront la définition d’un maillage plus efficace et de meilleure qualité.
  • Elaborer et suivre le déploiement d’une offre de services pour les moins de 6 ans -  L’accès aux soins des enfants de 0 à 6 ans est primordial car les inégalités de santé ont des conséquences très profondes et durables à cet âge.

Les pratiques des professionnels de santé évoluent constamment grâce aux avancées de la médecine et aux innovations technologiques. Les pouvoirs publics doivent accompagner ces innovations en offrant un cadre favorable à leur développement et en sécurisant leur intégration dans le système de santé. Ils doivent aussi permettre au plus grand nombre de pouvoir profiter de ces innovations.

Ces principes, fixés par la stratégie nationale de santé et la stratégie nationale de recherche, sont d’autant plus importants en Île-de-France qu’elle bénéficie d’un tissu industriel dense et d’un fort potentiel en matière de recherche.

L’Agence régionale de santé sera partie prenante en accompagnant les acteurs dans leur développement de solutions innovantes, et en permettant aux Franciliens d’accéder aux fruits de cette innovation. Elle mettra en place des outils lui permettant de détecter plus en amont les initiatives innovantes, notamment les innovations organisationnelles ; d’assurer un égal accès aux protocoles de recherche clinique pour chacun, quel que soit son lieu de prise en charge ; d’évaluer les solutions innovantes et de diffuser celles qui contribueront à améliorer le système de santé.

Ces différentes innovations devront conduire à des organisations plus souples, plus agiles, plus efficientes et plus sécurisées. Tout comme elles entraîneront l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles pratiques adaptés aux progrès médicaux et scientifiques.

Plan d’actions

  • Développer la complémentarité et la coordination de l’ensemble des acteurs de l’innovation - L’écosystème francilien est très riche en matière de recherche et d’innovation avec de nombreux pôles de compétitivités, incubateurs, centres hospitaliers universitaires, etc. L’ARS Île-de-France devra permettre la complémentarité et la coordination de ces acteurs. Elle devra aussi identifier les leviers pour favoriser un accès égal et précoce à la recherche et à l’innovation.
  • Consolider les démarches engagées en matière de recherche - La consolidation des démarches engagées se matérialisera par des actions pour :
    • Rendre l’activité de recherche plus lisible ;
    • Développer l’activité de recherche clinique sur l’ensemble du territoire francilien, notamment en lien avec les centres hospitaliers universitaires et le Groupement interrégional de recherche clinique et d’innovation d’Îlede-France (GIRCI) ;
    • Mieux mobiliser la recherche en sciences humaines et sociales dans la connaissance des leviers de réduction des inégalités de santé ;
    • Développer la recherche en santé (clinique et en santé publique) en particulier, la recherche en soins primaires, en santé environnementale et la recherche sur les systèmes de santé, notamment par le biais de la structuration et de l’exploitation des données (big data).
  • Mieux anticiper et mieux accompagner le développement et la diffusion de solutions innovantes et des expérimentations ad hoc sur les territoires - L’ARS et ses partenaires identifieront et accompagneront les actions innovantes grâce à une veille de l’écosystème et la mise en œuvre d’appels à projets ou d’appels à manifestation d’intérêt. Elle accompagnera la diffusion des innovations pertinentes en s’assurant de leur portée régionale et de la possible évaluation de l’efficacité et de l’efficience des projets.

L’axe 4 du Projet régional de santé 2018-2022 s’inscrit dans le cadre des orientations de la stratégie nationale de santé sur l’implication et l’accompagnement des patients, des aidants et de leurs représentants dans l’organisation, l’évolution et le fonctionnement de notre système de santé. L’implication des usagers doit être envisagée au regard des spécificités de la région, avec de nombreuses inégalités mais aussi une forte capacité d’attraction pour certaines zones et d’importantes capacités en matière d’innovation et de recherche.

Pour faire des Franciliens des acteurs de leur santé, l’enjeu premier est de garantir un meilleur accès, moins inégalitaire à l’information en santé.

Cette meilleure information permettra de renforcer la capacité des citoyens à décider, à agir sur leur santé et à influencer leurs conditions de vie en conséquence, voire à s’impliquer davantage dans l’élaboration et le suivi des politiques de santé régionales.

L’implication des usagers passera, par ailleurs, par le développement des patients experts pour différentes maladies chroniques, la mise en place d’actions de prévention et de promotion de la santé prenant en compte les savoirs et l’expertise des bénéficiaires, ou encore le renforcement de la représentation des usagers dans les instances de concertation tant locale que régionale.

Plan d’actions

  • Développer un service public régional d’information en santé - Le site Internet et l’application mobile (sante.fr) proposeront des informations riches et de référence, ainsi que des coordonnées fiables permettant de s’orienter dans l’offre de santé en Île-de-France.
  • Mettre en place un maillage de personnes relais d’information en santé au niveau local - L’information de confiance, pour les habitants de quartiers populaires en particulier, est celle qui provient de relais de proximité comme le médecin traitant, l’association qu’ils fréquentent ou le voisinage. Pour garantir une information de qualité, en dehors des outils informatiques, il faut donc travailler à développer ce type de canaux d’information, redonner une place au médecin traitant et constituer un réseau local de confiance.
  • Impliquer les citoyens dans la prise en charge de leur santé à travers des actions d’empowerment individuel - Il s’agit notamment de développer des actions ou formations-actions avec les citoyens sur les déterminants de santé en utilisant leur savoir et leur expérience. La prise en compte de l’expérience du vécu de la maladie et du savoir expérientiel acquis par le patient au cours de sa maladie est au centre des approches favorisant le pouvoir d’agir des usagers. L’éducation thérapeutique du patient (ETP) sera renforcée et organisée en proximité du patient et du lieu de vie.
  • Renforcer la dimension collective des droits des usagers par l’association des représentants
    des usagers aux instances de démocratie en santé - 
    Il existe en Île-de-France plus d’un millier de bénévoles représentant des usagers. Pour aller plus loin dans cette représentation, l’agence avec ses partenaires favorisera, créera les bonnes conditions et accompagnera la participation des usagers à toute instance et structure de santé pour permettre aux usagers de s’exprimer au travers de leurs représentants. 

  • Elaborer, co-construire et suivre des programmes et politiques de santé avec les citoyens - A court terme, le travail engagé avec des habitants des quartiers populaires sur l’expression de leurs besoins en santé va se poursuivre par leur inclusion dans différents travaux. A moyen et long terme, il est prévu l’implication de citoyens dans le suivi et l’évaluation du PRS.

La santé des personnes repose très majoritairement sur des facteurs extérieurs à l’offre de soins comme l’alimentation, l’activité physique, l’éducation, l’habitat ou encore les transports. Ainsi, de nombreuses politiques publiques portées par l’Etat, les administrations déconcentrées, les agences, les établissements publics et les collectivités locales ont une incidence sur la santé et le bien-être des populations.

Alors qu’il est primordial d’agir sur l’ensemble de ces déterminants de santé, c’est-à-dire tout ce qui influence la santé, la mobilisation de toutes les politiques publiques est indispensable.

Plan d’actions

  • Structurer une stratégie de plaidoyer - Pour favoriser la prise en compte de la dimension santé dans les autres politiques publiques, il est nécessaire de mener des actions d’information auprès des acteurs publics de la région, à travers notamment la production d’éléments de démonstration de l’incidence des déterminants de santé. Les Etudes d’évaluation des impacts sur la santé (EIS) relatives aux politiques publiques seront par exemple systématisées. L’ARS devra également créer les conditions de la rencontre et de l’échange entre les acteurs sur ces thématiques.
  • Renforcer la coordination des politiques publiques - Pour les politiques publiques qui intègrent des composantes relevant du champ de l’ARS (habitat, programme régional santé environnement, etc.), des programmes de travail doivent être adossés aux conventions de partenariats et des appels à projets communs peuvent être développés. L’ARS travaillera, par ailleurs, à une meilleure identification en amont des projets d’envergure dans lesquels une dimension santé est souhaitable.
  • Appuyer et renforcer l’animation territoriale - L’ARS accompagnera ses délégations départementales dans l’animation des relations qu’elles ont avec les partenaires. Le plaidoyer pourra par exemple se décliner au plus près des territoires, selon l’échelon où il est le plus pertinent.
  • Rendre la coopération/collaboration de l’ARS attractive - A travers des actions d’information et de communication, l’ARS s’attachera à :
    • rendre plus visibles, notamment auprès des décideurs, les politiques publiques menées ;
    • être identifiée comme un expert incontournable dans l’établissement de politiques publiques.
  • Développer la transversalité et une culture commune au sein de l’ARS - Chaque agent doit être un ambassadeur et un relais d’opinion de l’Agence régionale de santé. Cela passe par le développement d’une culture commune et la formation des agents aux techniques du plaidoyer.

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