Foire aux questions - Contamination des œufs de poulaillers domestiques

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Suite à une étude réalisée en 2023, l’Agence régionale de santé Île-de-France recommande de ne pas consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques produits dans les 406communes qui composent l’unité urbaine de Paris.

Les résultats de l’étude menée par l’ARS et publiée en novembre 2023, montrent une contamination des œufs de poules élevées dans des poulaillers familiaux à des niveaux exposant les consommateurs réguliers à un risque de sur-imprégnation aux polluants organiques persistants. 

 POP - Résultats et recommandations de l'étude des poulaillers

En conséquence, l’Agence régionale de santé Île-de-France recommande aux Franciliennes et Franciliens d’éviter la consommation d’œufs de poule issus d’élevages domestiques situés uniquement dans les communes de l’unité urbaine de Paris (soit les 406 communes constituant l’agglomération parisienne selon la définition de l’INSEE). La consommation d’œufs autoproduits moins d’une fois par semaine reste néanmoins envisageable, mais particulièrement non recommandée pour les enfants, les femmes enceintes et les femmes allaitantes.

Ce qu’il faut savoir après l’étude menée par l’ARS

La consommation régulière (au moins une fois par semaine, depuis plusieurs années) des œufs de poules domestiques conduit à une surexposition de ces consommateurs et à un risque accru d’effet sur la santé à long terme. Une consommation ponctuelle (moins d’une fois par semaine) n’entraine pas de surexposition, mais reste déconseillée d’une manière générale tout particulièrement aux enfants et femmes enceintes ou allaitantes.

Si vous êtes un consommateur régulier d’œufs de poules domestiques, en cas de question pour votre santé, vous pouvez prendre conseil auprès de votre médecin traitant ou auprès du service médical du centre antipoison de Paris au 01 40 05 48 48.

Le transfert des POP dans le lait maternel est documenté par plusieurs études internationales. Cependant, la balance bénéfice/risque reste en faveur de l’allaitement maternel au vu des avantages évidents du lait maternel pour la santé en général et pour la croissance du nourrisson. 

Pendant toute la période d’allaitement, il est recommandé de s’abstenir de consommer les œufs de poules issus d’élevages domestiques situés dans l’unité urbaine de Paris.

La consommation d’œufs de poule contribue à la contamination humaine par les différents POP. Cette contribution variera en fonction des habitudes alimentaires et notamment de la consommation des autres types de produits d’origine animale.

L’étude de l’ARS a montré que les œufs produits dans des poulaillers domestiques dans un contexte urbain dense (unité urbaine de Paris) concentrent davantage de POP que les œufs du commerce, ces derniers faisant l’objet d’un contrôle régulier et étant soumis à des seuils réglementaires fixés au niveau européen.

La consommation régulière (plusieurs fois par semaine) des œufs de poules, élevées en milieu urbain sur un sol durablement contaminé, peut entrainer un risque de surexposition et par voie de conséquence, un risque accru de développer des troubles de la santé. La consommation ponctuelle (moins d’une fois par semaine) de ces œufs n’aura pas une incidence significative sur le niveau de contamination du consommateur.

Varier la composition de son alimentation et diversifier l’origine des produits consommés participent à réduire le risque de se surexposer à ces polluants.

L’étude de l’ARS ne porte que sur les poulaillers non professionnels, chez des particuliers, des jardins collectifs ou des fermes pédagogiques. La recommandation de l’ARS ne concerne donc que ces types de poulaillers pour lesquels les pratiques d’élevage peuvent être très hétérogènes, l’alimentation des poules plus ou moins équilibrée (conduisant alors les poules à rechercher plus systématiquement dans le sol le complément de leur alimentation) et les contaminations des sols également très diverses. 

Les poules sont généralement conservées plus longtemps que dans un élevage professionnel cherchant à optimiser son rendement. L’accumulation des polluants organiques persistants augmente avec la durée d’exposition. Ainsi, une poule présente depuis plusieurs années dans le poulailler a plus de risque d’être contaminée qu’une poule présente seulement depuis quelques mois.

Les œufs commercialisés font l’objet de contrôles du respect de la réglementation européenne portant sur les denrées alimentaires. Les conditions d’élevage professionnel permettent également de mieux maitriser les expositions des volailles. 

Les différentes études menées en France et à l’étranger montrent ainsi que les œufs des poulaillers domestiques sont statistiquement plus souvent et plus fortement contaminés que les œufs du commerce, quel que soit le mode d’élevage professionnel (en cage, plein air, biologique).

La grande majorité des POP n’existe pas dans la nature. Il s’agit de substances produites par l’homme pour divers usages (PCB, PFAS) ou de composés indésirables produits lors de l’incinération ou le brûlage de déchets ou lors de processus industriels (dioxines, furanes).

Leur présence dans l’environnement est donc liée à l’activité humaine, et se concentre donc plus particulièrement dans les environnements urbains. 

L’étude de l’ARS menée dans 25 sites situés dans Paris et les départements de petite couronne a montré une contamination généralisée des sols urbains par les 4 familles de POP recherchés. L’étude n’a pas mis en évidence de lien entre la concentration des polluants et la proximité d’une source connue d’émission (aucune différence significative entre les sites à proximité et éloignés des incinérateurs de déchets assimilables à des ordures ménagères). La contamination des sols en milieu urbain est donc diffuse. De plus, l’organisation urbaine évoluant constamment, elle conduit à de multiples remaniements des sols (excavations, apports de terre), rendant impossible d’estimer à priori le niveau de contamination d’un sol en fonction des activités humaines se situant à proximité. Enfin, les POP étant très stables dans les sols, la contamination observée aujourd’hui peut être liée à une pollution survenue plusieurs décennies au préalable. Ainsi, les pollutions des sols mises en évidence aujourd’hui sont souvent l’héritage de décennies de dépôt de ces polluants rejetés dans les différents milieux ou de matériaux se dégradant au fil du temps.

Le niveau de contamination des œufs de poule d’élevages domestiques est associé au niveau de contamination des sols du parcours accessible aux poules. Plus le sol est contaminé, plus les œufs présentent de fortes concentrations en POP.  

Ces différentes considérations ont conduit l’ARS à distinguer la situation des poulaillers domestiques en milieu urbain dense de celle des poulaillers en milieu péri-urbain ou rural. 

Pour définir le milieu urbain dense, l’ARS s’est reposé sur la définition proposée par l’INSEE pour désigner les communes constituants l’unité urbaine de Paris (également appelée agglomération parisienne). Il s’agit de 406 communes constituant une continuité de bâti autour de la ville de Paris. La liste des communes constituant l’unité urbaine de Paris est consultable sur le site internet de l’INSEE.

L’analyse des POP sur les matrices « œufs » est réalisable par des laboratoires spécialisés dans l’analyse des denrées alimentaires. 

Le LABERCA, Laboratoire National de Référence (LNR) pour les POP dans les denrées alimentaires, a effectué la campagne de mesure des dioxines, furanes et PCB sur des œufs et sols provenant de poulaillers familiaux franciliens dans le cadre de l’étude menée par l’ARS. L'intervention du LNR se limite aux sollicitations des services de l’Etat.

Le ministère de l’agriculture tient à jour un annuaire des laboratoires officiels et reconnus en alimentation. Tous les laboratoires de cette liste ne peuvent pas réaliser ce type d’analyse.

Voici, sans exhaustivité, une liste de laboratoires en capacité de réaliser les analyses de dioxines/furanes/PCB/PFAS dans les œufs :

Le coût unitaire de l’analyse de ces 4 familles de POP est de l’ordre de 650 euros.

L’exposition des poules est principalement liée à la qualité des sols constituant leur parcours. Plus les sols sont contaminés, plus les poules risquent d’être exposées et plus le niveau de contamination de leurs œufs risque d’être élevé. 

Certaines bonnes pratiques, rappelées dans le « petit guide de l’autoconsommation en toute sécurité » publié par le ministère de la santé et de la prévention, peuvent permettre de réduire le l’exposition des poules : 

  • Donner les aliments dans une mangeoire, et non directement sur le sol ;
  • Ne pas répandre de cendres (barbecue, cheminée...) dans le jardin ;
  • Choisir un aliment adapté aux besoins des poules.

Les POP sont des substances chimiques persistantes qui ne se décomposent pas facilement à haute température. Par conséquence, la cuisson des œufs ne permet pas de les éliminer.

Les études menées au niveau national ou international confirment que les œufs issus d’élevages professionnels, quel que soit le mode d’élevage adopté, sont moins contaminés que les œufs issus d’élevages familiaux.

Les pratiques professionnelles (notamment en termes d’alimentation équilibrée des poules) mais également l’installation des élevages professionnels le plus souvent à l’écart des espaces urbains, sont des facteurs limitant le risque d’exposition des poules.

Les contrôles menés au niveau national par les services déconcentrés de l’Etat dans les élevages professionnels (la DRIAAF en Ile-de-France) n’ont mis en évidence aucun dépassement des seuils réglementaires applicables aux œufs parmi les centaines d’élevages contrôlés au cours des 5 dernières années.

Globalement, les œufs issus d’élevage en plein air (en agriculture conventionnelle ou en agriculture biologique) sont statistiquement plus contaminés que les œufs de poules élevées en bâtiment, sans pour autant dépasser les seuils réglementaires européens.

L’exposition humaine aux POP se fait très majoritairement (>90%) par l’alimentation et plus particulièrement via la consommation de produits d’origine animale (fromage, beurre, poisson, mollusques, crustacés, les œufs et certaines viandes). Il est également préconisé de ne pas consommer la chair des volailles élevées sur un sol nu dans un élevage domestique.

La consommation d’eau de boisson peut également participer à une exposition pour ce qui concerne les PFAS. 

Les cultures potagères sur des sols contaminés peuvent conduire à une contamination des fruits et légumes. La contamination des légumes par les dioxines, les furanes et les PCB contenues dans les sols reste limité en raison de leurs propriétés chimiques (molécules lipophiles). L’absorption des PFAS, présentant des propriétés chimiques les rendant en partie hydrophiles, semble pouvoir être plus importante mais reste mal documentée à ce jour.