Prévention et accompagnement des patients diabétiques en Île-de-France

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Le Projet Régional de Santé 2023-2028 décline les actions relatives à la prévention du diabète et de ses complications par les acteurs de territoire. Retour sur les actions de prévention et d’accompagnement des patients mises en place en Île-de-France.

Le diabète est une pathologie chronique présentant un enjeu de santé publique en raison de sa fréquence et de ses complications. En France, en 2020, plus de 4 millions de personnes étaient traitées pharmacologiquement pour un diabète (dont 96% en Affection de Longue Durée - ALD). 

L’Île-de-France est la troisième région métropolitaine la plus concernée après les Hauts-de-France et le Grand-Est avec environ 660 000 Franciliens traités pour un diabète et une prévalence de 5,5% (versus 5,3% France entière). Le diabète de type 2 est une pathologie très marquée par les inégalités socio-territoriales. L’incidence et la prévalence sont plus importantes dans les populations en situation de vulnérabilité sociale de même que les complications sont plus fréquentes et plus graves dans ces populations. Il s’agit d’une pathologie pour laquelle les contrastes socio-territoriaux sont majeurs. Certains départements sont plus particulièrement touchés : Seine-Saint-Denis (8,1%), Val-d'Oise (6,7%), Seine-et-Marne (5,9%) et Val-de-Marne (5,6%).

Pour répondre aux enjeux du territoire et en déclinaison du Projet Régional de Santé (PRS), l’Agence travaille à la co-construction d’une feuille de route sur le sujet, dont la sortie est prévue au premier trimestre 2024.

Renforcer la prévention et agir sur les facteurs de risque de diabète

L’un des principaux éléments influençant le risque de développer un diabète de type 2 est le mode de vie. Une alimentation riche en graisse et en sucres, couplée à un manque d’activité physique, peut conduire à l’obésité, qui constitue en elle-même un facteur majeur de risque de diabète.

L’activité physique est essentielle pour combattre le diabète et ses complications. Chez les patients diabétiques de type 2, une activité physique régulière peut réduire le risque de mortalité toutes causes confondues (entre 30 et 40%), mais aussi celui de mortalité cardiovasculaire (25 à 40%), première cause de décès chez ces patients. C’est pourquoi il est important de développer des programmes d’activités physiques adaptées (APA) aux capacités individuelles des patients et des niveaux de complications, de leur besoins et attentes, de l’évaluation de leurs progrès ainsi que de l’environnement de pratique.

Le sport-santé, notamment, recouvre la pratique d'activités physique ou sportive qui contribuent à la santé et au bien-être du pratiquant, agissant sur les plans physique, psychologique et social. L’activité physique appartient au champ de la santé et constitue une thérapeutique non médicamenteuse qui doit pouvoir être accessible à un public aussi large que possible.

Les acteurs impliqués dans le sport-santé sont nombreux et diversifiés : professionnels de santé, éducateurs sportifs, associations et institutions. La Loi n° 2022-296 du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France a contribué à renforcer cette dynamique en accordant une reconnaissance officielle d’une structure clé expérimentée depuis 2016, à savoir les Maisons Sport Santé (MSS).

Favoriser le repérage, l’adressage et une prise en charge le plus précocement possible 

Le diabète de type 2 se caractérise par une phase asymptomatique au cours de laquelle peuvent se développer des complications. Cette phase silencieuse d’hyperglycémie évolue sur une période relativement longue au cours de laquelle le diagnostic ne peut être réalisé que par le dépistage.

Pour repérer les sujets à risque de diabète, l’HAS propose d’utiliser un questionnaire validé : le FINDRISK (FINnish Diabetes Risk Score). Le test de dépistage recommandé par l’HAS est la mesure de la glycémie veineuse à jeun, effectué en laboratoire. Pour les populations cibles (les plus de 45 ans en situation de précarité), une option envisagée par l’HAS est une mesure de la glycémie par prélèvement capillaire.

Dans le cadre du dépistage, les actions à conduire sont :le dépistage précoce en ville et dans les structures sociales et médico-sociales, le renforcement à l’accès au dépistage dans les territoires prioritaires, les populations identifiées à risque et éloignées du système de santé en lien avec les Contrats Locaux de Santé (CLS), et enfin s’assurer de l’information et sensibilisation des acteurs du secteur médico-social, social et associatif notamment sur les personnes à risque.

A titre d’exemple, l’ARS finance l’URPS Pharmaciens pour des campagnes de dépistage qui se déroulent au mois de novembre dans les cabinets et officines des professionnels autorisés, et également lors de la journée mondiale du diabète.

Offrir une réponse en matière d’accompagnement pour les patients diabétiques pour une meilleure adhésion au suivi 

L’accompagnement au cours de la maladie, à la fois du malade et de ses aidants, est de nature à faciliter la vie au cours du traitement, la guérison, la lutte contre les complications. C’est l’objet de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) qui« vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique » selon la définition donnée par l’OMS en 1998. 

Le diabète est la première pathologie pour laquelle des patients sont intégrés dans des programmes d’ETP. 20% des programmes d’ETP en Île-de-France concernent le diabète dont 70% portés par des établissements hospitaliers, publics ou privés, et 30% par des structures de ville. En ce qui concerne la ville, la file active de patients la plus importante est celle de la Structure d’Expertise et Ressources (SER) Diabète IDF avec plus de 3000 patients inclus, dont le programme est financé par l’ARS Île-de-France, et qui fédère plusieurs structures d’exercice collectif et concerne plusieurs départements. 

Les données de l’enquête annuelle 2023 sur l’activité 2022 portant sur 145 programmes d’ETP relatifs au diabète font état d’une file active totale incluant 35 250 patients à l’hôpital et 5 395 patients en ville.

Plus d'informations sur l'Education thérapeutique du patient (ETP) ici.

Améliorer le suivi des patients diagnostiqués et réduire les complications

Créée le 1er juillet 2023, la Structure d’Expertise et Ressources (SER) Diabète Île-de-France, financée par l’ARS, a pour objet de contribuer à la diffusion d’une expertise et de soutenir les acteurs, notamment de premier recours, impliqués dans la prise en charge des patients diabétiques de tous types, ainsi que des personnes à risque de diabète résidant en Île-de-France.

Ses missions se structurent autour de :

  • la formation des acteurs de 1er recours
  • l’accompagnement des acteurs pour la mise en place d’actions de prévention et de dépistage
  • la participation à la promotion de l’éducation thérapeutique notamment en proximité pour les patients diabétiques
  • l’amélioration du parcours de soins des patients diabétiques (appui aux professionnels de 1er recours en lien avec les dispositifs d’appui à la coordination (DAC) et les CPTS). 

Améliorer le suivi du patient passe aussi par d’autres dispositifs qui visent à encourager les parcours de prise en charge pluridisciplinaires et coordonnés, avec l’émergence de nouveaux métiers tels que IPA (infirmières en pratiques avancées), les coopérations interprofessionnelles, à intégrer et soutenir les innovations dans la prise en charge du diabète à toutes les étapes du parcours : généralisation de la télésurveillance (glycémie, insuline), de la télé-expertise (plaie du pied) en structurant le parcours pieds diabétiques. Il s’agit aussi d’accompagner les innovations organisationnelles (article 51) en améliorant l’accès à l’expertise par les professionnels de premiers recours.

Renforcer la coordination ville-hôpital 

La prise en charge des patients diabétiques implique de nombreux intervenants (médecin traitant, endocrinologue, ophtalmologues, cardiologues, dentistes, podologues, infirmières, Infirmières Asalée, laboratoires d’analyses, pharmaciens, etc.) et repose essentiellement sur la ville, le suivi étant principalement réalisé par les médecins généralistes (80%). 

Au-delà de ce suivi dans le secteur ambulatoire, le renforcement du lien ville-hôpital est nécessaire, notamment en cas de complication. Il permet de prévenir les urgences et les hospitalisations évitables par une meilleure coordination des parcours, en accompagnant le déploiement des infirmières de coordination diabète et en s’appuyant sur des méthodologies telles que développées dans les projets de responsabilités populationnelles dans les territoires prioritaires.

L’ARS finance, dans le cadre de la mesure 5 du Pacte de Refondation des Urgences « Généralisation des parcours dédiés aux personnes âgées (PA) pour éviter le recours aux urgences », 8 projets pour la création de coordination renforcée ville-hôpital-ville pour améliorer et fluidifier la prise en charge de patients diabétiques.

Les projets sélectionnés sont basés sur une coordination en amont et en aval de l’hôpital portée par une infirmière de coordination pour la prise en charge de patients souffrant de diabète dans des établissements disposant de services de diabétologie. L’ARS Île-de-France contribue au financement de ce dispositif expérimental pendant deux ans. 

Les projets sélectionnés :

  • Paris : APHP Nord Université Paris Cité Hôpital Bichat Claude Bernard
  • Hauts-de-Seine : GHU APHP Université Saclay – Hôpital Ambroise Paré
  • Seine-Saint-Denis : Hôpitaux Universitaires de Paris Seine Saint Denis, Hôpital Avicenne
  • Val de Marne : GHU AP-HP, Université Paris Saclay, Hôpital Bicêtre
  • Seine-et-Marne : Fondation Cognacq-Jay, Hôpital Forcille
  • Yvelines : Centre hospitalier de Rambouillet
  • Essonne : Centre Hospitalier Sud Francilien
  • Val-d’Oise : Groupement Hospitalier Eaubonne-Montmorency, hôpital Simone Veil

Il existe deux principaux types de diabète : 

  • Le diabète de type 1, caractérisé par la présence d'un excès de sucre dans le sang appelé hyperglycémie, est dû à un arrêt de production d'insuline par le pancréas. C'est le type de diabète le plus fréquent chez l'enfant et l'adolescent. Cette maladie auto-immune est favorisée par une prédisposition génétique.
  • Aussi appelé diabète non insulino-dépendant, le diabète de type 2 est la forme la plus fréquente (plus de 90%). Elle survient chez l’adulte, en général à partir de 45 ans. Il se caractérise par la présence d'un excès chronique de sucre dans le sang (hyperglycémie). Le diabète de type 2 progresse pendant de nombreuses années de manière silencieuse. Il est principalement lié aux modes de vie : manque d'activité physique, sédentarité, surpoids, obésité.

Le diabète gestationnel survient quant à lui chez la femme enceinte, généralement entre la 24e et la 28e semaine de grossesse, et peut durer le temps de la grossesse mais également être révélateur d’un diabète préexistant. Il est aussi identifié comme étant un facteur de risque de développer un diabète de type 2, post-grossesse.