Cette journée était l’occasion pour SESAN de réunir près de 200 acteurs de santé de la région, pour faire un point d’avancement sur l’usage du numérique en santé en Île-de-France. Depuis la première feuille de route ministérielle pour le numérique en santé, lancée en 2019, le recours au numérique en santé s’est intensifié, notamment grâce aux programmes ambitieux portés aux niveaux national et régional.
En ouverture de cette journée, Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l’Agence régionale de santé Île-de-France, a rappelé que l’année 2023 a été très structurante pour le numérique en santé. « Cette année, l’accent a été mis sur la structuration des parcours, les ressources humaines en santé et le développement durable. » Elle a également mis l’accent sur les enjeux de 2024 :
- Mettre l’accent sur la coordination entre les professionnels, qu’ils soient en ville, à l’hôpital ou dans le médico-social
- Accompagner le virage numérique du secteur médico-social. 77 projets ont déjà été financés pour la création du dossier usager informatisé (DUI) dans le cadre du financement ESMS Numérique sur la période 2021 - 2023.
- Développer les usages : « on a collectivement fourni un effort important dans le déploiement des outils socles du Ségur. Désormais, il faut que les professionnels s’approprient ces outils. »
Le volet numérique du Projet Régional de Santé (PRS3)
Feuille de route de la santé en Île-de-France pour les cinq prochaines années, le 3ème Projet Régional de Santé (PRS) d’Île-de-France fait la part belle au numérique en santé.
Julien Marchal, directeur de l’innovation, de la recherche et de la transformation numérique à l’ARS a pu détailler les angles numériques du PRS :
- accompagner les structures et les professionnels dans la mise en place et l’usage d’outils performants répondant à leur organisation et leurs attentes
- proposer une offre de services numériques de coordination
- rendre plus lisible l’offre existante et faciliter l’orientation des patients
- rendre les patients/usagers davantage acteurs de leurs parcours de soin, grâce à des outils numériques en particulier l’usage de Mon Espace Santé ou de la messagerie sécurisée de santé (MSS)
- faciliter l’accès aux soins via le SAS et la télésanté notamment
- améliorer le recueil, la structuration et la mobilisation des données de santé présentes au sein des outils mis à disposition de l’écosystème
- renforcer le niveau de résilience du système de santé francilien vis à vis du risque cyber
La transformation numérique dans le secteur médico-social
Les acteurs du secteur social et médico-social d’Île-de-France se sont particulièrement mobilisés ces derniers mois autour des enjeux du numérique en santé. Cela représente 6465 établissements dans la région.
L’ARS Île-de-France met en œuvre le Ségur du numérique social et médico-social. Solenne de Zélicourt, directrice adjointe de l’autonomie à l’ARS, a rappelé que depuis 2021, à travers 3 AAP, 77 projets ont été retenus pour une enveloppe budgétaire accordée de 31,6 M€. 34% des ESSMS cibles sont embarqués actuellement : les axes de travail sont de deux ordres actuellement : accompagner les porteurs de projet retenus vers l’atteinte des cibles d’usage et poursuivre la stratégie d’aller vers, vers les ESMS non pourvus de DUI ou non pourvus de solutions référencés Ségur.
eParcours, le nouvel élan francilien
Depuis 2014, l’Île-de-France investit fortement dans les outils numériques d’appui à la coordination entre professionnels de santé. Après la phase d’expérimentation « Territoires de soins numériques » (TSN), l’usage de la plateforme régionale Terr-eSanté s’est généralisé avec le programme E-Parcours.
8 000 professionnels franciliens sont d’ores et déjà utilisateurs. Pour aller plus loin et offrir aux acteurs de santé une solution toujours plus ergonomique et performante, le territoire s’équipe d’un nouvel outil qui sera déployé début 2024
Bruno Xoual, responsable du département Systèmes d’information en santé à l’ARS et Philippe Rizand, directeur du département développement de l’offre chez SESAN ont présenté ce nouveau service qui promet un appui renforcé aux organisations territoriales, à la communication ville-hôpital, et aux enjeux de la région sur ses thématiques prioritaires. Il vise à accompagner, dans chaque territoire, des démarches organisationnelles permettant une coordination pluri-professionnelle, en vue d’améliorer la prise en charge du patient en s’appuyant sur le numérique. Le déploiement opérationnel de cette nouvelle solution sera pleinement effectif fin 2024 et remplacera alors la solution actuelle, Terr-eSanté. Une démonstration de cette nouvelle solution a été réalisée à l’occasion de cet événement.
Les organisations coordonnées & l’hôpital : le numérique en appui à leur collaboration
Les outils numériques sont devenus un atout essentiel pour la collaboration efficace entre professionnels en ville, spécialistes et structures de santé publiques et privés. Sadia Ghulam, (responsable du département organisation des soins de ville à l’ARS) et Alexia Lapoussin (référente des organisations coordonnées à l’Assurance maladie – DCGDR) ont rappelé que les outils appuient la mise en place des organisations et la manière dont les acteurs de soins communiquent, partagent des informations et coordonnent leurs efforts pour offrir une meilleure prise en charge de leurs patients.
Cyber-sécurité : décryptage du Plan de Résilience
Ces dernières années, le nombre de cyberattaques dans le secteur de la santé n’a cessé d’augmenter. La région Île-de-France n’a pas été épargnée (CHSF de Corbeil-Essonnes en août 2022 et le CH de Versailles en décembre 2022) mais s’est organisée rapidement pour être en mesure d’accompagner au mieux les professionnels. En 2023, un groupe de travail régional a abouti à la définition d’un Plan Résilience Régional et aidé à la construction du plan ORSAN cyber (plan de gestion de crise suite à un incident SI majeur impactant le système de soins).
L’objectif était de créer un recueil d’actions pour être prêt lors de la prochaine cyberattaque, renforcer la prévention, accélérer la reprise d’activité en mettant à disposition des moyens techniques et RH, en s’appuyant sur des retours d’expérience. 19 actions ont vu le jour pour prévenir, détecter, réagir et restaurer.
Christian Lemaire et Jéromine Lemaire, chargés de mission cyber-sécurité à l’ARS l’ont rappelé : les exercices de simulation de crise sont indispensables. Ils sont à réaliser une fois par an, tout comme les audits de sécurité, pour se tenir prêt en cas d’attaque et atténuer l’impact d’une attaque réussie.
La question n’est plus « est-ce qu’on sera attaqué », mais plutôt « quand » (Christian Lemaire, chargé de mission numérique et cyber-sécurité à l’ARS Île-de-France
Une forte augmentation de la menace cyber est prévu à l’approche des JOP Paris 2024. Un exercice de crise régional aura lieu en début d’année 2024.
Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 : l’organisation régionale en santé
Événement mondial, les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris auront lieu à l’été 2024 dans près de 25 lieux de la région Île-de-France. L’ARS est mobilisée pour garantir le maintien des soins et l’organisation sanitaire des 15 000 athlètes dont un tiers de sportifs paralympiques et plus de 15 millions de spectateurs.
Le flux touristique aura un impact sur le système de santé francilien : on estime une augmentation comprise entre 4 et 5% de l’activité des structures d’urgence francilienne et une augmentation comprise entre 11 et 18 % du nombre d’hospitalisations non programmées. Des dispositifs sanitaires spécifiques se mettent en place. Par exemple, pour le secteur hospitalier : 3 hôpitaux référents,12 établissements de santé prioritaires (car à proximité des sites d’épreuves), la polyclinique du village olympique et paralympique et des dispositifs sur les différents sites sportifs.
Julien Marchal (directeur de l’innovation, de la recherche et de la transformation numérique) et Damian Mathey (directeur adjoint de la veille et de la sécurité sanitaire) l’ont rappelé : l’ARS se tient également prête en cas d’événement sanitaire exceptionnel (attentat, canicule, cyberattaque).
Le plan ORSAN cyber sera un premier élément de réponse. Il s’agit d’une planification de gestion de crise régionale dédiée aux risques cyber : une réorganisation de l’offre de soins en cas d’attaque cyber et la définition de manœuvres pour aider l’établissement victime dans la première phase de la crise.
L’objectif est de garantir la continuité des soins et assurer une réponse à l’incident : préparer les établissements face au risque (préparation stratégique, préparation de l’offre de soin, préparation technique).
Les présentations de la journée nous l’ont rappelé : l’année 2024 s’annonce charnière pour le numérique en santé en Île-de-France, notamment avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.