Monoxyde de carbone

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L’Île-de-France est l'une des régions les plus touchées par les intoxications au monoxyde de carbone, avec environ 150 épisodes d'intoxication chaque année. Le monoxyde de carbone reste en France la première cause de mort toxique accidentelle. Cette intoxication affecte aussi bien les individus isolés que les groupes (famille).

Qu’est-ce que le monoxyde de carbone ?

Le monoxyde de carbone est un gaz asphyxiant indétectable : il est invisible, inodore et non irritant. Il résulte d’une mauvaise combustion au sein d’un appareil de chauffage fonctionnant au gaz, au bois, au charbon, à l’essence, au fuel ou encore à l’éthanol. Sa densité étant voisine de celle de l’air, il se diffuse donc très vite dans l’environnement, et peut donner lieu à des intoxications mortelles en quelques minutes.

Tout appareil thermique (moteur, appareil de cuisson, de chauffage ou de production d’eau chaude) utilisant un combustible contenant du carbone est susceptible de provoquer une intoxication au monoxyde de carbone, s’il n’est pas installé, utilisé ou entretenu correctement.

Quels sont les appareils à surveiller ?

Tous les types d’appareils à combustion sont concernés :

  • les chaudières (bois, charbon, gaz, fioul) ;
  • les chauffe-eau et chauffe-bains ;
  • les inserts de cheminées, poêles ;
  • les chauffages mobiles d’appoint ;
  • les cuisinières (bois, charbon, gaz) ;
  • les moteurs automobiles dans les garages ;
  • les groupes électrogènes à essence ou à fioul et tout moteur thermique fixe ou mobile ;
  • les appareils de fortune : type brasero ;
  • les appareils de cuisson d'extérieur : barbecue, plancha au gaz.

Comment survient une intoxication ?

Dans une majorité des cas, les accidents résultent de :

  • la mauvaise évacuation des produits de combustion (conduit de fumée obstrué ou mal dimensionné) ;
  • l’absence de ventilation dans la pièce où est installé l’appareil (pièces calfeutrées, sorties d’air bouchées) ;
  • l'absence ou du défaut d’entretien des appareils de chauffage et de production d’eau chaude ainsi que les inserts, poêles, cuisinières, chauffages mobiles d’appoint ;
  • la vétusté des appareils ;
  • la mauvaise utilisation de certains appareils (appareils de chauffage d’appoint utilisés en continu par exemple, groupes électrogènes…).

Parfois deux ou plusieurs facteurs cités interviennent dans l’accident.

Dans ces conditions, le monoxyde de carbone est inhalé par la personne exposée, puis se fixe sur les globules rouges et les cellules musculaires où il entre en compétition avec l’oxygène. Il agit comme un gaz asphyxiant, parfois mortel, qui immobilise la victime, et l’empêche de se secourir.

Les symptômes d’une intoxication

L’intoxication au monoxyde de carbone peut intervenir de deux façons différentes :

L’intoxication aiguë

Elle entraîne une intervention des secours en urgence. Elle a pour effet des vertiges, maux de tête, nausées, une perte de connaissance, voire un coma et le décès dans les cas les plus graves. En cas d'intoxication aiguë, dans la majorité des cas, les symptômes disparaissent en 48 heures. Cependant, il arrive que plusieurs jours, voire plusieurs semaines (de 2 à 40 jours) après l'intoxication, des troubles apparaissent : il peut s'agir de migraines, de vertiges, de sensation de faiblesse musculaire, de troubles de l'audition, de la vue, de la mémoire ou du comportement, d'insomnie. L'apparition de ces séquelles n'est pas systématique mais est mal connue et nécessite une vigilance particulière.

L’intoxication chronique

Elle se manifeste par des symptômes communs à d'autres maladies et donc difficilement diagnosticable : maux de tête, vertiges, malaises, nausées, troubles de la vision, de l’odorat ou du goût, troubles du sommeil, de la mémoire, de l’attention, douleurs thoraciques, abdominales, musculaires peuvent être des conséquences selon les individus.

Le monoxyde de carbone a été décrit comme «le grand imitateur» car les intoxications donnent lieu à un grand nombre de faux diagnostics de grippe, de gastro-entérites ou d’autres affections bénignes.

Le monoxyde de carbone : 5 conseils pratiques

1- Avant l’hiver, faire systématiquement intervenir un professionnel qualifié pour contrôler les installations

Faire vérifier et entretenir chaudières, chauffe-eau, chauffe-bains, inserts et poêles. Il est recommandé de signer un contrat d’entretien garantissant une visite annuelle de prévention (réglage, nettoyage et remplacement des pièces défectueuses).

Faire vérifier et entretenir les conduits de fumées (par ramonage mécanique) chaque année. Le conduit de cheminée doit être en bon état et raccordé à la chaudière. Il doit déboucher loin de tout obstacle qui nuirait à l’évacuation des fumées.

2- Toute l’année et particulièrement pendant la période de chauffe, assurer une bonne ventilation du logement :

Aérer le logement tous les jours pendant au moins 10 minutes, même quand il fait froid.

Ne pas obstruer les entrées et sorties d’air (grilles d’aération dans les cuisines, salles d’eau et chaufferies principalement).

Si une pièce est insuffisamment aérée, la combustion au sein des appareils sera incomplète et émettra du monoxyde de carbone.

3- Utiliser de manière appropriée les appareils à combustion :

Ne jamais faire fonctionner les chauffages d’appoint en continu. Ils sont conçus pour une utilisation brève et par intermittence uniquement.

Respecter scrupuleusement les consignes d’utilisation des appareils à combustion (se référer au mode d’emploi du fabricant), en particulier les utilisations proscrites en lieux fermés (barbecue, groupe électrogène…).

Ne jamais utiliser pour se chauffer des appareils non destinés à cet usage : cuisinière, brasero…

4- Entretenir les appareils :

Nettoyer régulièrement les brûleurs de la cuisinière à gaz (on doit voir la flamme dans chaque orifice). S’ils sont encrassés, le mélange air-gaz ne s’effectue pas dans de bonnes conditions et le brûleur peut s’éteindre, notamment quand il est au ralenti. Une flamme bien réglée ne doit pas noircir le fond des casseroles.

5- En cas d’installation de nouveaux appareils (groupes électrogènes ou appareils à gaz) :

Ne jamais placer les groupes électrogènes dans un lieu fermé (maison, cave, garage…) : ils doivent impérativement être installés à l’extérieur des bâtiments.

S’assurer de la bonne installation et du bon fonctionnement de tout nouvel appareil à gaz avant sa mise en service et exiger un certificat de conformité auprès de l’installateur.

Que faire en cas d'accident ?

Maux de tête, nausées, malaises et vomissements peuvent être le signe de la présence de monoxyde de carbone. Les consignes de sécurité sont simples :

  • Aérer immédiatement les locaux en ouvrant portes et fenêtres.
  • Arrêter si possible les appareils à combustion.
  • Evacuer les locaux et les bâtiments.
  • Appeler les secours : le numéro unique d’urgence européen (112) ou les pompiers (18) ou le SAMU (15).
  • Ne réintégrer pas les lieux avant d’avoir reçu l’avis d’un professionnel du chauffage ou des Sapeurs-Pompiers.
     

Tout signalement d’une intoxication au monoxyde de carbone doit être adressé au centre antipoison et de toxicovigilance de Paris qui assure une permanence 24h/24. Les principaux signalants sont les pompiers, les services d’incendies et de secours, les services hospitaliers, les médecins, les laboratoires d'analyses médicales et les maires.

Le centre antipoison et de toxicovigilance réalise une enquête médicale et s’assure par la suite du bon suivi des personnes intoxiquées.

Ce signalement donne aussi lieu à une enquête environnementale menée par les Délégations départementales de l’ARS (DD ARS) en grande couronne, en lien avec les Services Communaux d’Hygiène et de Santé (SCHS) et le Laboratoire Central de la Préfecture de Police (LCPP) à Paris et en petite couronne.

L’enquête permet de déterminer les circonstances et la ou les source(s) à l’origine de l’intoxication afin de proposer des mesures permettant d’éliminer ou de réduire le risque d'intoxication. C’est pourquoi il est important que tous ces cas soient signalés le plus rapidement possible.

Si vous souhaitez participer au réseau de toxicovigilance des intoxications au monoxyde de carbone, contactez le centre Antipoison ou la Délégation Territoriale de votre département :

Centre Antipoison et de Toxicovigilance de Paris
Hôpital Fernand WIDAL
200, rue du Faubourg Saint Denis
75475 Paris Cedex 10
alertes-antipoison@aphp.fr

Délégations départementales

En tant que professionnels de santé vous pouvez signaler une intoxication au monoxyde de carbone. L'objectif des signalements est de collecter les données relatives aux circonstances de survenue des intoxications au monoxyde de carbone et leur gravité.

Dans ce cadre, tous professionnels ayant connaissance d'une intoxication au monoxyde de carbone, suspectée ou avérée, doit la signaler au système de surveillance. 

Deux enquêtes peuvent être déclenchées 

  • Une enquête médicale afin de confirmer l'intoxication au monoxyde de carbone et de décrire la gravité des symptômes et la prise en charge des personnes intoxiquées.
  • Une enquête environnementale afin d'identifier la source d'intoxication, de mettre en sécurité l'installation dans le but d'éviter des récidives

Documents à télécharger :

 

 

Monoxyde de carbone (Aide au diagnostic urgentistes)  (pdf, 462.82 Ko)

 

 

Plus le signalement est effectué tôt et de manière exhaustive à l'Agence régionale de santé, plus les mesures conservatoires peuvent être prises rapidement sur un plan technique et pratique de façon à écarter le danger d'exposition et la récidive.

Voir aussi : Prise en charge d’une intoxication au CO (Ministère)

Pour se prémunir du froid, certains foyers utilisent encore des poêles à charbon. Pour éviter tout accident, il est important de veiller à :

  • N'allumer l'appareil, que lorsque la différence de température avec l'extérieur est importante
  • Faire brûler des feuilles de journal afin de chauffer le conduit à l'allumage et vérifier qu'il y a bien du tirage
  • Réaliser un ramonage mécanique par un professionnel, au minimum une fois par an
  • Vider le cendrier et effectuer le décendrage du foyer plusieurs fois par jour (si possible 3 fois)
  • Faire attention à l'apport d'air et bien régler le thermostat en fonction de la combustion. La présence permanente d'air frais dans la pièce où se trouve l'appareil est essentielle pour avoir une bonne combustion. 

Depuis quelques années, le bois est de plus en plus utilisé comme combustible pour le chauffage. Malgré ces avantages, utilisé dans de mauvaises conditions, le bois est source de polluants, notamment de poussières fines, voire de monoxyde de carbone, qui peuvent avoir des effets sur la santé. 

Pour éviter tout accident, il est important de veiller à :

  • Bien choisir son appareil : préférer un insert fermé à un foyer ouvert; cela évite la dispersion des fumées dans le logement
  • Utiliser un combustible de qualité : du bois sec, non résineux et non traité par des produits chimiques, de préférence porteurs de labels ou de marques de qualité
  • Bien régler son appareil et assurer l'arrivée d'air frais : cela limitera les émissions de fumées, particules et de monoxyde de carbone. 
  • Bien stocker le bois : préférer un abri couvert à l'extérieur ou un local sec et ventilé, de préférence surélevé par rapport au sol
  • Ne pas utiliser un brasero ou un barbecue à l'intérieur
  • Bien entretenir son appareil : 

- Vider fréquemment le cendrier et nettoyer régulièrement la cheminée/le poêle

- Faire entretenir tous les ans votre appareil par un professionnel qualifié

- Faire ramoner les conduits de fumée une fois par an de manière mécanique par un professionnel qualifié (attestations obligatoires pour les assurances)