Du côté des territoires : les compétences psychosociales pour prévenir le harcèlement scolaire

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Santé publique

Chaque semaine, l'Agence met en lumière un dispositif déployé sur le terrain par des acteurs de la santé publique partenaires dans le cadre de sa lettre d’information. Cette semaine, focus sur « Vivre-ensemble - Fri For Mobberi », un programme danois qui a fait ses preuves pour lutter contre le harcèlement scolaire.

Développé depuis bientôt vingt ans au Danemark par la Fondation Mary et Save the Children Denmark et grâce au soutien de la recherche universitaire, Fri For Mobberi est une méthode de prévention du harcèlement scolaire par le biais du développement des compétences psychosociales chez les enfants entre 0 et 9 ans.

Vivre-ensemble – Fri For Mobberi : en quoi cela consiste ?

Le harcèlement scolaire prend racine dans des environnements caractérisés par une faible tolérance, une instabilité marquée et un sentiment d’insécurité. C’est autour de quatre valeurs fédératrices, la tolérance, le respect, la bienveillance et le courage que la méthode « Fri For Mobberi » vise à faire émerger un sentiment de communauté chez les enfants. Par la mise à disposition d’outils spécifiques dédiés à travailler les compétences psychosociales des enfants en crèches, à l’école maternelle et à l’école élémentaire, le programme permet de favoriser un comportement positif des enfants dans leur rapport aux autres ainsi que le maintien d’un état de bien-être psychologique.

 

Une première adaptation française

La fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement a obtenu la licence permettant de déployer le dispositif sur tout le territoire national avec une première expérimentation menée au sein des cités éducatives de Paris 18e et de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). L’ARS Île-de-France soutient financièrement cette phase de test du programme. Ainsi, les enfants de 3 à 6 ans de 17 écoles maternelles des deux cités éducatives sont les premiers à découvrir la méthode « Fri For Mobberi » cette année.

Pour élaborer cette version française, une première traduction et une adaptation du matériel du danois au français ont été réalisées. Dès le mois de novembre 2022, les conseillers pédagogiques et coordonateurs REP des deux territoires concernés ont pu mieux appréhender le projet grâce à une formation en deux demi-journées. La première formation a été menée en présence des représentantes des partenaires danois de Save the Children Danemark et de la Fondation Mary, l’occasion d’aborder en détail la question de la dynamique de groupe chez les enfants. De nouvelles formations se sont tenues dans les écoles afin que les enseignant.es, les animateur.rices, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) et les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) puissent appréhender le projet : développer les compétences psychosociales afin de créer des communautés d’enfants bienveillantes dans lesquels aucuns membres ne peut se sentir exclus, et ou le harcèlement n’aura donc normalement aucune chance d’intervenir.
Plus récemment, ces équipes ont pu découvrir les mallettes pédagogiques qui les accompagneront dans ce travail de prévention.

 

Mallettes pédagogiques : que contiennent-elles ?

Le matériel "Fri For Mobberi" est fourni dans une mallette qui contient différents outils dédiés aux enfants, aux professionnels et aux parents. Lorsqu’une institution décide de commencer à travailler avec le programme, une formation à l’utilisation de la méthode et son matériel sera disponible.

Les mallettes contiennent :

  • un ourson, mascotte, qui représente les valeurs véhiculées par la méthode,
  • un guide pour les professionnels qui décrit le contexte et l'objectif du programme et qui fournit des connaissances sur le harcèlement scolaire et la manière de mettre en œuvre la méthode,
  • des planches de discussion qui présentent des illustrations de situations que les enfants peuvent rencontrer dans leur quotidien et favorisent le dialogue entre les enfants, les professionnels de l'enfance et les parents,
  • des cartes dilemmes qui traitent de problématiques réelles auxquelles les parents et les professionnels peuvent être confrontés,
  • des livrets d’activités visant à développer les compétences psychosociales des enfants,
  • des affiches,
  • des activités de massage permettant, entre autre, de travailler autour de la notion de consentement.

 

Toutes ces activités ont pour objectif d’engager les enfants dans un large éventail de pratiques et d'activités sociales.
 

 

Le rôle des adultes référents dans le programme 

En tant qu'adultes, les parents et les professionnels de l’éducation peuvent favoriser des relations authentiques et constructives avec et entre les enfants. En effet, si les enfants sont le principal groupe cible de Vivre-ensemble – Fri For Mobberi, les adultes sont néanmoins responsables du bien-être du groupe.

 

Un programme soutenu par la recherche empirique au Danemark et en France

Les recherches menées au Danemark sur ces quinze dernières années autour de l’utilisation du programme ont notamment montré des corrélations positives significatives entre l’utilisation de la méthode et la capacité des enfants à gérer leurs conflits par eux-mêmes, leur esprit d’équipe ou encore, leur capacité à faire preuve d’empathie. De plus, 70% des professionnels trouvent que les enfants sont plus bienveillants les uns envers les autres après avoir commencé à travailler avec le programme.

En France, un partenariat a été conclu avec l’Université Paris 8 pour permettre, sous la direction du maître de conférences et psychologue Thomas Villemonteix, d’évaluer la mise en œuvre du programme. Après avoir mené un premier focus group qui a eu lieu avant les premières formations, son équipe en réalisera un deuxième en juin 2023 afin de revenir sur cette première expérience pour réadapter le programme pour l’année suivante.

Le projet doit ensuite se décliner plus largement dans les établissements scolaires. Par ailleurs, la Ligue de l’enseignement espère inclure plusieurs crèches dans le programme pour l’année 2023-2024. Elle réfléchit aussi à mettre en place des formations complémentaires et à inclure plus en avant les parents.