Selon un sondage réalisé par l’Institut Ipsos pour la Région Île-de-France début 2023, les 18-30 ans du territoire francilien ont vu leur état de santé mentale se fragiliser depuis quelques années et particulièrement depuis la crise sanitaire: 68% des jeunes franciliens de 18 à 30 ans sont touchés par des troubles anxieux, plus de 1 jeune sur 10 déclare présenter des troubles anxieux sévères, 78% des jeunes Franciliens déclarent avoir des signes de dépression modérée ou sévère, 25% des jeunes Franciliens ont pensé à se suicider. Face à ces problématiques, de nombreux projets ont vu le jour ces dernières années, dont celui de l’association Nightline.
Nightline, des voix à l’écoute des jeunes franciliens
Soutenue par l’ARS, cette association dédiée à la pair-aidance a été créée en 2016 par un étudiant irlandais qui a repris le concept des lignes d‘écoute popularisé dans les années 1970. Nightligne a pour objectif d’œuvrer à l’amélioration de la santé mentale des jeunes, particulièrement des étudiants, et agit à 3 échelles :
- Individuelle : elle offre un espace d’échanges aux étudiants via une ligne d’écoute nocturne ouverte de 21h à 2h30 tous les jours pour tous les sujets. Les jeunes sont pris en charge de manière anonyme par des étudiants bénévoles. Cette ligne d’écoute permet d’outiller les jeunes, et d’encourager leur résilience. Nightline propose également des outils tels qu’un “kit de vie” dans lequel on retrouve un dictionnaire des émotions, ou encore un annuaire des structures de prises en charges psychologiques gratuites dans la région.
- Collective : car il y a le “prendre soin de soi” mais aussi le “prendre soin des autres”. Dans cette optique, l’association a développé avec le GEPS un dispositif de sentinelles étudiantes. Ces sentinelles sont des citoyens formés par des professionnels pour repérer des signaux de détresse chez quelqu’un et l’orienter, notamment les signaux suicidaires. Nightline a également mis en place avec le Psycom un atelier nommé “La fresque de la santé mentale”, qui correspond à une discussion de 3 heures autour des questions de santé mentale avec un binôme de pair-aidant, toujours dans le but d’outiller les jeunes pour parler de leurs préoccupations.
- Systémique : Nightline accorde une place importante au développement et à la recherche afin de formuler des recommandations en matière de politique publique, et s’est d’ailleurs récemment dotée d’un conseil scientifique en ce sens. L’association entend également déstigmatiser les sujets liés à la santé mentale.
L'activité de Nightline en 2023/24 en quelques chiffres :
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8 627 contacts par téléphone ou chat (contre 7 000 en 2023/23)
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25% des contacts traitant de suicide
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400 bénévoles, essentiellement des étudiants, dont la plupart sont mobilisés sur la ligne d’écoute nocturne
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86 actions de promotions de la santé mentale en Île-de-France
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8000 étudiants touchés
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20 fresques de la santé mentale organisées auprès de 150 personnes et 8 autres prévues prochainement auprès de 50 personnes
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170 étudiants sentinelles formés (portant le total à 320)
Des jeunes davantage en proie à des troubles anxieux depuis le COVID-19
Perçue au sein de l’ensemble des acteurs de la santé tant à l’échelle régionale que nationale, la dégradation de la santé mentale est également constatée au sein de Nightline, avec des étudiants de plus en plus anxieux et dépressifs pour plusieurs raisons : solitude, conflits relationnels, stress/anxiété (examens et vie étudiante), précarité sociale et/ou économique, contexte politique et/ou géopolitique...
“Il y a une vraie prise de conscience depuis le COVID du sujet de la santé mentale des jeunes et des étudiants. On espère de plus en plus d’investissements dans des dispositifs voués à améliorer la santé mentale car on doit aller plus loin.” - Louis Soutrelle, membre du CA de Nightline.
Nightline entend de son côté étoffer davantage son dispositif, avec notamment le recrutement de bénévoles supplémentaires pour pallier la hausse des sollicitations à laquelle l’association fait face ces dernières années, tout en s’appuyant sur son pôle Recherche et son conseil scientifique afin de continuer à présenter aux pouvoirs publics des recommandations qui puissent bénéficier au plus grand nombre de jeunes. L’enjeu pour l’association est de construire un parcours de bénévole qui permette de fidéliser et de développer les actions avec une stratégie de maintien des bénévoles dans la durée grâce à la formation. Aussi, l’association compte mettre l’accent sur l’animation du réseau sentinelle en impliquant davantage les étudiants en fin de formation.
La santé mentale, un enjeu central du PRS3
La prévention du suicide, et plus généralement la promotion de la santé mentale, est l’une des priorités du Projet régional de santé 2023-2028 publié en octobre 2023. L’ARS est en effet engagée dans un travail d'ensemble qui englobe : le développement d’outils de suivi des suicides et des tentatives de suicide, des actions de prévention auprès des personnes à risque suicidaire et celles ayant déjà réalisé un passage à l’acte, la mise en place de formations au repérage, à l’évaluation du risque suicidaire et à l’intervention de crise auprès des personnes en crise suicidaire. L’Agence veille également à apporter son soutien à des acteurs de terrain tels que Nightline afin de contribuer à le plus d’outils possibles qui puissent être utiles sur les questions de santé mentale.